Dans une note d’information, datée du 23 janvier Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun rappelle aux clients moyenne tension (MT), c’est-à-dire les « clients industriels », que la hausse sera de 5% pour les tranches de consommation comprises entre 0 et 3 MW et de 10% pour celles comprises entre 3 et 10MW.
Il s’agit en fait de l’application de la décision de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) du 12 décembre 2022. Laquelle décision de l’Arsel fixe les tarifs de vente hors taxe d’électricité des clients moyenne tension et les seuils minima de négociation des tarifs pour les clients dits « grands comptes » applicables pour la période 2023-2026.
Selon cette décision, les tarifs d’électricité pour les clients moyenne tension, fixés et appliqués depuis le 1er janvier 2023, vont augmenter jusqu’en 2026 au rythme de 5% par an pour les consommations comprises entre 0 et 3 MW et de 10% pour celles comprises entre 3 et 10 MW. Il s’agit d’à peu près 2000 clients sur les plus de 2 millions que compte Eneo, soit près 0,1% de son portefeuille global.
La Côte d’Ivoire aussi…
Dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest, la hausse des prix de l’électricité dès le 1er janvier est généralisée. Ce, pour garantir l’équilibre financier du secteur. Ainsi, le tarif de l’électricité en Côte d’Ivoire a connu une hausse de 10% le 1er janvier 2024 pour tous les types d’abonnement, a annoncé mardi 26 décembre 2023 à Abidjan, le ministre ivoirien en charge de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly.
Sur proposition de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l’électricité et après analyse de la Commission consultative sur les tarifs, le gouvernement a décidé d’un ajustement du prix de l’électricité de 10%,
a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse. Cet « ajustement » s’applique à l’ensemble des abonnés à l’électricité à compter du 1er janvier 2024, a ajouté M. Coulibaly. L’augmentation fera passer le prix moyen de vente de 0,13 USD (79 francs CFA/Kwh) à 0,14 USD (87 francs CFA/Kwh). A en croire le ministre, le secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire connaît un « déséquilibre financier » accentué par les effets de la pandémie de COVID-19 et de la tension entre l’Ukraine et la Russie.
La Côte d’Ivoire fournit de l’électricité à plusieurs pays ouest africains, notamment le Ghana, le Mali, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Il faut relever déjà qu’en 2023, d’autres pays africains comme le Sénégal et l’Afrique du Sud, pour ne citer que ceux-là, ont revu à la hausse le coût de l’électricité dans leurs pays respectifs.
Une menace réelle pour la productivité des entreprises
Au Cameroun par exemple, déjà à l’annonce de la décision de porter à la hausse les prix de l’énergie électrique à partir du 1er janvier 2023, les aciéries sont montées au créneau. Dans une correspondance adressée, le 6 janvier 2023 au directeur général de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), relayée par Invest Time, Le 3 avril 2023, dans un article titré, « Afrique : comment la hausse moyenne de 20% des tarifs de l’électricité impacte les investissements », l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acier (Ocita) avait sollicité le retrait pur et simple de la décision prise, le 12 décembre 2022.
Décision qui consacrait, selon la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco), une augmentation de 30% du tarif d’électricité applicable aux clients de la catégorie dite « grands comptes ».
Cette hausse, si elle perdure : devrait induire une augmentation du coût de production de l’ordre de 23,01 USD (14 000 FCFA/tonne) de fer à béton ; contraindre à une augmentation du prix final au consommateur que l’État ne souhaite pas ; menacer la stabilité de plus de 1 000 emplois dans la filière (soit environ 20% des emplois globaux) ; compromettre les capacités de production des industriels et rendre ainsi difficile l’approvisionnement régulier et suffisant du marché ; compromettre la stratégie gouvernementale de développement industriel, de promotion de l’import-substitution dans un contexte de déséquilibre de la balance commerciale et d’ouverture des marchés à l’export (Zlecaf) ; contredire les orientations gouvernementales visant la promotion d’un secteur privé compétitif ; et aggraver les difficultés structurelles d’une filière quasiment en survie depuis une bonne période,
pouvait-on lire dans la correspondance de l’Ocita.