Face à l’inflation à la consommation, la Banque Centrale du Ghana (BoG) n’a eu d’autre choix, au cours de ces dernières années, que de relever le taux d’intérêt pour atténuer ce phénomène de hausse généralisée des prix. Ce taux d’intérêt se situe à 29% en 2024 et est de loin le plus élevé dans toute l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale réunies.
Depuis 2002, où le taux d’intérêt se situait à 25,50, l’indicateur du pays n’avait jamais atteint le pic des 30%. Il en est sorti depuis juillet 2023. C’est donc une baisse comparativement aux 29,5% enregistrés jusqu’à fin décembre 2023 dans ce pays ouest africain où la vie coûte très chere. La réduction du taux d’intérêt directeur de 100 points de base a été décidée par le Comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Ghana (BoG), réuni le 29 janvier dernier à Accra, la capitale de l’ex-Gold Coast.
Mais, même avec cette légère baisse opérée, le Ghana conserve sa deuxième place au classement des pays africains affichant des taux directeurs et d’inflation toujours très élevés, derrière le Zimbabwe, qui trône au sommet dudit classement, avec un taux d’intérêt de 150% en avril 2023, largement en baisse. Jusqu’au second semestre 2022, le taux d’intérêt au Zimbabwe était maintenu à 200%, faisant de cette République située en Afrique australe, le pays où l’accès au prêt d’argent demeure une gageure.
Une légère baisse de l’inflation au Ghana
Le Comité met cette légère embellie au crédit de la baisse de l’inflation dans ce pays de la côte ouest africaine. De 2002 à 2023, le taux d’intérêt a évolué en dents de scie, se situant cependant largement au-dessus de 15%, avec des pics de 25,50% enregistrés au 21 novembre 2002 ; 27,50 au 21 mars 2003 ; 25,50 en novembre 2015 et à la période équivalente en 2016. L’inflation, quant à elle, a connu une baisse, passant de 53,6% en janvier 2023 à 52,8% en février de la même année. Ce taux de 53,6 battait le record depuis plus de deux ans.
Dans une approche d’analyse macroéconomique, le Comité évoque, non sans en prendre note, une « reprise émergente », favorisée par la désinflation. Toutefois, estime le Comité, le Ghana devrait nécessairement maintenir une « politique ferme pour consolider les acquis en matière de désinflation ».
La baisse de l’inflation est due à la baisse des prix alimentaires et non alimentaires. L’inflation alimentaire a fortement ralenti à 28,7% en décembre 2023 contre 59,7% en décembre 2022, tandis que l’inflation non alimentaire est également tombée à 18,7% contre 49,9% au cours de la même période comparative,
indique l’organisme public. Par ailleurs, le Ghana a enregistré une hausse de 2% de son PIB réel, tirée par les secteurs des services et de l’agriculture au cours du troisième trimestre 2023, selon le service des statistiques du pays.
Au 5 décembre 2023, le taux d’intérêt en Côte d’Ivoire, un des piliers de la Communauté des économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), était de 4,15% contre seulement 0,5% en décembre 2021. Le taux d’intérêt appliqué aux grandes entreprises était de 5,32% tandis que celui servi aux petites et moyennes entreprises (PME) s’élevait à 6,23%. Au Sénégal, il variait entre 6,9% HT et 12 HT selon la durée du crédit.
Des taux d’inflation record
Comme le Ghana, le Zimbabwe a connu une baisse de l’inflation, spectaculaire celle-là, mais toujours largement en hausse. Le taux est passée de 229,8% à 92,3% selon le journal Trading Economics.
Les autres pays de la Cedeao qui ont également souffert de la flambée inflationniste, suivie de taux d’intérêt très élevés, sont la Sierra Leone (18,75%), le Nigeria (18%) et le Libéria (15%), respectivement 4ème, 6ème et 10ème dans un classement de dix pays les plus frappés par l’inflation et l’envolée de taux d’intérêt. L’on retrouve dans ce classement le Soudan (27,3%), 3ème après le Zimbabwe et le Ghana, l’Égypte (18,25%), 5ème. Le Malawi, le Mozambique et l’Angola sont respectivement 7ème, 8ème et 9ème.
La situation libérienne s’explique, selon Ventures Africa, par le manque d’infrastructures, le conflit latent et les niveaux élevés de pauvreté et de chômage. Une conjoncture qui met le pays de George Weah face à des défis titanesques à relever. Ventures Africa estime que la banque centrale du Libéria n’utilise pas le taux d’intérêt comme outil de politique monétaire.
Au Cap-Vert, les prêts octroyés au taux d’intérêt symbolique de 0,25%
A contrario, d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, à l’instar du Bénin, pratiquent des taux d’intérêt trop bas. Le pays de Patrice Talon octroie les prêts au taux de 4,75%. Au Cap-Vert, l’on emprunte pour si peu, au taux vraiment symbolique de 0,25%. Ces deux Etats de l’Afrique de l’Ouest sont classés parmi les pays au taux d’intérêt très attractif, aux côtés des Seychelles (2%), du Botswana (2,65%), de l’Algérie et de la Libye, deux pays de l’Afrique du Nord qui affichent chacun un taux d’intérêt de 3%.
Globalement en Afrique de l’Ouest, le taux d’inflation moyen est demeuré à un niveau élevé, variant de 6,0% en janvier 2023 à près de 7,0% en décembre de la même année. A l’issue de sa réunion tenue le 1er mars 2023, le Comité de politique monétaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé de relever de 25 points de base le principal taux directeur auquel ladite Banque centrale prête ses ressources aux banques. Ce taux a été porté à 3,00%, à compter du 16 mars 2023. De même, le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal est passé de 4,75% à 5,00%.
La baisse observée a été notamment soutenue par les bons résultats de la campagne agricole 2022/2023 ainsi que par les mesures de politique monétaire prises par la Banque centrale et les efforts des Etats pour lutter contre la vie chère. Toutefois, le taux d’inflation est ressorti supérieur à 7,0% en janvier 2023 dans plusieurs pays de l’Union. En outre, l’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, s’est également maintenue à un niveau élevé de 4,7% en janvier 2023 après 4,8% en décembre 2022,
observe le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO, dans le communiqué sanctionnant sa réunion du 1er mars 2023, tout en précisant que cet organisme prendra, si nécessaire, des mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire. Le taux d’intérêt légal dans cet espace économique était de 4,0 au titre de l’année 2022. Il a été fixé soit par arrêté soit par décret signés par chaque Etat de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), en janvier 2022, pour certains, et en mars pour d’autres.