La grande curiosité de ce 7ème sommet des chefs d’État et de Gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), est la présence remarquable des Emirats arabes unis. Non seulement ce pays était l’hôte du dernier sommet de la Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, mais en plus, il se situait en première ligne des négociations en vue d’une sortie définitive des énergies polluantes encore appelées énergies fossiles.
Ce pays du golfe arabique a pris part au sommet d’Alger, aux côtés de la dizaine d’autres grands producteurs et exportateurs mondiaux que sont : l’Algérie, la Russie, l’Iran, la Bolivie, l’Egypte, la Guinée Équatoriale, la Libye, le Nigeria, Trinité-et-Tobago, le Venezuela et les Emirats arabes unis.
Déclaration d’Alger
Les pays exportateurs ont signé une déclaration dite d’Alger, qui rejette
les entraves à l’investissement dans des projets gaziers au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous exprimons notre rejet de toute utilisation du changement climatique comme excuse pour mettre en oeuvre des mesures qui entravent les investissements dans les projets de gaz naturel et pour introduire des discriminations arbitraires ou des restrictions déguisées qui contreviennent directement aux règles du commerce international,
ont déclaré les pays exportateurs de gaz, membre du Forum. La Mauritanie, le Sénégal et le Mozambique ont été admis à ce Forum en qualité de membres observateurs.
Fluctuations et volatilité de la demande et des prix
La déclaration d’Alger souligne
le rôle essentiel du gaz naturel pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations-Unies,
ainsi que
l’urgence d’assurer la sécurité de la demande et de l’approvisionnement et de mettre en place une coopération internationale ouverte et transparente pour protéger les installations de gaz naturel sensibles.
Cette dernière recommandation est faite dans un contexte caractérisé par des « fluctuations fréquentes de la demande de gaz naturel »
Le prix peut chuter de 50% en l’espace de deux semaines. C’est lié aux facteurs climatiques et, en plus, la spéculation. C’est la raison pour laquelle ce n’est pas facile d’analyser un marché gazier par rapport au marché pétrolier,
constate pour sa part, un expert énergies, interviewé par RFI. Il recommande de ne pas « miser des sommes colossales sur une matière première dont le prix est extrêmement volatile ». Pour répondre à ce facteurs contraignants, les pays exportateurs ont exprimé leur détermination « à travailler avec toutes les parties prenantes pour parvenir à des marchés du gaz naturel équilibrés et fiables ». Par ailleurs, ils ont plaidé en faveur
d’une tarification du gaz naturel basée sur l’indice du pétrole et des produits pétroliers pour stabiliser les investissements dans le développement des ressources en gaz naturel.
Dans cette même perspective, un soutien sera apporté à tous les pays membres ayant des contrats de gaz naturel à long terme.
Sanctions contre la Russie
Si les pays producteurs et exportateurs estiment que le gaz n’est pas en contradiction avec les exigences climatiques, leur volonté de poursuivre les investissements dans les projets gaziers, vient mettre un bémol aux bonnes intentions affichées à l’issue de la dernière Conférence des parties signataires de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques.
Les assises de la 28ème édition de la COP s’étaient tenues à Dubaï, du 29 novembre au 12 décembre 2023. L’une des recommandations fortes, qualifiées d’historique par les parties à la COP, était l’abandon des énergies fossiles, notamment le pétrole, le gaz et le charbon.
Tout juste deux mois après la conclusion de ces accords marquant une avancée dans les négociations sur le changement climatique, les pays producteurs de gaz craignent que ces dispositions ne constituent une entrave aux investissements dans des projets gaziers. Et, cerise sur le gâteau, ils ont même condamné les sanctions adoptées par le monde occidental à l’encontre de la Russie, relativement aux exportations gazières de ce pays.
Nous condamnons toutes les restrictions économiques unilatérales prises sans l’approbation préalable du Conseil de sécurité des Nations Unies et toute application extraterritoriale des lois et règlementations nationales à l’encontre des États membres du GECF qui affectent négativement le développement et le commerce du gaz naturel et menacent la sécurité de l’approvisionnement en cette énergie,
ont dénoncé les pays exportateurs, sans évoquer le nom de la Russie. Ils ont insisté aussi sur les
droits souverains absolus et permanents des États membres sur leurs ressources en gaz naturel.