D’une manière globale, en ce qui concerne les perspectives macroéconomiques de la Cémac pour 2024 et 2025, la résorption des déséquilibres macroéconomiques se poursuivrait en dépit d’une inflation qui demeurerait au-dessus du seuil communautaire de 3%.
C’est pourquoi le collège de surveillance multilatérale de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) invite les États membres (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) à renforcer les mesures visant à diversifier les bases productives en vue d’une croissance forte et finaliser les réformes structurelles en vue de rétablir les équilibres macroéconomiques. Les perspectives macroéconomiques pour 2025 dans un contexte international volatile font aussi recommander d’intensifier la mise en œuvre des politiques d’import-substitution, et le renforcement de la capacité des pays de la sous-région à tirer profit de tous les instruments offerts par l’intégration régionale.
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Le collège de surveillance multilatérale de la Cémac réunit en sa 41eme session ordinaire les 1er et 2 avril 2024 à Douala au Cameroun relève dans son analyse un état de conformité aux critères de convergence pour le moins préoccupant.
Quid des critères de convergence ?
Aucun des six États membres de la Cémac n’a en effet respecté l’ensemble des quatre critères de convergence pour les années 2023 et 2022. En 2022, le Congo a observé deux critères de convergence sur quatre à savoir ceux relatifs aux soldes budgétaires de référence et à l’inflation. Le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad ont respecté juste un seul critère de convergence, le critère de l’endettement.
En 2023, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale ont respecté deux critères ceux relatifs à l’endettement et à l’inflation. Le Cameroun, le Congo et le Tchad n’ont respecté qu’un seul critère de convergence, celui relatif à l’endettement pour le Cameroun et le Tchad et le critère relatif au solde budgétaire de référence pour le Congo. Le Gabon n’a tout simplement respecté aucun critère de convergence.
Faut-il le rappeler, l’ensemble des quatre critères de convergence de la Cémac intègre le solde budgétaire de référence qui doit être supérieur à -1,5% du Produit intérieur brut (PIB) ; le taux d’inflation annuel moyen inférieur à 3% ; le ratio stock d’endettement public (dette publique intérieure et extérieure) sur le PIB qui doit être inférieur ou égal à 70% et l’absence d’arriérés intérieurs et extérieurs sur la gestion courante.
Bonne tenue du secteur non pétrolier
Le collège de surveillance multilatérale de la Cémac, présentant le rapport définitif de surveillance multilatérale 2022, provisoire 2023 et perspectives 2024-2025 a relevé que la croissance économique de la sous-région a poursuivi en 2022 son redressement amorcé en 2021, portée par la bonne tenue du secteur non pétrolier compensant un nouveau repli du secteur pétrolier. Le taux de croissance réel est passé de 1,4% en 2021 à 2,9% en 2022. Même si l’activité économique a connu un ralentissement en 2023 avec une croissance revenue à 2,1% en lien avec une contraction plus prononcée du secteur pétrolier comparée à 2022.
L’évolution du niveau général des prix à la consommation ressort que l’inflation est répartie fortement à la hausse pour s’établir à 5,5% en 2022 et 5,6% en 2023 contre 1,6% en 2021. En cause, le conflit entre l’Ukraine et la Russie et les perturbations dans la chaîne logistique suite à la pandémie de COVID-19. On apprend que tous les États membres de la Cémac ont enregistré des taux d’inflation au-delà du seuil communautaire de 3% excepté le Congo. En 2023, les pressions inflationnistes se sont atténuées sauf au Cameroun et au Congo.
Concernant la situation monétaire, le taux de couverture extérieur de la monnaie a poursuivi en 2022 et 2023 son redressement enclenché depuis 2017 pour s’établir à 73,1% en 2022 et 74,8% en 2023 contre 64% en 2021. Les réserves de change en termes de couverture des importations de biens et services et service de la dette extérieure se sont accrues en 2022 pour atteindre 4,5 mois avant de se replier à 4,1 mois en 2023, contre 3,7 mois à fin décembre 2021.