En 2008, l’Agence française de développement (AFD) a scellé avec l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), un partenariat qui avait pour but d’accompagner le projet d’appui à la mise en place des indications géographiques. Six ans plus tard, en 2014, les premiers résultats étaient déjà tangibles. Le poivre de Penja, un produit cultivé dans la zone du Moungo, dans la région côtière camerounaise, le miel blanc d’Oku, un produit de la même origine, et le café diamant guinéen obtenaient leur label, devenant dès lors les trois premières indications géographiques en Afrique au sud du Sahara. Ces trois produits ont bénéficié du premier financement octroyé par l’Agence française de développement d’un montant d’un million d’euros, qui a permis à l’OAPI de conclure le projet pilote ayant abouti, en 2014, à leur enregistrement.
Fort de ce résultat, un deuxième financement d’un montant de 3,2 millions d’euros a été octroyé en avril 2016 qui a permis l’accompagnement de nouvelles indications géographiques,
a indiqué le représentant de l’AFD, mercredi à Douala, à l’ouverture du colloque international qui regroupe des experts des indications géographiques venus d’Afrique et d’Europe. Parmi les produits qui ont pu émerger grâce à ce second appui financier de l’AFD, l’on peut citer le pagne de Baoualé, l’attiékié de Lagune en Côte d’Ivoire, l’ananas pain sucre au Bénin, ou encore le cacao rouge au Cameroun. Cette deuxième phase qui prendra fin en décembre prochain, a affiché des résultats tout aussi satisfaisants, s’est réjoui le représentant de l’AFD.
Des autres interventions, il ressort que l’indication géographique désigne « tout produit naturel, agricole, artisanal ou industriel propre à un terroir et dont la qualité, les caractères essentiels ou la réputation sont liés à un lieu d’origine ». En d’autres termes, les activités autour de l’indication géographique protégée (IGP) ne sont pas délocalisables, tant ils sont spécifiques.
Déjà une dizaine d’indications géographiques en Afrique
A ce jour, la région Afrique compte déjà une dizaine d’indications géographiques, a-t-on appris. Selon Valentin Vallin, représentant de l’Union européenne (UE) à ce colloque, parce que ces produits sont de très bonne qualité et bénéficient d’une valorisation et d’une large promotion, ils se vendent deux fois plus cher. C’est dire que ces produits concourent au développement. Il y a quatre ans, un site d’informations économiques relevait par qu’après la finalisation de son processus de labellisation, le prix du kilogramme du poivre de Penja, par exemple, était passé de 4,06 USD (2500F CFA) à 22,77 USD (14 000 CFA), à la grande satisfaction des acteurs de la filière.
Le directeur général de l’OAPI, Denis Bohoussou, a évoqué les réformes impulsées au sein de son institution, au lendemain de la déclaration des ministres de l’Industrie africains sur les indications géographiques, pour une meilleure promotion de l’industrie sur le continent. A l’instar du quatrième objectif du Plan stratégique 2022-2027, qui met un accent sur le « renforcement de la gouvernance ».
Le colloque international sur le développement des Indications géographiques en Afrique (Ciig) de Douala a pour thème « les indications géographiques en Afrique : état des lieux, perspectives et développement ». Il vise selon le ministre camerounais de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique, Fuh Calistus Gentry, à promouvoir les IGP sur le continent, mais surtout à « accroître l’accès aux marchés des produits spécifiques sur l’IG et à soutenir leur développement ».
En effet, l’environnement international se caractérise entre autres par la nécessité de conquérir des marchés pour soutenir son développement économique face à une concurrence rude pour les produits de conformité parfois mieux structurés. Dans ce contexte, il incombe aux Etats africains de mettre en œuvre un mécanisme adapté et adéquat leur permettant de bénéficier des bienfaits de la propriété intellectuelle pour mettre en valeur leurs produits du terroir de bonne qualité,
a déclaré le membre du gouvernement camerounais.