Une possibilité s’offre à l’Afrique subsaharienne de développer des marchés dans le secteur des minerais critiques (ressources essentielles à la construction des infrastructures de la transition énergétique et numérique : panneaux solaires, éoliennes véhicules électriques, écrans tactiles, stockages de données, connexion des systèmes entre eux) et de leur transformation et, ce faisant, de tirer le maximum d’un boom imminent. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande de cuivre devra être multipliée par 1,5, celle du nickel et du cobalt par deux et celle du lithium par six d’ici 2030. Les estimations indiquent que l’Afrique subsaharienne possède environ 30 % des réserves prouvées de minerais critiques, selon les Perspectives économiques régionales publiées par le Fonds monétaire international, en avril 2024.
Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne est au cœur de la production mondiale de « minerais critiques ». La République démocratique du Congo, génère environ 70 % de la production mondiale de cobalt et possède la moitié des réserves prouvées. L’Afrique du Sud, le Gabon et le Ghana quant à eux, génèrent collectivement plus de 60 % de la production mondiale de manganèse. Le Zimbabwe, ainsi que le Mali et la République démocratique du Congo, possèdent des gisements de lithium, même s’ils sont encore inexplorés. D’autres pays comme l’Afrique du Sud, la Guinée, le Mozambique et la Zambie possèdent des réserves de minerais critiques considérables.
D’après les informations publiées par le FMI, les produits générés par ces minerais critiques augmenteront considérablement au cours des 20 prochaines années. Selon les estimations, les recettes mondiales qui seront tirées de l’extraction du cuivre, du nickel, du cobalt et du lithium au cours des 25 prochaines années sont de 16 000 milliards de dollars US. L’Afrique subsaharienne devrait récolter plus de 10 % de ces recettes, soit une augmentation possible de 12 % de son PIB d’ici 2050.
Le potentiel inexploité de l’Afrique
Avec 30% des réserves mondiales de minerais critiques, l’Afrique subsaharienne occupe une position dominante. Cette position privilégiée de la région est observée sur quatre minerais considérés comme critiques par plusieurs listes : le cobalt, le manganèse, le chrome et le platine. Elle est également très présente sur cinq autres : la bauxite, le graphite, le cuivre, le nickel et le zinc. D’après les informations recueillies auprès de nos confrères de The Conversation, différentes listes de ces minerais ont été établies par les pays consommateurs. Chacune étant basée sur des hypothèses concernant la demande à venir, les utilisations futures et leur disponibilité. Elles reflètent ainsi le caractère stratégique du minerai pour ces pays.
Les pays africains peuvent donc tirer profit des avantages mis en place par la Zone de libre échange continentale (Zlecaf) pour booster leurs économies, grâce aux minerais critiques. Ils entendent utiliser les avantages de la nouvelle dynamique en matière de liberté d’échange et d’intégration régionale. Cette politique nouvelle est au centre de l’agenda du Centre pour le développement des ressources minérales en Afrique, parrainé par l’Union africaine (UA). C’est dire que la problématique de l’exploitation des ressources minières est au cœur des politiques de développement du continent.
Exploitation équitable et optimale des ressources minières en vue d’une large croissance durable et d’un développement socio-économique,
peut-on lire dans le document intitulé « Vision du régime minier de l’Afrique », publié par l’Union africaine en février 2009.
Relever le défi de la transformation
L’Afrique gagnerait à transformer ses matières premières plutôt que de les exporter après extraction. La bauxite à l’état brut par exemple est vendue à 65 dollars US la tonne. Cependant, elle se vend à 2 335 dollars US après sa transformation en aluminium, selon les prix en vigueur à la fin de 2023.
Si l’on en juge par les milliers de camions qui acheminent quotidiennement le lithium non transformé du Zimbabwe vers les ports locaux d’où il est transporté en Chine, les options locales de transformation des minerais critiques sont trop souvent limitées,
apprend-on du FMI. Cet état de fait devrait être au cœur des préoccupations des investisseurs africains. La transformation locale des matières premières est donc une urgence pour le continent et un levier de développement incontournable. Aussi, la transformation minière en Afrique favoriserait la création d’emplois et pourrait favoriser l’augmentation des recettes fiscales, appuyant ainsi le développement durable.
En diversifiant leur économie et en s’élevant dans la chaîne de valeur, ces pays seront moins exposés à la volatilité des prix des produits de base et mieux outillés pour se prémunir contre la volatilité des taux de change et les pressions sur leurs réserves de change,
peut-on lire sur le site du FMI. La même source révèle que l’investissement direct étranger peut aider à générer les capitaux et les compétences nécessaires au développement de secteurs de transformation des minerais. Toutefois, en l’absence d’un marché conséquent, l’attrait de l’investissement dans la transformation locale restera limité. Les responsables politiques doivent multiplier les politiques favorables à l’investissement pour ne pas manquer le coche de l’émergence porté par le secteur minier du continent.