En cette période au Cameroun, la pastèque se hisse au rang de vedette fruitière, séduisant les consommateurs avec son caractère juteux et gourmand. Il n’est que 9 h du matin, et Zigfried Fona est occupé à arroser les pastèques avec un arrosoir dans son potager d’une acre (un tiers d’hectare). Il tente de garder le sol humide pour s’assurer que ses cultures poussent bien.
Il vous faut avoir un sol de très bonne qualité si vous voulez que les pastèques poussent bien. Donc, si le sol est sec, il faut prévoir l’arrosage,
explique-t-il. Zigfried vit à Batchenga, un village du département de la Lekié, au centre du Cameroun.
Il a appris à cultiver la pastèque avec son père. Selon ses dires, pour tirer profit des pastèques, le producteur ou la productrice doit adopter de bonnes pratiques agricoles. Il ajoute que si le sol est fertile, une semaine suffit aux semis pour germer. Il précise que le sarclage doit commencer trois semaines après la germination. Lorsqu’on les entretient bien, les plantes commencent à produire des fruits un mois après la germination.
Les prix de ses pastèques, vendues dans les marchés Mfoundi, Mokolo et huitième à Yaoundé, varient entre 0,82$ US (500 FCFA) et 4,95$ US (3000 FCFA) et lui procurent des gains de près de 824$ US par an. Il a commencé à cultiver la pastèque en 2015, et soutient que l’augmentation de son revenu fait de lui un homme heureux. Selon Zigfried, même si la production de la pastèque est une activité rentable, ce n’est pas une entreprise de tout repos. Outre la nécessité d’avoir une quantité suffisante d’eau et une bonne terre, les producteurs et les productrices doivent également pulvériser régulièrement des pesticides pour tuer les organismes nuisibles tels que les mouches mineuses des feuilles et les altises.
Une culture qui intéresse plusieurs pays
Avec ses 2,2 millions de tonnes, l’Algérie se classe au premier rang des producteurs de pastèques sur l’ensemble du continent africain et dans le monde arabe, selon le classement établi par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la FAO. Ce volume de production de pastèques fait également de l’Algérie le cinquième producteur mondial, après la Chine (58,96 millions de tonnes), la Turquie (3,87 millions de tonnes), l’Inde (2,49 millions de tonnes) et le Brésil (2,27 millions de tonnes).
Les récentes tendances du marché des pastèques ont révélé des changements significatifs en 2023, avec une chute marquée des importations espagnoles en provenance du Maroc, compensée par une croissance notable des achats en provenance du Sénégal et de la Mauritanie. Traditionnellement, le principal fournisseur de pastèques en Espagne, le Maroc a été confronté à une baisse significative de ses exportations, affichant une diminution de 23,8 %. Bien que le prix moyen d’achat soit resté relativement stable, la valeur des importations en provenance du Maroc a chuté, passant de 88,40 millions USD (81,55 millions d’euros) à 56,78 millions USD (52,38 millions d’euros).
En contraste, les importations de pastèques en provenance du Sénégal ont augmenté de 21,3%, tandis que celles en provenance de Mauritanie ont connu une croissance spectaculaire de 372,4 %. Ces données illustrent clairement les évolutions dynamiques du marché des pastèques, avec des fournisseurs traditionnels comme le Maroc qui voient leur position affaiblie face à l’émergence de concurrents tels que le Sénégal et la Mauritanie. Cette transformation du marché pourrait être attribuée à divers facteurs, notamment des changements climatiques affectant la production, des évolutions dans les pratiques commerciales et une demande croissante pour des produits diversifiés et de qualité.
Une opportunité lucrative pour les agriculteurs locaux
La demande de pastèques est en constante augmentation en Afrique. Les consommateurs recherchent de plus en plus des aliments sains et rafraîchissants. Ce qui a créé un marché en plein essor pour les pastèques. Les agriculteurs ont ainsi la possibilité de répondre à cette demande croissante et de profiter pleinement de cette opportunité. La culture des pastèques présente de nombreux avantages agronomiques. Tout d’abord, les pastèques sont adaptées aux conditions climatiques de l’Afrique. Cela les rend relativement faciles à cultiver dans la plupart des régions du continent. De plus, elles sont résistantes aux maladies et aux ravageurs.
La pastèque est très riche en eau et est naturellement faible en matière grasse. Incorporée dans notre alimentation quotidienne, elle nous fait bénéficier de plusieurs bienfaits qui vont de l’amélioration de notre santé cardiovasculaire à l’apport de nutriments pour nos yeux et le renforcement de notre système immunitaire. Transformer la pastèque en vin, c’est faisable. Le Camerounais Bibi Martial Arnaud, Ingénieur agronome et spécialiste en agroalimentaire, a su créer la valeur ajoutée de ce fruit. Il a mis sur pied une production locale portant son nom. Il s’agit du vin blanc “made in Cameroon” « BiBi ».
L’Afrique a besoin d’industries agroalimentaires. Il faut stimuler la croissance dans les secteurs et zones dans lesquels les populations pauvres vivent et travaillent. L’agriculture emploie encore 60 à 70% de la population active mais ne représente que 20% de la valeur ajoutée totale. La productivité du secteur agricole reste largement insuffisante malgré l’engagement résolu des pays africains à changer la donne. Il est donc essentiel de soutenir les petits exploitants en leur donnant accès à des technologies modernes, des services financiers adaptés et un meilleur accès aux marchés. Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire devrait représenter près de 1000 milliards de dollars d’ici 2030, un fait que le continent doit exploiter.