L’industrie aurifère ghanéenne vient de franchir un nouveau cap. La première raffinerie d’or du pays a été inaugurée le 8 août dernier. La “Royal Ghana Gold Refinery” dispose d’une capacité de raffinage de 400 kilogrammes d’or par jour, soit une production annuelle de 120 tonnes. Une capacité suffisante pour traiter l’intégralité de la production d’or du Ghana, qui s’élève à environ quatre millions d’onces par an. Située à Accra, cette installation permettra de transformer l’or localement. La transformation autrefois impossible, causait des pertes énormes au pays. Entre 2018 et 2023, le Ghana a exporté l’essentiel de sa production annuelle (3,9 millions d’onces) à l’état brut, selon Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana.
Cette initiative offre un marché structuré aux mineurs artisanaux et à petite échelle, la raffinerie contribue à régulariser le secteur aurifère. D’après Ernest Addison, gouverneur de la Banque du Ghana, la raffinerie pourra à terme, contribuer à la lutte contre la contrebande d’or qui menace la stabilité du secteur dans le pays. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large à l’échelle africaine visant à ajouter de la valeur aux ressources naturelles avant exportation, pour en tirer de plus grands bénéfices économiques.
Un tournant pour l’économie ghanéenne
Pour Amoatia Ofori Panini, chef traditionnel de la tribu Akyem, l’inauguration de cette raffinerie symbolise un tournant pour le Ghana, qui commence enfin à exploiter pleinement ses ressources naturelles. La raffinerie, capable de produire de l’or d’une pureté de 99,99 % (24 carats), emploiera directement entre 80 et 120 personnes et créera environ 500 emplois indirects. Le gouvernement ghanéen ambitionne de faire certifier la Royal Ghana Gold Refinery par la prestigieuse London Bullion Market Association. Elle rejoint ainsi la Rand Refinery en Afrique du Sud, la seule autre raffinerie du continent à bénéficier de cette certification. Cette reconnaissance garantirait non seulement la qualité de l’or raffiné, mais aussi son origine éthique, dépourvue de conflits et de violations des droits de l’homme.
La nouvelle raffinerie est détenue majoritairement par Rosy Royal Minerals Ltd., une société indienne, qui possède 80% des parts. Les 20% restants appartiennent à la Banque du Ghana. Ce projet vient compléter les efforts déjà entrepris pour formaliser le secteur minier artisanal et à petite échelle du pays. En 2022, le secteur minier représentait environ 12% du PIB du Ghana, et en 2023, l’or a constitué près de 40% des recettes d’exportation, contribuant à hauteur de 10% au PIB national. Un impact économique prépondérant, selon les autorités ghanéennes. La nouvelle raffinerie est cruciale pour maîtriser la chaîne de valeur de l’or, dont l’impact sur l’économie nationale est significatif. Elle représente un gage de développement pour le pays, lui permettant de mieux exploiter et valoriser ses ressources naturelles.