Le Gabon a fait un pas en avant dans le projet de la Baie des rois avec le début de la construction d’une tour de 50 étages. Ce projet s’inscrit dans la vison du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, de doter le Gabon d’infrastructures de pointe.
a-t-il déclaré lors de la tournée républicaine du président de la Transition au mois de juillet à la place de l’indépendance de la ville Tchibanga. Cette nouvelle tour, qui prétend devenir un symbole architectural fort, est le reflet de l’ambition du Comité pour la transition et la restauration des institutions (Ctri) de hisser le pays au rang des grandes capitales africaines.
Un modèle de ville durable africaine
Ce projet piloté par la Façade maritime champ triomphal (FMCT) depuis 2016, filiale du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), est appelé à devenir un quartier durable et attractif qui redynamisera le front de mer de la capitale gabonaise. Il a été lancé en 1997 par l’ancien président Omar Bongo Ondimba. Il connaitra un coup d’accélérateur comme l’un des projets majeurs du Schéma national des infrastructures de 2011. Aujourd’hui, la réalisation complète de celui-ci est l’un des objectifs du Ctri piloté par Brice Clotaire Oligui Nguema.
Ce projet vise à répondre aux défis rencontrés par les grandes villes africaines, notamment une urbanisation croissante et les impacts du réchauffement climatique déjà visible dans les villes côtières,
informe Emmanuel Edane, chargé du développement de ce projet. La Baie des rois s’étend sur une superficie de 40 hectares environ, dont 30 sur la mer. Divisé en trois zones (nord, centre et sud), la plateforme est déjà opérationnelle sur les deux premières. Ce « nouveau quartier » à l’intérieur de Libreville vise à créer un centre d’affaires et de loisirs aux normes environnementales.
La Baie des Rois répond à au moins 12 des 17 objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations unies, témoignant ainsi de notre engagement envers la durabilité et le bien-être environnemental,
soutient Emmanuel Edane. Plus de 300 arbres ont déjà été plantés sur les 2000 envisagés, afin de favoriser le mariage entre l’urbanisme et le capital naturel gabonais. À terme, seront aménagés des commerces, des espaces résidentiels, des bureaux, un mall et des hôtels, sans oublier un centre de conférence capable de donner un coup de fouet au tourisme des affaires. Libreville suivrait en cela les traces de Kigali, la capitale rwandaise.
La Baie des rois a reçu le statut de Zone d’investissement spéciale (ZIS). L’annonce a été faite au cours du conseil des ministres le 24 mai 2023. Cela lui permet de bénéficier de mesures incitatives susceptibles d’accroitre son attractivité et de séduire des investisseurs. Cette zone est particulièrement propice au développement des activités liées au tourisme, au développement et à la réalisation des activités commerciales, aux prestations de services en rapport avec les activités exercées dans la ZIS, au développement de projets d’aménagement urbains et aux activités de services spécialisés.
Modèle financier porté vers l’investissement privé
L’ouverture de la promenade nord en août 2022, suivie de celle du centre l’année suivante, matérialise ce rêve : voir des visiteurs affluer pour des manifestations sportives, culturelles etc. A ce jour plus de 500 ouvriers exercent sur les zones nord et centre. Ceci dans le cadre des travaux de bâtiments, maritimes, et de viabilisation. En début août 2023 par exemple, Kasada Capital Management, filiale du spécialiste de l’investissement hôtelier Kasada, en partenariat avec Accor, concluait un accord avec le FGIS pour une série de projets hôteliers, dont le plus emblématique est la construction d’un complexe de 250 chambres dans la zone Nord du site.
Notons qu’avec une contribution de 3% au PIB national et 20 000 emplois créés en 2021, le tourisme est un véritable levier pour l’économie gabonaise selon l’Agence gabonaise de développement et de promotion du tourisme et de l’hôtellerie (Agatour).
La banque d’affaires panafricaine Africa Bright figure également parmi les acteurs qui croient au projet. En 2021, Africa Bright Securities, sa branche dédiée à la bourse, réussissait la première émission d’obligations vertes en zone Cemac, à hauteur de 33,89 millions USD (20 milliards de FCFA) – qui s’ajoutent aux 25,41 millions USD (15 milliards de FCFA) de départ pour la mise en place du site -, au profit de l’aménageur, indiquent nos confrères d’Ecomatin. De son côté, Africa Bright Development, sa filiale spécialisée dans l’immobilier, s’engageait quelques mois plus tard à construire un bâtiment éco-responsable de 4000 m² et un autre de 5000 m², de six niveaux chacun, sur le site de la Baie des Rois, afin de renforcer son caractère de centre d’affaires.
Des prix s’empilent à l’international
Pour la seule année 2023, l’aménageur a obtenu le prix du meilleur projet infrastructure durable pour sa démarche éco-responsable à l’Africa Investments Forum & Awards (AIFA) et le Best New Mega Development au Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM Awards). Deux distinctions qui en appellent d’autres pour ce projet avant-gardiste au cœur de la forêt équatoriale.
C’est un projet inclusif, qui rassemble toutes les générations, les personnes à mobilité réduite. La Baie des Rois attire un nombre croissant de visiteurs, dépassant les 5000 personnes les jours de weekend. Ce projet émerge ainsi comme un véritable lieu de vie et de socialisation dans la capitale, renforçant le dynamisme et l’attractivité de la région pour les habitants et les visiteurs,
indique Emmanuel Edane, chargé du développement de ce projet. Selon les indications des services de l’immigration, 180 000 à 200 000 visiteurs en moyenne par an, se sont rendus au Gabon ces cinq dernières années. La plupart pour des raisons professionnelles (59 %), puis pour des raisons touristiques (22 %), et enfin pour des réunions et conférences (8 %). Selon le World Travel & Tourism Council publié au mois d’avril 2017, cette dynamique peut propulser le secteur du tourisme d’affaires gabonais au quatrième rang mondial derrière la Chine, le Myanmar et le Rwanda en termes de taux de croissance à l’horizon 2027, avec 8,5 % de croissance par an, soit plus de deux fois le taux mondial de 3,7 %.
Une thèse que confirme le cabinet britannique, Oxford Business Group, indiquant à cet effet que les autorités s’attachent à développer l’offre du pays dans le segment MICE (Meetings, Incentives, Conferences and Events). Cela, en développant trois zones touristiques à savoir : Libreville, Port-Gentil et Franceville.