Sa sortie était attendue. Tant le ministre des Travaux publics a été interpellé notamment par le Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM), tout comme l’incident survenu sur une section de la route Douala-Yabassi. S’agissant particulièrement de l’état du réseau routier au Cameroun, Emmanuel Nganou Djoumessi précise que :
La plupart de nos routes, construites depuis plus de 15 ans, Yaoundé-Douala-Limbé, Edéa-Kribi, Douala-Bafoussam, Ngaoundéré-Garoua, Bertoua-Garoua Boulai, etc. ont atteint le seuil d’entretien, leur durée de vie est accomplie. Le vieillissement est normal, il faut ajouter les conséquences des changements climatiques. Les pluies abondantes et fréquentes rencontrent des ouvrages de drainage qui n’ont pas été dimensionnés pour leur évacuation, donc les eaux s’infiltrent de plus en plus sous les chaussées et les détruit. Par ailleurs, les conditions d’utilisation de la route favorisent une dégradation précoce, à titre d’exemples, le bouchage du système de drainage des eaux par les riverains le long de la route favorise la stagnation de celles-ci sous les chaussées, ce qui est à l’origine de plusieurs nids de poule, ou encore la circulation des poids lourds ne respectant pas les charges autorisées, ce qui entraine une dégradation plus rapide de la route.
Sur le cas spécifique de l’effondrement d’une section de la route Bonepoupa-Yabassi, l’ingénieur de l’Etat informe que
L’environnement géo écologique et morphologique de la zone d’influence de la route Bonepoupa-Yabassi est fait de sols instables ; cette réalité a été appréhendée dans les études ; ce qui a donné lieu à des formulations et dimensionnements adaptés. Ces dernières semaines, une pluviométrie exceptionnelle a été enregistrée ; notre pays n’étant pas épargné par les conséquences des changements climatiques enregistrés sur la planète. Également, il faut préciser que le processus de construction d’une route passe par la réalisation des études de conception et d’exécution reposant sur des normes et spécifications techniques édictées avant l’exécution proprement dite des travaux. Ce processus est suivi d’un bout à l’autre et ne devrait à priori pas laisser prospérer l’idée de mauvaise qualité des travaux.
Néanmoins, Emmanuel Nganou Djoumessi indique qu’
un sondage géotechnique a été prescrit tout le long de cet itinéraire pour apprécier le comportement, la stabilité des remblais et des sols, pour anticiper sur les éboulements, par une approche de traitement approprié.
Pas d’inquiétude sur la qualité des études
Le ministre des Travaux publics est formel.
Les études sont validées quand elles sont de bonne qualité. La proportion des études de mauvaise qualité reste marginale. La qualité des études est surtout décriée sur les incidences financières que cela entraine lorsqu’il y a des écarts importants entre les études de maturation et celles d’exécution,
précise-t-il. En plus ajoute-t-il,
La réalisation des études se fait suivant une démarche scientifique rigoureuse. Il y a des études préliminaires, des études sommaires, des études détaillées et des études d’exécution. Chaque niveau d’étude a son degré de précision et fait l’objet d’une validation par des instances
Des moyens financiers insuffisants
Sur la question du financement de la construction, la réhabilitation et l’entretien des routes, le ministre des Travaux publics fait savoir que
des moyens importants sont mobilisés par le Gouvernement pour la construction, la réhabilitation et l’entretien des routes. A titre d’exemple, pour l’année 2024, mon département ministériel dispose d’une dotation en investissement de 475,345 milliards de F CFA. C’est une dotation très importante, mais qui couvre 34% des besoins. Hélas face aux besoins nombreux, la demande routière étant l’une des premières de nos populations, ces importants moyens restent insuffisants. A cette réalité de l’espace budgétaire fortement contraint, il faut ajouter les difficultés conjoncturelles de trésorerie.
Avant d’indiquer que :
Dans un tel contexte, il faut rester très rigoureux, il faut être créatif, il faut être inventif pour pouvoir faire plus avec peu. C’est ce qui nous amène à livrer les travaux ; certains le seront en fin 2024 : Ntui-Ndjole-Mankim, Mankim-Yoko lot 1, Babadjou-Bamenda, etc. Les dispositions prises sont nombreuses, elles vont des options stratégiques aux ajustements opérationnels. Elles visent l’amélioration de la gouvernance administrative et financière des projets.
De nombreuses options pour réduire le coût des projets routiers
Sur la question du coût des projets routiers qui fait tant polémique au Cameroun, le ministre des Travaux publics précise que son administration est
à la quête permanente des solutions pour la réduction des coûts des projets routiers. Nous avons prescrit l’utilisation des produits stabilisants pour les routes en terre et l’introduction systématique des produits géo synthétiques dans la construction routière. Il a été récemment procédé à des planches d’essais avec des produits qui nous ont donné des résultats satisfaisants ; produits que nous intégrons progressivement dans la construction routière. On peut citer à titre d’exemple le liant hydraulique routier, les géo grilles, les bétons bitumineux coulés à froid, les bétons bitumineux très minces, les produits locaux des zones de réalisation des projets et j’en passe…