Les exportations de pétrole du Soudan du Sud, suspendues depuis le 6 février 2024 après des dommages causés à l’oléoduc reliant Jabelyn à Port-Soudan, vont reprendre progressivement. Ce pipeline, essentiel pour l’économie sud-soudanaise, avait été gravement affecté par le conflit qui secoue le Soudan depuis avril 2023. Malgré ces défis, des ingénieurs soudanais ont achevé les travaux de réhabilitation des infrastructures, permettant ainsi de relancer la production.
Avec environ 3,5 milliards de barils de réserves prouvées, le Soudan du Sud est l’un des pays les plus riches en pétrole d’Afrique subsaharienne, et ses exportations représentent près de 98 % de ses recettes budgétaires. Toutefois, cette richesse dépend presque exclusivement du pipeline passant par le Soudan pour atteindre les marchés internationaux via Port-Soudan. Ce facteur rend la reprise de la production extrêmement vulnérable aux tensions régionales et à l’instabilité.
Le ministre des Affaires étrangères du Soudan du Sud, Ramadan Abdalla Mohammed Goc, a indiqué que des ingénieurs sud-soudanais se rendront au Soudan pour évaluer la faisabilité technique du redémarrage des infrastructures pétrolières. Cependant, les défis restent considérables, notamment le contrôle de certaines portions du pipeline par les Forces de soutien rapide (RSF), une milice en conflit avec l’armée soudanaise.
La dépendance économique exacerbe les tensions et les incertitudes
La dépendance économique du Soudan du Sud vis-à-vis du pétrole est telle que l’arrêt prolongé des exportations a entraîné de graves répercussions. Les fonctionnaires sont restés sans salaire pendant plusieurs mois, et la situation a contraint le pays à repousser les élections prévues, en raison de contraintes budgétaires. De plus, selon la Banque mondiale, la croissance du PIB, initialement projetée à 2,8 % en 2023, a été révisée à la baisse en raison de cette crise.
Les discussions avec la Chine sur la construction d’un pipeline reliant le Soudan du Sud à Djibouti, qui permettrait de réduire la dépendance envers le Soudan, sont également au cœur des préoccupations de nombreux citoyens sud-soudanais. Cette infrastructure pourrait permettre une diversification des routes d’exportation et renforcer la souveraineté économique du pays.
Le retour à la production pétrolière est donc un enjeu crucial pour les deux pays, mais la stabilité à long terme dépendra non seulement de la sécurité des infrastructures, mais aussi de la manière dont les fonds issus du pétrole seront utilisés pour répondre aux besoins des populations. À cet égard, des appels à une meilleure transparence et à une gestion plus rigoureuse des revenus pétroliers se multiplient au sein de la société civile sud-soudanaise.
En outre, l’aspect humanitaire de la crise continue d’alimenter les discussions. Avec plus de 2,2 millions de réfugiés déplacés des deux côtés, dont 607 000 Sud-Soudanais revenus dans leur pays d’origine, les autorités de Juba et Khartoum ont convenu d’ouvrir des couloirs humanitaires pour permettre la livraison d’aide dans les camps de réfugiés.