La problématique de la connectivité des transports et de la logistique durables en Afrique s’avère cruciale. Car, si les besoins en infrastructures routières restent importants, leur durabilité pose problème. Selon une étude en 2020 de la BAD sur la gestion des actifs routiers, l’absence ou l’insuffisance de l’entretien du réseau s’ajoutera aux nouveaux besoins nécessitant un financement de 140 milliards de dollars, d’ici 2030.
Donc, l’un des défis majeurs du réseau de transport routier en Afrique est le retard important en matière d’entretien. Il s’agit d’un problème qui doit être résolu de toute urgence, car les routes sont le mode dominant de transport de passagers et de marchandises et le besoin de routes augmente rapidement. Cependant, on ne fait pas assez pour garantir la durabilité des infrastructures routières et les routes mal entretenues limitent la mobilité, augmentant les coûts d’exploitation des véhicules et les émissions associées.
Les travaux d’Abidjan organisés par la BAD permettront donc au ministre camerounais des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, de présenter au cours de la deuxième session plénière des travaux, sous le thème « Route durable, développement et entretien logistique », les projets cofinancés par la BAD et le Cameroun.
Une session plénière qui a réuni les chefs de départements ministériels en charge des infrastructures routières de la Tunisie, de la Côte d’Ivoire, du Congo, du Kenya et le président de l’Association des Fonds routiers Africains. Emmanuel Nganou Djoumessi a également mis l’accent sur les perspectives, en ce qui concerne la reconstruction des axes structurants et la desserte vers les pays de la sous-région Afrique centrale.
Un portefeuille BAD au Cameroun de 9 projets actifs
A date, le portefeuille du ministère des Travaux publics comprend 09 projets actifs financés par la BAD pour un appui financier d’environ 1,4 milliard de dollars Us (824 800 696 496 FCFA), représentant 54% du volume financier global des appuis des partenaires techniques et financiers dans les projets d’infrastructures routières au Cameroun. Ces programmes et projets sont notamment : le Programme de facilitation des transports sur le corridor Bamenda-MamfeEkok/Mfum-Abakaliki-Enugu ; le projet d’aménagement de la route Ketta-Djoum et de facilitation du transport sur le corridor Yaoundé-Brazzaville, phase 2 ; le programme d’appui au secteur des transports, Phase 1 (PAST-1) : Aménagement de la route Batchenga –Ntui-Yoko-Léna-Tibati-Ngatt-Ngaoundéré.
Il y a également dans le portefeuille BAD au Cameroun, le Programme d’appui au secteur des transports, phase 2 (PAST-2) : réhabilitation de la route Yaoundé – Bafoussam – Babadjou et aménagement des routes Grand Zambi – Kribi et Bogo – Pouss, le Programme d’appui au secteur des transports, Phase 3 (PAST-3) : construction de la Route nationale N°11- Ring Road (Kumbo-Ndu-Nkambe-Misaje) ; le projet régional intégrateur du réseau routier dans le bassin du Lac Tchad : construction d’un pont sur le fleuve Logone avec les voies de raccordement entre Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad) ; le Projet d’aménagement des routes de désenclavement de la zone industrielle et portuaire de Kribi (PARZIK) : réhabilitation de la route Edéa-Kribi et Lolabe-Campo. L’on n’oublie pas le Programme d’aménagement territorial et de promotion du secteur privé dans la Région de l’Extrême-Nord (PAT) : réhabilitation des routes Maroua-Moutourwa et Magada-Maroua, ainsi que la construction de la voie de contournement de la ville de Maroua et le projet d’aménagement de la route Kumba-Mamfé.
Le gouvernement camerounais travaille actuellement pour la concrétisation de deux autres projets, notamment : le Projet régional de facilitation du transport et du commerce sur le corridor économique Cameroun-Guinée équatoriale-Gabon avec, la construction d’un pont sur le fleuve Ntem et les voies de raccordement et le Programme d’appui au secteur des transports, Phase 4 (PAST-4) : reconstruction de la route Ngaoundéré-Garoua.
Réseaux routiers africains encore largement insuffisants
Alors que les pays africains progressent en termes de développement et d’extension des réseaux routiers, ceux-ci restent encore largement insuffisants en termes de longueur et de densité, avec notamment : 2,5 millions de kilomètres, dont seulement 27 % revêtus, contre 60 % en Inde et 66 % en Chine ; 204 km de routes pour 1 000 km2, contre 944 km pour 1 000 km2 dans le monde.
Et, la conséquence est que, selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNCEA), l’Afrique a le taux de mortalité routière le plus élevé au monde, soit 26,6 décès sur les routes pour 100 000 habitants, contre 17,0 en Asie du Sud-Est, soit une moyenne mondiale de 17,5 et 9,3 pour 100 000 habitants.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les décès sur les routes coûtent aux pays africains au moins 26 milliards de dollars par an. L’OMS estime également que les accidents de la route coûtent à l’Afrique 12 milliards de dollars par an. Cela est dû en partie au fait que les routes sont en mauvais état et entraînent une usure plus importante des véhicules. Ce qui rend plus probable que les conducteurs soient impliqués dans un accident. De mauvaises normes de sécurité routière peuvent également entraîner une augmentation de la consommation de carburant et des coûts d’entretien.