Pourquoi le réseau routier camerounais connait-il une dégradation accélérée ?
D’une manière générale, le réseau routier structurant national et corridor, ainsi que celui de proximité ont connu une dégradation accélérée ces derniers mois pour les raisons suivantes. D’abord, une durée de vie accomplie dont le vieillissement des chaussées et des ouvrages d’assainissement sont l’illustration ; ensuite une pluviométrie abondante et continue face à des ouvrages d’évacuation dimensionnés jadis pour des volumes d’eau désormais plus importants et dépassant les projections de construction. En outre, un incivisme tenace de certains usagers de la route dont le non-respect des tonnages et des gabarits des véhicules continuent à peser sur la durée de vie des chaussées. Enfin, une allocation financière certes importante, mais insuffisante pour poursuivre le bitumage et entretenir un réseau routier qui est passé de 55. 000 km de routes en 1986 à 121 873 km.
Quid du réseau routier
Le linéaire du réseau routier du Cameroun compte 121 873 km et se décompose pour chaque catégorie en autoroute. Nous avons 109,10 km de linéaire autoroutier bitumé. Le programme autoroutier du Cameroun est assez important, il comprend un certain nombre de sections dont l’axe Douala-Yaoundé, phases 1 et 2. La phase 1 est achevée et la phase 2 doit commencer dans les tous prochains jours. La section Edéa-Kribi-Lolabé; la section Douala-Limbé, etc.
Les routes nationales avec un réseau de 9 387,26 km de linéaire, les routes régionales avec un linéaire de 13 817,86 km et les routes communales 98 558,79 km. Le linéaire de routes bitumées est actuellement de 10 234,94 km, et ce linéaire est celui retenu au 31 décembre 2023. Il va certainement accroître au terme de l’année 2024. Ce linéaire de routes bitumées est décomposé ainsi qu’il suit. Les autoroutes sont bitumées à 100%, les nationales bitumées à 5 801,57km, les régionales à 1 612,46 km, les communales à 2 711, 81 km. Le linéaire bitumé est en constante évolution, une évolution limitée certes par le rendement faible des entreprises et les consistances des variations climatiques. Un double impact qui retarde la livraison des travaux.
L’entretien routier…
Actuellement, un linéaire total de 1 346,88 km est en cours d’entretien confortatif. L’entretien confortatif est une conjonction de réhabilitation et d’entretien périodique. Les sections en cours d’entretien confortatif comprennent : la nationale 5 (Bekoko-Loum-Nkongsamba-pont du Nkam-Bandja-Batcham-Bandjoun), 219 km ; la nationale 3 (Yaoundé -pont Ndoupé- pont sur la Dibamba), 215 km ; la nationale 10 (Yaoundé-Echangeur Ahala-rondpoint Tropicana-carrefour de l’amitié-carrefour Nkoabang-Bonis), 319,18 km ; la nationale 7 (Edéa-Kribi), 146,34 km ; la section routière bas falaise pont Sala sur la nationale 1 (115km) et la section Bertoua-Bonis-poste centrale-Mandjou-Dokayo-Garoua Boulaï, sur la nationale 1 (256km) ; et enfin, la régionale No 0902 (Gaklé-Gatoual-Gazawa-Zamalao-Zamaï-Mokolo), 66,36 km.
Les opérations d’entretien confortatif sont financées à la fois par le Fonds routier et le budget d’investissement public à hauteur de 51,500 milliards de FCFA. À terme, ces interventions donneront un nouveau visage à ces axes et rendront aisée la circulation des usagers et des biens. Les travaux à réaliser concernent la réhabilitation des sections les plus dégradées ; le traitement efficace des points les plus critiques et des nids de poules ; les travaux d’assainissement et de drainage ; la signalisation, la fourniture et la pose des équipements de sécurité.
Présentement les missions de contrôle ont été contractualisées, les ordres de service de démarrage ont été servis aux entreprises des travaux, des visites de reconnaissance ont été effectuées à l’effet d’élaborer et de valider les différents projets d’exécution. Compte tenu de la saison des pluies, la priorité est accordée aux travaux de maintien de la circulation, de nettoyage et d’assainissement. Les travaux gagneront conséquemment en intensité dès la fin des pluies et dans trois mois au plus, les usagers commenceront à ressentir l’impact de cette intervention.
Que dire de la construction de nouvelles routes ou d’anciennes routes à reconstruire ?
Je voudrais également préciser que le processus de construction de certains de ces axes est amorcé. Il convient en outre de relever que le faible tissu entrepreneurial du secteur du bâtiment et travaux publics au Cameroun ; la faible productivité des entreprises locales de l’entretien et de la construction routière ; les limites dans l’implication des investisseurs privés dans la mise en place des programmes et projets d’infrastructures routières contribuent à atténuer notre responsabilité efficace.
Quoi qu’il en soit, un linéaire de 1 299,75 km d’œuvre est en construction pour un volume de financement de 828,76 milliards de FCFA ; 466,82 km de routes sont Mankim-Meten (62,10km) ; aménagement de 111 km de route communale, le long de la nationale 15 ; la construction de la nationale 21 (Carrefour Ekong-carrefour Bieube) , 18 km ; la construction de la route Soa- Esse – Awaé (82km) ; la construction de la route Akokan-Batouri (45km) ; construction de la route Ekondo-Titi-Kumba (60km) ; la construction de la route Mbangem-Nguti (53km) ; la construction de la route Bonepoupa-Yabassi, en finitions, Douala-Bonepoupa ; l’aménagement de la pénétrante Est de Douala, etc.
Je voudrais retenir pour vous la « Ring road », les sections Ndu-Kumbo (39 km), Ndu-Nkambe (31km), Nkambe-Mesage (18 km). Il faut signaler aussi le bitumage de certains axes communaux dans l’arrondissement de Meyomessala, ou encore le bitumage de la route Songdiboma-Massok, le bitumage des sections de la route dite de désenclavement du bassin agricole de l’Ouest, ou encore les travaux démarrés de reconstruction de la route Mora-Dabanga-Kousseri. Attardons-nous sur la nationale No 9, Mbalmayo-Sangmelima (115km), où les travaux avancent de manière tout à fait satisfaisante, et par rapport à ces travaux, nous avons entrepris d’appliquer une technique de recyclage de chaussées qui nous a permis de réaliser des économies en améliorant le niveau de service d’une infrastructure routière qui aurait pris de l’argent.
Soulignons la reconstruction de la route Babadjou-Bamenda, Babadjou-Matazem (17 km pratiquement achevée) ; Matazem-Welcome to Bamenda (dont l’achèvement est prévu pour la fin d’année 2024 ; la section Welcome to Bamenda-Ecole des Champions (en cours d’exécution, avec un taux largement satisfaisant) ; École des Champions-Amour Mezam ; et la traversée urbaine de la ville de Bamenda-Ecole, en cours de structuration pour un début des travaux à la fin de l’année. Il y a lieu également d’indiquer la réhabilitation, ou alors la reconstruction de la route régionale N 0917 (Dargala-Tokombere) ; et la reconstruction de la boucle de la Lekié (Échangeur Nkolbisson-Echangeur Zamengoué ; Échangeur Zamengoué -Ekekang-Evodoula ; Ekekang-Monatélé), pour un linéaire de 81,50 km.
S’agissant des ouvrages, les travaux de construction du pont sur le Logone entre Yagoua au Cameroun et Bongor au Tchad, d’un linéaire de 620 mètres linéaires sont achevés, alors que les travaux de construction du pont sur le fleuve Nyong à Malombo dans le département du Nyong-et-Kelle, avancent convenablement. Pour ce qui est de la construction des ponts en sections métalliques, 668,427 mètres linéaires de portée et d’aménagement de voies d’accès sur 100 mètres linéaires de part et d’autres, des ouvrages sont en cours et concernent les ouvrages ci-après : pont sur le Mayo-Tawa dans la région de l’Adamaoua (51,67 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Mama, région de l’Est (39,48 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Mbanguè, région de l’Est (45,57 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Mvila, région du Sud (155 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Mboro, région du Sud (112,34 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Lobo, région du Sud (109,43 mètres linéaires) ; pont sur la rivière Ndjindim, région du Sud (45,57 mètres linéaires) ; pont sur les rivières Bella (36,43 mètres linéaires) et Tédé ( 30,41 mètres linéaires) dans la région du Centre ; et enfin, pont sur le fleuve Ngoum dans la région de l’Ouest (42,53 mètres linéaires).
Plusieurs autres projets de construction, de réhabilitation ou d’entretien en travaux ou en régie sont en cours. Les équipes du ministère des Travaux publics, les entreprises et les missions de contrôle travaillent à donner des résultats se traduisant en nouvelles routes bitumées, en dépit des contraintes majeures qui impactent directement notre rendement, à l’instar du paiement laborieux des décomptes, des frais de performance des entreprises, entre autres. Cependant, non nombre de projets vont démarrer d’ici la fin de l’année ou en début de l’année 2025 dans le cadre de la mise en œuvre continue et efficace du programme de développement infrastructurel décidé et impulsé par le chef de l’État, Paul Biya.
Ainsi allons-nous avec le concours de nos partenaires techniques et financiers, engager la construction de la deuxième phase de l’autoroute Yaoundé-Douala, dès le mois d’octobre ; engager la construction de la route Olounou-Oveng, dès le mois de novembre 2024 ; engager la construction de la traversée urbaine de la ville de Bamenda ; engager la réhabilitation des routes Maroua-Moutourwa et Magada-Figuil ; engager la reconstruction de la route Ngaoundéré-Garoua avec le concours de nos partenaires financiers, et en dépit des travaux confortatifs qui y sont menés. Nous allons également engager la reconstruction des lots restants de la section de route Mora-Dabanga-Kousserie, la section Tchakamari-Kousseri, la section Mora-Tchakamari étant déjà sous contrat. Y compris le contournement de Kousseri. Nous allons également engager la reconstruction de la route Edéa-Kribi et engager la construction de la route Guidiba-Gabaré ou encore de la route Bingambo-Grand Zambi. Ces travaux de construction ou de réhabilitation vont permettre d’améliorer la compétitivité de la chaîne de transport interne et sous régionale.
Permettez-moi maintenant de souligner que nous travaillons également à finaliser la liaison entre la zone méridionale et celle septentrionale de notre pays par la dorsale que constitue la nationale No 15. Celle-ci partant de Ntui à Ngaoundéré. Nous travaillons aussi à la reconstruction de la route Douala-Bafoussam, des routes de désenclavement des bassins agropastoraux de Loum et Yabassi, Bafang-Kondjock, Loum-Kumba ; ainsi que la construction des routes Ngoura-Yokadouma, Yokadouma-Moloundou, ou alors la reconstruction des sections Yaoundé -Douala et Bekoko-Limbe-Idenau avec le concours très avisé de nos partenaires techniques et financiers dont la confiance renouvelée à l’Etat du Cameroun mérite d’être soulignée à grand trait.
Pour ce qui est de la dorsale qu’est la nationale 15, la Banque islamique de développement qui apportera un concours financier a autorisé le recours aux acquisitions anticipées pour la construction de la section Ngat-Febatie-Likok. Le même partenaire va accompagner le Cameroun dans la mise en œuvre du projet de reconstruction de la route Douala-Bafoussam, l’aménagement des routes de désenclavement des bassins agro-pastoraux de Loum-Yabassi, Bafang-Kondjock et Loum-Tombell-Kumba. Une mission de préparation du projet séjournera du 04 au 11 octobre prochain et le projet sera présenté au Conseil d’administration de la Banque Islamique de Développement dans les prochaines semaines.
Pour accélérer la procédure de contractualisation et le démarrage des travaux, il sera fait recours aux actions d’acquisitions anticipées déjà approuvées par ce bailleur. Les échanges récents entre notre pays et la Banque Africaine de Développement ont conduit à la formulation d’un programme d’aménagement territorial de la région de l’Est. Prenant en compte la construction des routes Ngoura-Yokadouma et Yokadouma-Moloundou, pour un linéaire de 368,6 km, nous y travaillons pour un aboutissement dans les meilleurs délais. L’intérêt de l’Agence Française de Développement a en outre été manifesté pour la reconstruction de la section Yaoundé-Douala de la nationale 3. Il y a de cela quelques mois, un contrat a été signé avec une entreprise italienne, Ati Bonisa, pour la reconstruction de la section Bekoko-Limbé-Idenau.
Sur un tout autre plan pour le bitumage de la Ring Road, 357 km, plusieurs études techniques en maîtrise d’œuvre complète s’exécutent pour d’autres sections. D’autres études sont en cours et concernent l’aménagement de la voie de contournement de la ville de Nkambé, ainsi que deux sites touristiques. Les travaux d’aménagement de la section Bamenda-Bafut-Wum (80km), ainsi qu’un site touristique et la réhabilitation de 7,5 km de voirie urbaine à Wum et à Bafut. Les travaux de réhabilitation de la section Bambui-Ndop-Babessi (54km) et les travaux de réhabilitation de la section Misage-Ndumbo-frontière Nigeria. D’autre part, des études techniques, économiques, environnementales et sociales concernent la route Tignere-Kontcha-frontière Nigeria dans la région de l’Adamaoua. Ainsi que la réalisation d’une évaluation sociale de la section Wum-Bafut-Bamenda.
Les objectifs fixés par la stratégie nationale de développement progressivement atteints
Divers projets sont donc en cours et concernent, soit des travaux, soit des études techniques. Il importe de souligner que la structuration du projet Ring Road avec la Banque Africaine de Développement a donné à mettre en avant son acceptation sociale dans cet environnement, ainsi que son inclusion. Ainsi, certaines activités socioéconomiques qui concernent les femmes et les jeunes ont été prises en compte et sont conduites par les agences des Nations unies à la satisfaction des bénéficiaires.
Aussi, nonobstant un environnement caractérisé par l’insécurité dans deux de nos régions, en dépit des conséquences de changement climatique, la faible capacité des entreprises contractualisées, de nombreuses défaillances relevées dans l’exécution des travaux, dont le paiement laborieux des décomptes, il convient de relever que les efforts du gouvernement permettent d’atteindre progressivement les objectifs fixés par notre stratégie nationale de développement. La recherche dans l’amélioration du réseau routier nous amène à transiger avec les missions de développement, notamment dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Nous impliquons aussi les entreprises forestières à l’Est notamment en recourant à leurs équipements. Nous apportons le financement conséquent et le know-how pour améliorer le niveau de service des axes routiers, que par ailleurs, ces missions de développement et ces entreprises forestières utilisent aussi. Ces expériences sont satisfaisantes.
Propos recueillis par Blaise Nnang