Sous réserve de l’approbation par le Parlement européen et le Conseil de l’Europe qui veille au respect du droit communautaire, le nouveau calendrier proposé de l’application du règlement de l’Union européenne sur la déforestation fixe l’entrée en vigueur au 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises et au 30 juin 2026 pour les micros et petites entreprises. Ce 02 octobre 2024 en effet, la Commission européenne a proposé un délai supplémentaire de 12 mois pour permettre aux parties concernées de se préparer à la mise en œuvre du règlement de l’UE sur la déforestation qui interdit la mise sur le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts après le 31 décembre 2020, une date qui correspond aux engagements internationaux existants.
Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité, les entreprises ont ainsi l’obligation de garantir que leurs marchandises vendues dans l’Union européenne ne causent pas de déforestation. Le règlement aura donc un impact significatif sur les chaînes d’approvisionnement et les acteurs logistiques. Les entreprises ne pourront vendre leurs produits dans l’UE que si les fournisseurs publient une déclaration confirmant que les produits ne proviennent pas de terres déboisées et n’ont pas causé la dégradation des forêts.
L’annonce de la Commission européenne de reporter de 12 mois l’application du règlement offre une bouffée d’oxygène à la filière cacaoyère. Au Cameroun, cette décision, accueillie avec soulagement par les acteurs du secteur, donne un délai supplémentaire pour parfaire le système de traçabilité et consolider la position du pays sur le marché international du cacao. L’Union européenne reste le plus grand marché où le Cameroun a expédié environ 80% des exportations totales de fèves de cacao, soit 185 613 tonnes métriques au cours de la saison agricole 2023/2024.
Mise en œuvre d’un système national de traçabilité
Selon les sources de Invest-Time, le ministère du Commerce a déjà élaboré une étude de faisabilité pour la mise en œuvre d’un système national de traçabilité. Ce système vise à suivre la fève de cacao de sa parcelle de production jusqu’au port d’embarquement, garantissant ainsi sa conformité aux normes européennes.
Notre objectif est de garantir que chaque kilogramme de cacao camerounais exporté vers l’Union européenne réponde aux critères de durabilité et de légalité exigés,
explique le ministre du camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.
Nous travaillons également sur la géolocalisation des parcelles pour prouver que notre production n’est pas issue de zones déforestées après le 30 décembre 2020,
ajoute le membre du gouvernement.
Nous allons intensifier nos efforts pour mettre en place un système de traçabilité fiable et efficace, garantissant ainsi la pérennité de notre filière cacao sur le marché international,
a-t-il promis.
C’est le sens de ’accord signé mercredi 28 août entre le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) et six exportateurs de cacao que sont Telcar Cocoa, Ofi Cam, filiale d’Olam International, Neo Industry, Atlantic Cocoa Corporation, Sic-Cacaos et le FODECC, le Fonds de développement des sous-secteurs du cacao et du café du Cameroun qui est supposé permettre de mutualiser les données de géolocalisation des cacaoyères et des caféières. Et donner la possibilité aux acheteurs de l’Union européenne de demander les coordonnées des plantations.
Embellie actuelle de la filière au Cameroun
Du coup, Luc Magloire Mbarga Atangana, ne pouvait que saluer cette décision européenne, sous réserve encore une fois d’approbation par le Parlement et le Conseil de l’Europe, soulignant son importance pour le maintien de l’embellie actuelle de la filière au Cameroun.
Ce report s’inscrit parfaitement dans la continuité des mesures prises par le ministère du Commerce pour soutenir et développer notre secteur cacaoyer,
a-t-il déclaré.
Les sources de Invest-Time relèvent que l’annonce a eu un effet immédiat sur le marché, jusque-là paralysé par l’incertitude. Les exportateurs, qui hésitaient à acheter le cacao camerounais faute de commandes européennes, reprennent progressivement leurs activités. “Nous observons déjà une reprise des transactions”, confirme un responsable d’association des exportateurs de cacao du Cameroun.
Ce délai supplémentaire nous permet de rassurer nos partenaires européens sur la qualité et la traçabilité de notre cacao.
Cette décision de report est également saluée par l’industrie chocolatière européenne, qui peut désormais s’approvisionner sans risque de voir ses stocks bloqués aux frontières de l’UE.
C’est une décision qui profite à toute la chaîne de valeur, du producteur camerounais au consommateur européen,
souligne le ministre Mbarga Atangana.
Année exceptionnelle
Il convient de rappeler que la filière cacao camerounaise a connu une année exceptionnelle, avec des prix atteignant des sommets historiques. Au cours de la dernière campagne, le kilogramme de cacao a dépassé la barre des 10,03 dollars US (6000 FCFA), un record mondial jamais atteint auparavant.
Le report du règlement européen vient donc à point nommé pour consolider ces acquis. Il permettra aux exportateurs, jusqu’ici hésitants face aux incertitudes réglementaires, de reprendre leurs activités avec confiance. Les producteurs camerounais pourront ainsi continuer à vendre leur cacao de qualité sur le marché européen, tandis que l’industrie chocolatière pourra s’approvisionner sans risque de blocage aux frontières de l’UE.
Parmi les plus gros producteurs africains, l’on retrouve la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves, le Ghana arrive en seconde position. Au cours de la saison 2022/2023, environ 5 millions de tonnes de cacao ont été produites dans le monde. La Côte d’Ivoire et le Ghana sont de loin les deux plus grands pays producteurs de cacao, représentant 50 % de la production mondiale de cacao.
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