L’Union européenne reste le plus grand marché où le Cameroun a expédié environ 80% des exportations totales de fèves de cacao, soit 185 613 tonnes métriques au cours de la saison agricole 2023/2024. L’accord signé mercredi 28 août entre le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) et six exportateurs de cacao que sont Telcar Cocoa, Ofi Cam, filiale d’Olam International, Neo Industry, Atlantic Cocoa Corporation, Sic-Cacaos et le FODECC, le Fonds de développement des sous-secteurs du cacao et du café du Cameroun va permettre de mutualiser les données de géolocalisation des cacaoyères et des caféières.
Et donner la possibilité aux acheteurs de l’Union européenne de demander les coordonnées des plantations. Bon à savoir, le Règlement européen sur la déforestation fera l’objet d’une relecture dans 24 mois.
Que faut-il comprendre de l’accord de mutualisation des données de géolocalisation des parcelles de cacao et de café signé mercredi 28 août entre le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) et six exportateurs de cacao que sont Telcar Cocoa, Ofi Cam, filiale d’Olam International, Neo Industry, Atlantic Cocoa Corporation, Sic-Cacaos et le FODECC, le Fonds de développement des sous-secteurs du cacao et du café, signé en présence du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana et de l’ambassadeur, chef de la Délégation de l’Union européenne au Cameroun, Jean-Marc Chataigner ?
Le Règlement européen sur la déforestation importée entrera en vigueur exactement le 30 décembre 2024, à compter de cette date, le cacao et le café ne seront pas acceptés sur le marché de l’Union européenne, s’ils ont été produits sur des terres déboisées ou dégradées après le 31 décembre 2020, une date qui correspond aux engagements internationaux existants. Ce Règlement européen sur la déforestation vise donc à bannir du marché européen les produits issus de la déforestation et impose une traçabilité rigoureuse des parcelles de production de cacao et de café.
Cartographie dynamique du secteur
Or, selon les données de l’Office national du cacao et du café du Cameroun, l’Union européenne reste le plus grand marché où le Cameroun a expédié, apprend-on :
environ 80% des exportations totales de fèves de cacao, soit 185 613 tonnes métriques au cours de la saison agricole 2023/2024,
Il est dès lors impératif de maintenir l’accès à cet important marché européen pour les exportateurs nationaux, « qui risquaient l’exclusion faute de moyens pour se conformer aux nouvelles exigences », précise un communiqué de la cellule de communication du ministère camerounais du Commerce daté du 28 août 2024.
La plateforme de mutualisation de ces données de géolocalisation, placée sous l’égide du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), sera une base de données centralisée, offrant une cartographie dynamique du secteur. Cette plateforme de traçabilité permettra aussi aux acheteurs de l’Union européenne de demander les coordonnées des plantations appartenant aux producteurs de cacao. La plateforme interrogera alors de manière anonyme les détenteurs de données, car la plupart des exploitations de cacao ont déjà été géoréférencées par les opérateurs de l’industrie.
Le Directeur adjoint chargé du commerce extérieur au ministère du Commerce, Narcisse Olinga a déclaré à Reuters que 260 000 tonnes métriques, soit environ 80% de la production de cacao du Cameroun, répond déjà aux exigences de l’UE en matière de traçabilité. “Nous sommes très optimistes et pensons que nous atteindrons les 100% d’ici à ce que le règlement devienne applicable”, a-t-il promis.
Prix au producteur
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a relevé, lui, que le Cameroun honore ses engagements en matière de traçabilité et en contrepartie, attend de l’Union Européenne, qu’elle prenne en compte le plaidoyer du pays s’agissant notamment du prix au producteur qui doit être la contrepartie des efforts déployés en matière de qualité et de respect des clauses environnementales, c’est-à-dire en conséquence, un prix élevé.
Le ministre camerounais a aussi formulé le vœu qu’au moment de la relecture du Règlement dans 24 mois, il soit tenu compte de la spécificité du Cameroun en matière de production de cacao et du café, en ce que, au lieu de déforester, le Cameroun au contraire, préserve les forêts et même, les développe grâce à pratique de la culture sous agroforesterie. Ce qui mérite une prime en terme de prix pour prendre en compte cette pratique vertueuse de préservation de la forêt.
C’est une démonstration de la professionnalisation des acteurs des filières cacao et café au Cameroun,
a conclu le Ministre du Commerce.
L’initiative camerounaise pourrait faire école sur le continent. L’Ambassadeur de l’Union européenne a reconnu l’exemplarité des filières cacao et café du Cameroun, en comparaison à d’autres pays producteurs, dans une réaction.
Une meilleure traçabilité devrait renforcer la confiance des acheteurs et potentiellement se traduire par des prix plus élevés pour les producteurs locaux, les bénéfices pourraient être substantiels.
Sur le même sujet