Avec une production annuelle de 71 tonnes d’or en 2023, le Mali se place parmi les 10 premiers producteurs mondiaux, selon le ministère malien des Mines. Barrick Gold, l’un des géants du secteur fait partie des acteurs principaux de l’exploitation malienne. Mais l’État compte désormais diversifier les exploitants et renforcer les capacités locales. Le Burkina Faso, lui, n’est pas en reste avec 60 tonnes d’or produites en 2023, consolidant sa position de 5e producteur africain. Selon la Banque Mondiale, le Niger, bien que plus petit producteur voit son secteur se développer rapidement grâce à de nouvelles découvertes. Ensemble, ces trois pays représentent environ 7 % de la production mondiale d’or.
Cependant, ces ressources naturelles n’ont jusqu’ici pas assez profité aux économies locales. Les projets miniers sont majoritairement contrôlés par des multinationales. Les bénéfices partent à l’étranger, et les communautés locales, elles, demeurent pauvres. C’est là que l’alliance de ces trois États prend tout son sens. L’Alliance des États du Sahel ne veut plus se contenter d’être simple exportateur d’or brut. Son objectif ? Reprendre la main sur la chaîne de valeur. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger envisagent de créer des centrales de transformation d’or pour raffiner et vendre directement leur métal précieux, augmentant ainsi leur valeur ajoutée.
Selon la Chambre des mines du Mali, des pourparlers sont en cours pour renforcer les capacités locales. Notamment avec la mise en place d’une réglementation plus favorable aux entreprises nationales. À moyen terme, cette stratégie pourrait avoir des impacts significatifs : réduction de la pauvreté, création d’emplois, et infrastructures locales améliorées. Par exemple, au Burkina Faso, une étude menée par l’ONG International Crisis Group montre que les mines d’or pourraient générer plusieurs milliers d’emplois supplémentaires si elles étaient mieux structurées et exploitées par des acteurs locaux.
Réduire la dépendance aux acteurs étrangers
Actuellement, la grande majorité des exploitations aurifères au Sahel sont contrôlées par des compagnies étrangères, comme Barrick Gold au Mali et Endeavour Mining au Burkina Faso. Ces sociétés apportent des technologies et des capitaux, mais l’enjeu pour l’Alliance est d’équilibrer ces partenariats tout en assurant que les profits restent dans la région. D’après Reuters, le gouvernement burkinabé souhaite revoir les termes des contrats miniers pour augmenter les royalties perçues par l’État. Un pas vers une plus grande autonomie économique.
En sécurisant les sites d’exploitation, en attirant des investisseurs locaux et en offrant des avantages fiscaux aux entreprises nationales, l’Alliance espère aussi lutter contre l’exploitation artisanale illégale, qui échappe à tout contrôle et prive les États de revenus substantiels. Sur le marché mondial de l’or, l’Alliance des États du Sahel pourrait devenir un acteur plus influent. Avec une production qui dépasse les 130 tonnes par an, ces trois pays ont tout le potentiel pour jouer dans la cour des grands.
Vers une révolution avec la bourse régionale de l’or
La création d’une bourse régionale de l’or, mentionnée dans un rapport du World Gold Council, pourrait leur permettre de mieux contrôler les prix et d’attirer les investisseurs internationaux. Si cette initiative aboutit, l’Afrique de l’Ouest pourrait connaître une véritable révolution dans le secteur de l’or. En créant une chaîne de valeur intégrée et en favorisant le développement local, l’Alliance des États du Sahel peut non seulement renforcer leurs économies, mais aussi offrir une meilleure redistribution des richesses.
Toutefois, des défis majeurs subsistent : instabilité politique, insécurité croissante, et manque d’infrastructures. Mais si ces États réussissent à relever ces défis, ils pourraient transformer leur sous-sol en moteur de développement. Comme le souligne le Fonds monétaire international (FMI), l’avenir de l’or dans le Sahel dépendra de la capacité des gouvernements à stabiliser la région et à attirer des investissements responsables. L’Alliance des États du Sahel est une première étape ambitieuse vers la souveraineté économique dans un secteur jusqu’ici dominé par des acteurs extérieurs.