La Banque africaine de développement (BAD) estime que la dette extérieure totale de l’Afrique, a atteint 1 152 milliards USD à la fin 2023. Soit un supplément de 32 milliards USD par rapport à l’année 2022 (qui s’établissait à 1 120 milliards USD). Avec des taux d’intérêts mondiaux à leur plus haut niveau depuis 40 ans et l’arrivée à maturité de nombreux titres de dette obligataire émis par les pays africains, les défis ne manquent pas. L’Afrique paiera 163 milliards de dollars au titre du service de la dette rien que pour cette année 2024, ce qui constitue une forte augmentation par rapport aux 61 milliards de dollars de 2010.
Une base créancière qui complique tout
D’après le Groupe de la banque africaine de développement, 25 pays d’Afrique sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement. Selon la banque, la structure de la dette africaine a changé de façon spectaculaire. Alors que la dette bilatérale représente désormais 27 % de l’endettement, contre 52 % en 2000, la dette commerciale compte pour 43 % de l’endettement total (20 % en 2000).
L’expansion et la fragmentation de la base créancière compliquent le règlement de la dette par les institutions de Bretton Woods,
s’inquiète le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina.
Par ailleurs, l’une des difficultés de la résolution de la dette réside aussi dans son extrême lenteur. A titre d’illustration, des quatre pays africains – Tchad, Éthiopie, Zambie et Ghana – à solliciter un traitement de la dette au titre du Cadre commun du G20, seule la Zambie a achevé en 2023 le processus qui lui permet de bénéficier de cette facilité, apprend-on.
Il est urgent de réformer l’architecture mondiale du système financier et de la dette afin de réduire les coûts, les délais et les complications juridiques de la restructuration de la dette des pays africains,
insistait Adesina aux Assemblées annuelles 2023 de la Banque à Charm El Cheikh, en Égypte.
Et pour éviter des coûts élevés et limiter la probabilité d’une nouvelle crise de l’endettement, l’Afrique devrait faire pression en faveur d’une transparence accrue et d’une coordination mondiale entre les créanciers, selon Adesina.
Le solde budgétaire en CEMAC devrait atteindre un déficit de 0,9 % en 2025
Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne (ASS), le FMI souligne qu’en zone CEMAC, après un excédent budgétaire ponctuel de 2,5 % du PIB en 2022, le solde budgétaire est redevenu déficitaire affichant un déficit de 0,3 % du PIB en 2023. Ce dernier devrait se creuser à moyen terme pour atteindre 0,9 % en 2025. Cette détérioration du solde budgétaire est principalement due à la baisse des recettes pétrolières en lien avec la chute des prix du pétrole sur le marché international (le prix moyen annuel du baril de Brent a chuté de 18 % sur un an, s’établissant à 83 USD/b en 2023).
Sous l’effet de la détérioration du solde budgétaire, le ratio dette publique/PIB des pays de la CEMAC a augmenté de 1,3 pp, atteignant 53,8 % du PIB de la zone en 2023. Cependant, la vulnérabilité de la dette demeure élevée dans certains États membres. En 2023, un tiers des États de la CEMAC ont enregistré des niveaux d’endettement dépassant la norme communautaire de 70 %. Le Congo reste en situation de surendettement, avec une dette publique estimée à 100,8 % du PIB (PIB estimé à 15,32 milliards USD en 2023), en raison de la restructuration et de l’audit des arriérés en cours.
La dette publique gabonaise a connu une hausse de 6,9 pp pour atteindre 70,5 % du PIB. Bien que n’étant pas en situation de surendettement, d’autres pays de la zone ont également vu leur niveau d’endettement progresser sur un an, notamment la Guinée équatoriale (+7,8 pp à 42,4 %) et la Centrafrique (+1,5 pp à 55,7 %). Le Cameroun et le Tchad sont les seuls pays de la zone à afficher une diminution de leur ratio de dette, avec des baisses respectives de -3,4 pp et -0,8 pp sur un an, portant leur dette publique à 41,9 % et 35,1 % du PIB respectivement, d’après des données de la Banque mondiale.
Pour tenter d’apporter une solution au surendettement des pays de la CEMAC, une réunion d’urgence des chefs d’Etat de la CEMAC est d’ailleurs annoncée à Yaoundé le 16 décembre 2024. Le poids grandissant du service de la dette pourrait obérer les objectifs de développement durable sur le continent africain, notamment dans la santé, l’éducation, les infrastructures et l’environnement.