Elle est certes le 4ème broyeur de cacao installé au Cameroun. Mais la société Africa Processing Company SA est la seule pour le moment à avoir franchi le cap de la 1ère transformation. Cette société dont la première usine est installée à Okoa Maria, dans l’arrondissement de Mbankomo, département de la Mefou-Akono, région du Centre, se distingue par sa capacité à transformer les fèves de cacao, tant en produits semi-finis qu’en produits finis destinés à la consommation directe.
En attendant son ouverture officielle annoncée au mois de janvier 2025, cette usine a été visitée, le 19 décembre 2024 par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Une visite qui s’inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale visant à accroître la valeur ajoutée de l’or brun camerounais. Comme l’a précisé la promotrice de cette unité industrielle, Lisette Claudia Tame,
Nous avons l’ambition de produire pour notre marché local, d’offrir à toutes les bourses des produits dérivés du cacao, aussi bien localement que dans la sous-région et sur le continent. Notre nom, Africa Processing Company indique bien cette ambition de produire pour le marché intérieur et continental. Vous savez, qui peut mieux transformer jusqu’au bout, peut profiter de la valeur ajoutée des ressources .
Conquérir les marchés national et international
L’enjeu est donc de taille : au-delà du marché national, l’usine ambitionne de conquérir les marchés régionaux et internationaux, notamment dans le contexte de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf). Une opportunité que le Cameroun entend saisir pour se positionner comme un acteur majeur de l’industrie cacaoyère continentale. Déjà, Africa Processing Company SA, avec un capital de 789 960,3 dollars US, soit 500 millions de FCFA, n’est qu’à la 2ème phase de son implantation, précise-t-on, avec une capacité installée de 16 tonnes par jour, soit 24 000 tonnes par an. 11% de cette production est déjà exportée vers l’étranger, avec par exemple 20 conteneurs à l’essai vers le Nigéria, et d’autres vers le Maroc, informe-t-on.
Selon sa promotrice, l’actuelle usine construite sur une superficie de 3000 m2 cèdera la place, lors de la 3ème phase d’implantation, à une autre plus grande, bien évidemment avec une capacité installée beaucoup plus grande aussi, question de mieux tirer profit d’un hectare de terrain concédé par l’Etat pour l’installation de cette usine.
Appel à l’allègement des conditions de l’industrialisation de la filière
Mais, Lisette Claudia Tame, bien que satisfaite de l’accompagnement gouvernemental, dit plaider pour
l’industrialisation de la filière qui est un complément de l’excellent travail qui a été fait jusqu’ici. Nous nous sommes engagés tout seul, nous avons bénéficié d’appui conséquent de l’État en termes d’accompagnement. Le site que nous avons est une concession de l’État. Nous avons bénéficié d’un encadrement, qu’il soit administratif, fiscal. Nous avons bénéficié de plusieurs avantages qui nous ont permis de nous installer, même si nous l’avons fait de nos propres forces. Ce que nous souhaitons, c’est que les conditions de l’industrie soient davantage allégées, non seulement pour nous permettre de nous déployer, mais pour attirer d’autres promoteurs à s’inscrire dans la transformation du cacao,
a indiqué la promotrice d’Africa Processing Company SA.
Un appel lancé à la jeunesse
Face à cette réalisation d’une jeune compatriote, le ministre du Commerce indiquera que
c’est tout simplement merveilleux, c’est l’exemple à suivre. La filière cacaoyère nationale se trouvait dans une dynamique qui s’est caractérisée d’abord par le relèvement de la production, de la qualité et des prix. Mais il manquait un volet qui fait partie d’ailleurs du plan de rénovation de la filière cacaoyère nationale qui prévoit la transformation locale de notre cacao à hauteur de 40%. Mais, on doit aussi s’interroger sur quelle transformation. Et là, nous avons une couverture complète de ce qu’on entend par transformation. Il y a la première, qui est la transformation à partir de la fève pour fabriquer des produits comme la poudre, la pâte, la masse, le beurre. Mais, on a oublié le segment du marché local. Ici, vous avez le tableau complet. Le premier modèle de ce genre est un modèle initié par une jeune camerounaise. Le message que je passe à ceux qui s’interrogent encore avec des doutes sur leur avenir, il est dans la terre. On peut produire du bon cacao, et on peut aussi le valoriser. Travaillez dans ces conditions, vous n’aurez rien à envier à qui que ce soit dans une administration, ou je ne sais où. Les jeunes peuvent .
Luc Magloire Mbarga Atangana, ne manquera pas de préciser que :
quand on fait référence aux produits chocolatiers on pense aux étrangers; mais les chocolatiers peuvent aussi être des Camerounais. Voilà la grande leçon que je tire de cette visite.
Un marché de la transformation locale du cacao très dynamique
L’entrée en scène officielle annoncée d’Africa Processing Company SA, illustre, une fois de plus, du dynamisme du marché de la transformation locale du cacao camerounais. On se rappelle que le 7 juin 2024 à Ebolowa, l’on annonçait déjà l’intention du groupe Puratos, qui opère dans la boulangerie, la pâtisserie et la chocolaterie, avec une capacité de traitement de plus de 200 000 tonnes de fèves de cacao chaque année, d’implanter une unité de transformation de fèves à Ebolowa, la capitale de la région du Sud du Cameroun. Alors que le 31 mai 2024 à Obala, dans la région du Centre, l’on procédait à la pose de la première pierre, de l’usine de près de 1,5 million de dollars US, soit près d’un milliard de FCFA de la société Sas Manta du Français Olivier Bordais, baptisée Chocolat Rouge.
Avec des entreprises telles que Sic Cacaos du Suisse Barry Callebault, Chococam du Sud-africain Tiger Brands, Atlantic Cocoa de l’Ivoirien Kone Donsongui et les Camerounais Neo Industry et Africa Processing, le marché de la transformation locale de fèves est très dynamique. Grâce au dynamisme de ces industriels, le Cameroun a exporté 73 236 tonnes de produits dérivés du cacao en 2023, dont 49 411 tonnes de pâtes de cacao et 23 825 tonnes de beurre de cacao. Avec des revenus globaux générés de l’ordre d’environ 241 millions de dollars, soit 153 milliards de FCFA, en hausse de plus de 15% en glissement annuel, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS).