À l’échelle mondiale, le nombre de nouvelles infections à VIH a diminué de 39 %, passant de 2,1 millions en 2010 à 1,3 million en 2023. Cependant, les populations clés et les groupes vulnérables, en particulier les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes, continuent d’être laissés pour compte. Seulement 57 % des enfants infectés par le VIH recevaient le traitement vital dont ils avaient besoin en 2023, contre 77 % des adultes. Cela représente 602 000 enfants vivant avec le VIH qui n’ont pas reçu de traitement antirétroviral, avec 76 000 décès enregistrés.
Les adolescentes et les jeunes femmes (15 à 24 ans) courent toujours un risque disproportionné de contracter le VIH en Afrique de l’Est et australe. En dépit des progrès réalisés ces dix dernières années, elles sont exposées à un risque plus de deux fois supérieur de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes. En 2023, les adolescentes et les jeunes femmes comptaient pour 17 % des nouvelles infections à l’échelle mondiale. En dehors de l’Afrique subsaharienne, plus de 73 % des nouvelles infections en 2023 ont touché les hommes et les garçons.
En effet, le Fonds mondial assure 28% du financement international des programmes de lutte contre le VIH. En date de juin 2023, il a investi 26,6 milliards de dollars US dans des programmes de prévention et de traitement du VIH/sida, en plus de 5,5 milliards de dollars US dans des programmes conjoints de lutte contre la tuberculose et le VIH.
Des progrès considérables
En 2000, un an de traitement contre le VIH pour une personne coûtait plus de 10 000 dollars US. En juin 2024, il n’en coûte plus que 37 dollars US par an. Par ailleurs, en 2023, 25 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le VIH dans les pays où le Fonds mondial investit. Il s’agit d’une hausse considérable comparativement aux 17,5 millions de personnes sous traitement en 2017, mais encore loin des 34 millions visés dans les cibles 95-95-95 de l’ONUSIDA pour 2025.
Les chiffres sont tels que ; en 2023 : 84 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique, 78 % des personnes connaissant leur statut étaient sous traitement et 72 % des personnes traitées avaient une charge virale indétectable. 25 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral contre le VIH. 53,8 millions de tests de dépistage du VIH ont été effectués dans les pays où le Fonds mondial investit. 13,1 millions de tests de dépistage du VIH ont été effectués parmi les populations clés et vulnérables, notamment les nourrissons, les adolescentes et les jeunes femmes, les adolescents et les jeunes hommes, les hommes homosexuels et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes transgenres, les personnes qui consomment des drogues injectables et les personnes incarcérées.
La dette publique croissante étouffe les pays d’Afrique subsaharienne
Un nouveau rapport de l’ONUSIDA, publié le 19 septembre 2024, intitulé Recettes nationales, allègement de la dette et aide au développement : voies transformatrices pour mettre fin au Sida d’ici 2030 Afrique orientale et australe, Afrique occidentale et centrale, montre que la crise de la dette met en péril les progrès réalisés pour mettre fin au Sida.
Lorsque les pays ne peuvent pas répondre efficacement aux besoins de santé de leur population en raison du remboursement de leur dette, la sécurité sanitaire mondiale est mise en péril,
a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA.
En effet, Le service de la dette dépasse désormais 50 % des recettes publiques en Angola, au Kenya, au Malawi, au Rwanda, en Ouganda et en Zambie. Même après les mesures d’allègement de la dette, la Zambie consacrera encore deux tiers de son budget au service de la dette entre 2024 et 2026. Les dépenses consacrées à la lutte contre le VIH ont diminué depuis 2017 en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, passant de 0,3 % du PIB en 2017 à seulement 0,12 % en 2022. L’Afrique de l’Ouest et du Centre devront mobiliser 4,18 milliards de dollars US pour financer entièrement la riposte au VIH en 2024. Ce montant atteindra 7,9 milliards de dollars d’ici à 2030 si les efforts ne sont pas intensifiés dès aujourd’hui pour mettre fin aux nouvelles infections par le VIH.
Rien qu’en 2024, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe devront mobiliser près de 12 milliards de dollars pour financer entièrement la riposte au VIH. Ce montant atteindra environ 17 milliards de dollars d’ici à 2030 si les nouvelles infections par le VIH ne sont pas réduites.
Afin de permettre une mobilisation accrue des ressources nationales pour que les pays puissent répondre efficacement à leurs pandémies, les pays d’Afrique subsaharienne devront renforcer leurs systèmes fiscaux, notamment en supprimant les exonérations fiscales qui coûtent actuellement aux pays une perte de recettes de 2,6 % du PIB en moyenne dans l’ensemble de la région. Les donateurs doivent également accroître leur aide financière à la santé et à la lutte contre le VIH d’ici à 2030, tandis que les créanciers devraient offrir un allègement de la dette aux pays lourdement endettés pour alléger le fardeau.
Action coordonnée
Dans un entretien à l’AFP, Byanyima a dénoncé une « action bien coordonnée et bien financée » contre les droits LGBT+, les droits reproductifs et l’égalité des sexes menée par des pays et des groupes socialement conservateurs, comme l’Organisation de la coopération islamique ou des organismes chrétiens américains. Et si dans certains pays d’Afrique subsaharienne les nouvelles infections ont baissé de plus de moitié et les décès jusqu’à 60 % depuis 2010, « nous avons également des régions comme l’Europe de l’Est, l’Asie centrale et l’Amérique latine où les nouvelles infections évoluent dans la mauvaise direction et augmentent », insiste-t-elle.
« La stigmatisation tue. La solidarité sauve des vies », ont résumé Byanyima et le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk dans un communiqué commun. Après avoir accumulé deux décennies difficiles et douloureuses d’expérience et de connaissances, dont beaucoup ont été acquises en Afrique, les gouvernements africains et la communauté internationale commencent à comprendre ce qui doit être fait pour renverser l’épidémie. Ils doivent désormais appliquer cette expérience et ces connaissances de manière plus étendue. Des lacunes majeures dans la plupart des ripostes nationales africaines méritent une attention toute particulière alors que l’action contre le SIDA en Afrique est élargie.
Il faudrait à cet effet, fournir aux jeunes les compétences, l’information, les outils et les services pour leur permettre de se protéger contre l’infection à VIH. Selon les données recueillies au cours de ces dernières années par l’ONUSIDA, plus de 60% des adolescentes (de 15 à 19 ans) dans 21 pays africains ont au moins une idée fausse au sujet du SIDA ou n’ont jamais entendu parler du SIDA. Moins de la moitié des jeunes femmes (de 15 à 24 ans) dans 10 pays subsahariens sont conscientes du fait que le risque de VIH peut être réduit en utilisant des préservatifs.
Parmi les hommes, la pratique des méthodes de prévention de base varie considérablement selon les pays. L’usage du préservatif parmi les jeunes hommes de 15 à 24 ans au cours de leur dernier rapport sexuel avec un(e) partenaire occasionnel(le) atteint 88% au Botswana, mais moins de 33% (un tiers) au Cameroun, en Éthiopie, en Guinée et en Tanzanie. Les services de conseil et de test volontaires (CTV) sont tristement absents dans de nombreuses régions de l’Afrique. La connaissance de son statut VIH est la condition préalable à la prise de décisions éclairées. À cet égard, le CTV facilite à la fois la prévention et le traitement.
La connaissance du statut sérologique peut être une force qui motive tant les personnes séropositives au VIH que celles qui sont séronégatives à adopter un comportement sexuel à moindre risque. Les femmes enceintes qui découvrent qu’elles sont séropositives peuvent chercher à prendre des mesures pour prévenir la transmission du virus à leurs enfants. Les hommes et les femmes séropositifs peuvent apprendre comment le traitement antirétroviral peut tenir le SIDA en échec. Le conseil dispensé aux individus séropositifs et séronégatifs au VIH aide aussi à écarter la stigmatisation et la discrimination qui entourent le SIDA.