Africa50 veut étendre son portefeuille d’investissement dans les infrastructures au Cameroun. Ce souhait a été formulé lors d’une audience accordée par Alamine Ousmane Mey, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire à Alain Ebobisse, Directeur général de l’institution panafricaine. Cette rencontre intervient après la tenue de l’Assemblée générale des actionnaires du Fonds à Madagascar, en septembre 2024.
Lors de cette rencontre, Alain Ebobisse a indiqué que 26 projets dans 29 pays africains ont déjà bénéficié du financement du Fonds dont il a la charge. Ce, avec un total du portefeuille des actifs de près de huit milliards de dollars US. Les priorités du fonds sont tournées vers plusieurs secteurs : l’énergie, les transports, les TIC, le Midstream gazier, la santé, le Fintech, l’éducation.
Le combat pour l’amélioration du réseau électrique africain
Créée par 32 Etats africains, Africa50 est une plateforme d’investissement dont le but est de combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique. L’institution a pour mission de mobiliser des financements des secteurs public et privé, de faciliter le développement de projets et d’investir dans les infrastructures sur le continent. Le Cameroun a souscrit au capital du Fonds Africa50 à hauteur de 50 millions de dollars US. Au pays de Paul Biya, la plateforme a participé au financement de la centrale hydroélectrique de Nachtigal d’une puissance de 420MW. Le projet qui a coûté 1,2 milliard d’euros sera exploité dans le cadre d’une concession de 35 ans.
Africa50 a financé un projet similaire au Nigéria. Il s’agit de Azura-Edo IPP, la première grande centrale électrique indépendante construite dans le pays depuis la réforme du secteur énergétique. La centrale vend de l’électricité au Nigerian Bulk Energy Trader (NBET) dans le cadre d’un accord d’achat d’électricité (PPA) de 20 ans. La phase 1 de la centrale à turbine à gaz à cycle ouvert de 461 MW a été achevée avec huit mois d’avance. L’exploitation commerciale a débuté en 2018, selon l’institution.
Le Cameroun et le Nigéria ne sont pas les seuls pays à avoir bénéficié des fonds de Africa50. Le fonds a également soutenu le développement des infrastructures dans le secteur de l’électricité au Kenya. C’est le cas dans le projet de Partenariat public-privé (PPP) de transport d’électricité dans le pays. Il comprend le développement, le financement, la construction et l’exploitation des lignes de transport d’électricité de 400 kV Lessos – Loosuk et de 220 kV Kisumu – Musaga dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Au Sénégal, Africa50 a également financé la construction de la centrale thermique à cycle combiné de 120 MW de Malicounda. L’infrastructure vise une production d’au moins 956 GWh par an. La centrale initialement conçue pour fonctionner au fioul sera convertie au gaz naturel lorsqu’elle sera disponible dans des gisements locaux, apprend-on. La centrale de Malicounda aura un impact significatif dans le secteur électrique sénégalais. Elle permettra au pays d’accroître sa capacité de production d’électricité de l’ordre de 17%, réduisant de 14% les coûts. Les tarifs pourraient également baisser de 3 à 7 %. Une baisse qui permettra d’augmenter de 1 à 3% le Produit intérieur brut (PIB) national.
Pour le développement des infrastructures de transports
Africa50 investit également dans les transports en Afrique. Le fonds a coordonné la signature de l’accord intergouvernemental entre la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC) pour le projet du pont reliant Kinshasa et Brazzaville. Les deux pays ont choisi le fonds africain. Il structurera le partenariat public-privé (PPP). Il dirigera aussi la préparation et le développement du projet. La construction sera financée par Africa50, aux côtés de la Banque africaine de développement, qui fournira le financement (dette), et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac). Ce projet fait partie du plan d’action prioritaire du PIDA dont l’objectif est la mise en place d’un pont à péage de 1,575 km sur le fleuve Congo. Il prévoit d’inclure une voie ferrée, deux voies de circulation routière, des trottoirs et des postes de contrôle frontaliers.
En Gambie, le gouvernement a signé un accord avec Africa50. L’objectif de ce partenariat, inclure le pont de la Sénégambie dans le programme de Africa 50 dédié au recyclage d’actifs. Le pont devrait être exploité par le fonds africain sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP). Cette infrastructure stratégique relie les parties nord et sud de la Gambie et du Sénégal, et par extension, les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à travers le corridor entre Dakar et Lagos, l’autoroute côtière trans-ouest-africaine. Cette initiative vise le renforcement du commerce, du tourisme, et à faciliter le transport des produits agricoles vers les marchés pour réduire les pertes post- récolte et accroître les échanges interrégionaux et le développement économique régional.
Les « véhicules d’investissement » de Africa50
Dans son déploiement, Africa50 accompagne les projets dans toutes les étapes. Pour ce faire, l’institution utilise ce qu’elle appelle « véhicules d’investissement ». Ces véhicules résument à suffisance les trois piliers stratégiques sur lesquels Africa50 s’appuie : développer, accélérer et mobiliser. Le premier, le développement des projets. L’objectif ici est d’accroître le nombre de projets d’infrastructures bancables à travers le continent. À cette étape, le fonds d’investissement apporte des financements à fonds propres d’amorçage et des ressources pour la préparation des projets, apprend-t-on. Afin d’atteindre plus rapidement la clôture financière, Africa50 collabore avec les parties prenantes lors de cette phase de développement.
La deuxième phase c’est le financement des projets. Ici, l’institution panafricaine mobilise les parties prenantes lorsque la clôture financière est proche. Elle peut également réaliser et financer les projets d’infrastructures en apportant des fonds propres et quasi-fonds propres avec des options de sortie d’investissement flexibles, selon les données rendues publiques par Africa50.
Le dernier véhicule d’investissement de Africa50 c’est son fonds d’accélération des investissements en infrastructures. Il a pour objectif de catalyser des flux d’investissement supplémentaires dans les infrastructures africaines. Ceci, en ciblant les investisseurs privés et institutionnels. En cinq ans d’activité, Africa50 a financé des projets représentant une valeur cumulée de plus de 5 milliards USD.