C’est un brainstorming très couru que Yaoundé, la capitale du Cameroun, a abrité durant trois jours, du 19 au 21 mars 2025. Près de 150 décideurs politiques, opérateurs économiques et acteurs de la société civile, réunis au cours de la première édition du sommet économique baptisé « The Okwelians Summit ». Ce, afin de stimuler une réflexion collective autour de secteurs clés, notamment, l’agro-industrie, l’énergie, la logistique et le numérique. L’objectif principal étant de transformer le pays en une puissance agro-industrielle, en mettant en place des stratégies concrètes et adaptées aux réalités locales.
A l’ouverture officielle des travaux de cette conférence économique, Alamine Ousmane Mey, le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) a souligné l’urgence d’une collaboration étroite entre l’État, le secteur privé, la société civile et le monde académique pour relever les défis du développement national. Pourtant, André Siaka, le président du comité d’organisation de cette conférence, continue de penser que le dialogue public-privé n’a toujours pas atteint les objectifs fixés, il est même resté limité. Pour lui, il faut un véritable partenariat allant au-delà du simple dialogue, « c’est un impératif absolu, sinon les piliers de la SND 30 ne seraient que des incantations », conclut-il.
Des piliers de la SND 30 rappelés par le Minepat, notamment : la transformation structurelle de l’économie ; le développement du capital humain ; la promotion de l’emploi et l’insertion socio-économique, ainsi que la gouvernance et la gestion stratégique de l’État. Pour Alamine Ousmane Mey, il faut renforcer la résilience face aux crises multiformes, tout en adoptant une posture offensive pour conquérir les marchés régionaux et internationaux. L’innovation, la valorisation des chaînes de valeurs locales et la modernisation des infrastructures étant identifiées comme des leviers essentiels pour garantir une croissance inclusive et durable. Avec un enjeu double : préserver les ressources pour les générations futures et faire du Cameroun, un pays émergent à l’horizon 2035. Le Minepat exhortera les participants à formuler, au terme des travaux, des recommandations concrètes et innovantes pour bâtir une économie plus compétitive et résiliente, fondée sur une gouvernance efficace et un secteur privé dynamique.
De la réflexion à l’action
L’issue du sommet a été marquée par des engagements majeurs. Notamment, la signature des protocoles d’entente dont celui entre le Syndicat des Industriels du Cameroun (SYNDUSTRICAM) et Huawei. Ce protocole d’entente visant à établir un cadre de coopération entre les parties en vue de promouvoir un dialogue structuré entre les industries camerounaises et Huawei ; mettre en commun les ressources et expertise pour renforcer les capacités des membres du Syndustricam ; développer les projets et initiatives qui favorisent l’innovation, la transformation numérique et la durabilité et faciliter les échanges et les partenariats entre les entreprises membres du Syndustricam et HUAWEI Digital Power Business.
Pour les autres protocoles d’entente, l’un a été signé entre Eurocham et le Groupement du patronat Francophone (GPF). Il a entre autres objectifs d’établir un cadre de coopération entre les parties en vue de promouvoir un dialogue structuré entre entreprises européennes et francophones ; mutualiser les ressources et expertises pour renforcer les capacités des membres respectifs des parties ; développer des projets innovants axés sur la digitalisation et la durabilité ; coordonner les actions de plaidoyer auprès des institutions publiques et privées et faciliter les échanges entre les entreprises européennes et celles de l’espace francophone.
Un autre protocole d’entente a été signé entre le Groupement du patronat francophone et la Chambre de commerce Canada-Afrique (CCA). Avec pour objectifs d’établir un cadre de coopération entre les parties en vue de promouvoir un dialogue structuré entre les entreprises francophones et les entreprises francophones canadiennes ; mutualiser les ressources et expertises pour renforcer les capacités des membres respectifs des parties ; développer des projets innovants axés sur la digitalisation et la durabilité ; coordonner les actions de plaidoyer auprès des institutions publiques et privées et Faciliter les échanges entre les entreprises francophones et celles de l’espace canadien francophone. Et pour le dernier protocole d’entente, il a été signé entre The Okwelians et le Conseil national des chefs traditionnels.
Des recommandations fortes
Les travaux de la première édition de « The Okwelians Summit », placée sous le thème « Cameroun 2035 : à la croisée des chemins vers une transformation durable », peut-on lire dans le communiqué final, ont souligné l’importance de repenser tant les schémas de collaboration entre les acteurs que les modèles économiques, en intégrant particulièrement la durabilité à chaque étape de la transformation économique et en accordant une attention particulière à la valorisation des savoirs endogènes, à l’accompagnement des personnes vulnérables et à la préservation des écosystèmes. Ces travaux, précise-t-on, ont également mis l’accent sur la nécessité d’un alignement entre industrialisation locale, stratégies d’exportation et diplomatie économique. Un « Livre Vert » sera publié pour formaliser les principales orientations stratégiques discutées, informe-t-on. De l’avis de Jacques Jonathan Nyemb, le président de The Okwelians, « La durabilité n’est plus une option, mais une exigence impérieuse pour bâtir une économie prospère et véritablement inclusive. Ce sommet est la démonstration par l’exemple que la co-construction entre toutes les parties prenantes de la société est la seule manière de concrétiser cette ambition ».
En rappel, The Okwelians est un Think Do Tank camerounais dédié à la promotion de l’innovation sociale. S’appuyant sur la recherche-action, la formation et l’incubation de projets à impact, cette organisation multidisciplinaire mobilise des acteurs de divers horizons pour engager la transformation durable du Cameroun. À travers ses publications, activités et programmes, The Okwelians encourage un dialogue constructif entre décideurs de tous bords, afin de forger des solutions durables et innovantes. L’organisation met l’accent sur l’éthique, la collaboration et l’excellence pour développer des initiatives axées sur le bien commun en stimulant l’engagement des jeunes leaders. Son approche « think-do » allie réflexion stratégique et actions concrètes.