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Mehdi Tanani : « l’Afrique reste de loin, la principale région d’intervention de Proparco »

Dans une interview exclusive accordée à Invest-Time, le Directeur Afrique centrale de l'institution financière de Promotion et de participation pour la coopération économique (PROPARCO), filiale de l’Agence Française de Développement (AFD), réagit à la suite de la décision du Président des Etats-Unis, Donald Trump de suspendre temporairement les financements de l’USAID au profit de l’Afrique. Tout comme il fait un état des lieux des activités de PROPARCO en Afrique.

25 Min Lecture
Mehdi Tanani, Directeur Afrique centrale de PROPARCO

Dans un contexte marqué par la cessation des financements américains en Afrique, comment la société de Promotion et de participation pour la coopération économique compte-t-elle se démarquer dans le financement des économies des pays d’Afrique centrale ?

La nouvelle administration américaine a décidé de suspendre pour trois mois, l’activité de l’USAID, une mesure qui semble annoncer une réduction significative de son action à moyen terme. Contrairement au Groupe Agence Française de Développement, qui fonctionne principalement comme une banque de développement, c’est-à-dire en accordant des prêts, l’USAID est une agence dédiée à l’aide au développement, intervenant essentiellement par le biais de dons.

Cette suspension constitue donc un véritable choc, notamment dans les zones en crise, où l’aide humanitaire est cruciale, comme au Soudan, ainsi que dans le domaine de la santé mondiale, dans un contexte marqué par le retrait des États-Unis de l’OMS. J’ai une pensée pour nos collègues américains. Dans le même temps, le président Donald Trump a nommé un nouveau CEO à la tête de l’US DFC (l’Agence américaine de financement pour le développement international), la banque de développement (alter ego américain de Proparco) qu’il a créée en 2018, avec l’ambition de réorienter les fonds de l’USAID vers des partenariats avec le secteur privé.

Cette décision illustre une tendance plus large, qui ne se limite pas aux États-Unis : le passage d’une approche fondée sur l’aide et l’assistance, qui a prévalu depuis les années 1960 à l’époque des indépendances et de la décolonisation, à une logique centrée sur l’investissement et la mobilisation du secteur privé.

En Afrique centrale, nos premiers investissements et financements débutent en 1979, seulement deux ans après la création de Proparco. Finalement, nous avons été, avec la Société Financière Internationale (SFI), les deux premières banques de développement actives sur le secteur privé en Afrique centrale depuis plus de 45 ans. Si le mandat de Proparco s’est étoffé depuis, celui-ci visait dès le début à soutenir l’entrepreneuriat et les entreprises pour une transformation des économies avec une valeur ajoutée repositionnée localement à travers des capacités de production locale et des créations d’emplois. C’est peut-être cette intentionnalité qui nous distingue d’autres banques de développement, depuis notre création. Cette finalité, que l’on retrouve à travers nos financements, est aujourd’hui labellisée Choose Africa, une initiative de financement dédiée spécifiquement aux entrepreneurs de PME et TPE.  

Avec sa stratégie 2023-2027, Proparco a fait le choix d’orienter son action vers trois objectifs stratégiques afin de maximiser l’impact de ses investissements. Notamment agir pour une économie durable et résiliente, renforcer l’appui aux TPE/PME, aux systèmes financiers locaux, aux infrastructures physiques et l’accompagnement du développement de capacités locales de production et de transformation. Quel en est le bilan à ce jour ?

Il y a deux ans exactement, Françoise Lombard, Directrice générale de Proparco, avait choisi la ville de Douala pour venir présenter les enjeux pour l’Afrique de la stratégie Proparco (2023-2027) qui venait d’être adoptée. Intitulée « Agir ensemble pour plus d’impacts », elle fixait alors trois priorités en faveur d’une économie durable et résiliente, de la protection de la planète et de la lutte contre les inégalités, auxquelles s’ajoutait, concrètement pour l’Afrique, la lutte contre l’insécurité alimentaire. Or, à mi-parcours, nous avons atteint un très haut niveau en matière d’impacts sur la période 2023-2024 :

Plus de 2 milliards d’euros de nos financements et investissements sont à co-bénéfice climat, soit presque 40 % de l’activité ; plus d’un quart de nos projets contribuent à la réduction des inégalités de genre (environ 680 millions d’euros/an, en 2023 et 2024). Et, rien qu’en 2024, 525 millions d’euros ont été labellisés Choose africa, l’initiative du Groupe AFD en faveur des start-ups et TPE/PME africaines. Enfin, l’Afrique reste de loin, la principale région d’intervention de Proparco, puisque plus de la moitié des projets se situent sur le continent.

Parallèlement, l’activité de Proparco a atteint un record en 2023 et en 2024, avec à chaque fois, plus de 2,6 milliards d’euros (plus de 1 700 milliards de Fcfa) octroyés. Ce qui prouve, au passage, que l’attention accrue portée aux impacts ne nuit pas à la bonne santé de l’activité, et amplifie la confiance que nous transmettons aux investisseurs privés.

Soulignons que récemment, Proparco a joué le rôle de catalyseur en mobilisant la finance privée en faveur de l’Afrique. Notamment, le 30 octobre 2024, en faveur d’Ecobank pour une émission obligataire de 400 millions de dollars US sur le London Stock Exchange Market, et le 15 novembre 2024 au bénéfice du Towerco IHS, côté au New York Stock Exchange (NYSE), qui émettait à son tour pour 1,2 milliard de dollars US d’obligations, soit plus de 696 milliards de Fcfa.

Cette ambition, que nous portons, de contribuer à la structuration des acteurs économiques africains, se retrouve également dans notre programme de Trade finance qui permet aux banques africaines d’accroître leurs capacités de financement, et aux acteurs locaux de bénéficier de nouvelles sources de financement pour créer localement de la valeur ajoutée. Depuis deux ans, nous signons de telles garanties aux banques aux quatre coins du continent : très récemment encore à Coris Bank au Tchad pour 7 millions d’euros (4, 5 milliards de Fcfa), ou plus près encore à Afriland First Bank Cameroun, à hauteur de 20 millions d’euros (13,1 milliards de Fcfa) en juillet 2024.

Enfin, le développement de capacités locales de production et de transformation peut prendre des formes très diverses. En République Démocratique du Congo, cela pourrait ainsi se traduire par l’accompagnement des ambitions de certains acteurs du secteur bancaire, comme Rawbank, qui souhaite se donner les moyens de soutenir plus massivement les PME locales. Mais, cela pourrait également s’illustrer à l’avenir par un soutien plus direct à des projets industriels.

Quels sont les principaux chantiers sur lesquels Proparco travaille actuellement dans la région ?

En Afrique centrale, Proparco déploie plusieurs initiatives. Pour n’en citer que deux, nous pouvons mentionner les initiatives Choose Africa (évoquée plus haut), et Food and Agriculture Resilience Mission (FARM).

Choose Africa est une initiative d’accompagnement et de financement des entrepreneurs, des TPE et PME sur le continent africain. En effet, le secteur privé est un vivier d’initiatives, d’innovations et de richesses pour le continent où les startups, les TPE et les PME représentent près de 60% de l’emploi formel et 40% des PIB nationaux. C’est pourquoi en 2018, nous avons donc lancé l’initiative Choose Africa. À partir de cet ADN initial, notre mandat s’est élargi à des interventions sur les chaînes de valeur agro-alimentaire, l’appui aux projets privés d’infrastructures et une attention forte portée aux enjeux environnementaux et sociaux. Pour résumer, aujourd’hui, chacun des projets que nous soutenons doit cibler au moins un des trois objectifs stratégiques suivants : contribuer à une économie durable et résiliente en Afrique : par exemple, en renforçant les systèmes financiers locaux, en participant à l’accroissement des capacités de production locales, notamment agro-alimentaires, ou en soutenant le développement d’infrastructures.

Protéger la planète : un projet de production d’énergie renouvelable, comme un barrage hydroélectrique ou un champ solaire photovoltaïque, permettra ainsi d’atténuer les effets du changement climatique, mais protéger la planète, c’est aussi adapter nos économies et nos infrastructures au changement climatique qui est déjà tangible, ou bien encore, préserver la biodiversité de nos écosystèmes.

Enfin, réduire les inégalités : celles –ci peuvent être socio-économiques (en lien avec la réduction de la pauvreté), territoriales ou de genre (favoriser l’inclusion des femmes dans le monde économique).

Par ailleurs, si notre cœur d’offre est de proposer des instruments de financements, nous avons également souhaité renforcer notre valeur ajoutée extra-financière, sous la forme d’assistances techniques thématiques ou spécialisées, sur des enjeux par exemple de gouvernance, de normes environnementales et sociales, de certifications propres à certaines industries, ou concernant la finance climat… Cette offre d’assistance technique, dénommée Propulse, combinée à une offre de financement, va nous permettre de renforcer les capacités spécifiques de nos clients.  Cette initiative a été mise en œuvre par Proparco, et elle prévoyait 2,5 milliards d’euros (plus de 1 600 milliards de Fcfa) pour les TPE et PME africaines sur la période allant de 2018 à 2022. L’objectif initial a été dépassé, car ce sont 3,2 milliards d’euros (plus de 2 000 milliards de Fcfa) qui ont été engagés à fin 2023 sur le continent au bénéfice de plus de 40 000 entreprises, et de plusieurs centaines de milliers de micro-entrepreneurs. Comment a-t-on déployé ces financements ?

C’est un succès qui a été rendu possible grâce à environ 250 partenaires locaux des banques, des institutions de microfinance, des sociétés de crédit-bail, des fonds d’investissement et des incubateurs. Nous leur avons mis à disposition des facilités de garantie de crédit, des garanties des effets de commerce international (trade finance), des lignes de financement sur des maturités longues, des investissements, et parfois, des subventions pour financer des assistances techniques. Nos partenaires sont un vecteur essentiel, car indirectement, ils nous permettent de toucher des TPE et PME dès 500 euros jusqu’à 5 millions d’euros (327 978 – 3,2 milliards Fcfa), et d’être au plus près du quotidien de ces entreprises. Puis, à partir de 5 millions d’euros, Proparco est intervenu directement en proposant aux PME et aux corporates des prêts ou en co-investissant à côté de nos partenaires fonds d’investissement en equity (fonds propres) dans ces PME. Au total, on estime que près de 2 millions d’emplois directs et indirects seront maintenus ou créés grâce à Choose Africa.

L’initiative Food & Agriculture Resilience Mission (FARM), lancée en 2022 par Emmanuel Macron, président de la République française, aux côtés de l’Union européenne, du G7 et de l’Union africaine, vise à renforcer la sécurité alimentaire des pays africains. Les outils de financement du groupe AFD s’adressent d’ores et déjà à tous les acteurs impliqués dans la chaîne de valeur agricole en Afrique – des start-up et des TPE/PME jusqu’aux entreprises agro-industrielles matures. Sur la période 2011-2021, les entreprises des secteurs agricoles et agro-industriels ont bénéficié de financements directs et indirects à hauteur de 1,6 milliard d’euros (plus de 1 049 milliards de Fcfa) avec 114 projets, dont plus de 55 % sur l’Afrique, de la part de Proparco, filiale de l’Agence française de développement (AFD), dédiée au secteur privé.

Face à cet enjeu, la France a lancé la première phase de l’initiative « FARM Secteur privé », mise en œuvre par Proparco et Bpifrance, et développée en partenariat avec des entreprises françaises. L’enveloppe initiale de 40 millions d’euros (plus de 26 milliards de Fcfa) cible les financements directs des entreprises agro-alimentaires, ayant des difficultés d’accès au crédit, mais aussi des TPE/PME agricoles à travers le financement de partenaires bancaires et d’institutions de microfinance, pour répondre aux besoins de petits montants.

Alors que les petites exploitations agricoles contribuent significativement à une meilleure sécurité alimentaire et à une croissance économique durable au Cameroun, elles souffrent d’un déficit de financement qui freine leur développement. Proparco a décidé de s’engager en appui à ces exploitations, dans la droite ligne des efforts portés à travers l’initiative FARM. Dans ce cadre, Proparco a accordé à Advans Cameroun, une garantie de portefeuille ARIZ TPE à hauteur de 1,3 milliard de francs CFA (soit l’équivalent de 2 millions d’euros). Elle vise notamment à accompagner Advans Cameroun dans le développement de son activité de crédit dans les zones rurales du pays et tout particulièrement auprès du secteur agricole, via l’appui aux petits exploitants agricoles.

Autre exemple, Proparco accompagne avec un prêt de 13 millions d’euros, accordé au groupe Cadyst, le lancement de Cadyst Farming, sa nouvelle filiale volaille. Elle sera dédiée à l’exploitation d’une usine de provende (aliment pour volaille), et d’un site de reproducteurs et couvoirs. Cadyst poursuit donc sa stratégie de diversification en entrant sur un marché porté par une demande croissante, et une volonté politique forte de valorisation et de soutien de la production nationale. Le projet devrait permettre de faciliter l’accès à plus d’1,5 million de Camerounais à de la viande de poulet, source de protéines financièrement accessible et produite localement, dans un contexte d’inflation et d’augmentation de l’insécurité alimentaire. Enfin, Proparco a participé activement à l’organisation du Forum de l’investissement privé sur l’agriculture et l’élevage (FIPAEC) en 2023 au Cameroun aux côtés du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM) en mobilisant ses partenaires financiers à cet évènement, et les invitant à partager leurs perceptions du secteur agro-alimentaire en tant que financeur et en organisant par la suite un atelier avec ces mêmes partenaires financiers pour passer en revue les 20 projets sélectionnés par le FIPAEC, et proposer des solutions de financement pour chacun de ces projets. Positionnant ainsi Proparco comme facilitateur à même de rassembler financeurs d’un côté et porteurs de projets de l’autre. 

En outre, nous venons de lancer la dernière brique de l’initiative : I&P Accélération FARM. Déployée sur une période de cinq ans, par notre partenaire Investisseurs & Partenaires (I&P), ce dernier volet est un programme de financement et d’accompagnement qui bénéficiera à une trentaine de petites entreprises et start-ups d’un accès aux financements et aux compétences nécessaires pour leur permettre d’accélérer leur développement. Le programme sera déployé dans 6 pays francophones d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est : le Sénégal ; la Guinée ; la Côte d’Ivoire ; le Cameroun, l’Ouganda et le Kenya, avec une attention particulière à l’entrepreneuriat en zone rurale.

Quelle appréciation faites-vous du climat des affaires au Cameroun, ces 5 dernières années ?

Le premier défi pour le secteur privé au Cameroun est celui d’une nécessaire amélioration du climat des affaires. Il faut, à ce titre, saluer les efforts du Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM) pour faire progresser le climat des affaires, et proposer un cadre réformé de dialogue entre l’Etat et le secteur privé. Cette proactivité du GECAM se traduit aussi par son initiative pour élaborer un code de gouvernance pour les entreprises au Cameroun, le premier en Afrique centrale, une initiative que nous soutenons à travers un appui financier. Une bonne gouvernance est toujours un facteur clé de pérennité pour les entreprises.

Le deuxième défi me semble être l’indispensable mutation du tissu économique qui est encore très marqué par les très petites entreprises (79% des entreprises avec un CA inférieur à 15 millions de Fcfa et moins de 5 employés) mais surtout par l’informalité. Cette informalité est perçue comme un obstacle majeur par les entreprises, car elle a un effet de distorsion de concurrence.

Le troisième défi est également l’accès au financement des PME/PMI, notamment en termes de ressources longues. Seul un très petit nombre de PME du pays a accès à des prêts dépassant un an, avec un taux d’intérêt relativement élevé, et elles font face à des exigences importantes en matière de garantie. Outre les appuis de Proparco que j’ai déjà mentionnés précédemment, nous souhaitons aussi soutenir l’initiative « Finance s’engage » portée par le GECAM qui a pour objectif principal d’accompagner les efforts des institutions financières locales en faveur du financement des PME/PMI au Cameroun, pour une amélioration continue du volume des financements bancaires accordés à cette catégorie d’entreprises.

Enfin, le dernier défi pour le secteur privé que je perçois est le nécessaire renforcement des infrastructures essentielles, d’ailleurs qui peut être aussi une opportunité d’investissement pour les acteurs privés telle que le souhaite la SND 30. L’accès à l’électricité est faible : alors que le secteur industriel est dépendant de l’électricité pour 72 % de son énergie, l’insuffisance de l’approvisionnement et les pannes d’électricité freinent la croissance. La logistique de transport est faible : au-delà de l’entretien des routes, la densité routière est bien inférieure à celle des pays à revenu comparable comme la Côte d’Ivoire et le Nigeria. Cela a une incidence, non seulement sur la disponibilité en temps voulu des matières premières, mais aussi sur leurs coûts. 

 Selon le gouvernement camerounais, le taux de mortalité des nouvelles entreprises dans ce pays est dit « élevé ». D’après vous, qu’est-ce qui en est la cause ?

Au Cameroun, la mortalité des entreprises (en particulier des PME) reste très élevée : plus de 72 % de celles créées entre 2009 et 2016 ont disparu avant 2017. Le problème principal, c’est l’accès au financement. Beaucoup de PME peinent à obtenir un crédit faute de garanties suffisantes ou de documents financiers bien structurés. Elles restent ainsi exclues du système bancaire formel. Mais ce n’est pas tout. La gestion interne pose souvent problème : beaucoup d’entreprises démarrent sans véritable stratégie, avec peu de compétences en management ou en suivi des performances. Le climat des affaires n’aide pas : fiscalité instable, lenteurs administratives, manque de transparence… Résultat, beaucoup d’entrepreneurs basculent dans l’informalité, ce qui les rend très vulnérables face aux aléas économiques ou réglementaires.

Autre facteur de fragilité : la dépendance excessive à un seul client ou un marché étroit, dans un contexte déjà instable.

À titre de comparaison, la Côte d’Ivoire s’en sort mieux avec un taux de mortalité des entreprises autour de 50 %. Cela s’explique par un environnement plus dynamique, un meilleur accompagnement public des PME, et une économie davantage formalisée. Cela montre combien le cadre institutionnel et l’accès au financement peuvent faire la différence.

Vous avez pris part aux Rencontres économiques du Cameroun au mois de février 2025, quels conseils pouvez-vous donner au gouvernement camerounais pour améliorer la viabilité des entreprises ?

Ces Rencontres économiques sont l’occasion idéale pour repenser les leviers de renforcement du tissu entrepreneurial camerounais. À mon avis, la gouvernance doit être au cœur de cette réflexion. Et pas seulement la gouvernance publique : celle des entreprises, en particulier les PME, est tout aussi essentielle. Une entreprise bien gouvernée – avec des règles claires, de la transparence et un bon partage des responsabilités – a plus de chances d’accéder à des financements, de mieux performer et de résister aux crises. C’est pourquoi, avec Proparco et l’AFD, nous avons soutenu l’élaboration du Code de Bonne Gouvernance du GECAM. C’est une première en Afrique centrale. Ce code, adapté au contexte local, pose des principes concrets pour structurer la vie de l’entreprise et renforcer la confiance entre ses parties prenantes. Le Cameroun gagnerait à en promouvoir l’adoption, via les organisations patronales, et à créer des incitations, comme l’intégration de critères de gouvernance dans les marchés publics. Il faut aussi encourager l’accès à l’information, car sans transparence, pas de gouvernance efficace.

Quel est votre message à l’endroit des jeunes entrepreneurs en Afrique ?

Mon message est simple : ayez confiance en vous et créez vos propres opportunités en vous lançant dans l’entrepreneuriat. J’ai ainsi été très impressionné par le dynamisme et le professionnalisme des fondateurs de la quinzaine de startups camerounaises qui ont participé au « Challenge Fuzé », un concours de pitch organisé, le 27 janvier 2025 à Douala par Digital Africa, filiale de Proparco. Ce fut l’occasion de mesurer la vitalité exceptionnelle de l’écosystème digital camerounais, soutenu par l’Équipe France.

Depuis 2018, Proparco a ainsi investi dans plus de 200 startups de la tech « made in Africa », dont une trentaine en direct. Au Cameroun, Proparco accompagne ainsi Paysika, une startup de la Fintech, qui a précédemment bénéficié des investissements d’amorçage de Digital Africa.

L’animation de la communauté de startups et le dynamisme de la scène camerounaise sont portés par quelques incubateurs, également partenaires de Digital Africa, toujours via Fuzé : Orange Digital Center, O’Botama, CAN, Wetech, Le Boukarou, Mountain Hub, Intellium incubator et ActivSpaces. C’est d’ailleurs dans les locaux de ce dernier incubateur que se tiendra le Challenge à Douala. Plus globalement, c’est l’ensemble de l’Équipe France qui se mobilise depuis 2023 en faveur de l’écosystème digital du Cameroun, notamment au travers du projet « Start-up 237 », financé à hauteur de 2 millions d’euros par l’Ambassade de France, et coordonné par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).

Propos recueillis par Leonel Douniya

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