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Cameroun : le PAD signe avec Mira S.A un partenariat de près de 800 milliards FCFA pour moderniser le hub maritime

 Le Port autonome de Douala (PAD) et le groupe Mira S.A ont signé, le 4 novembre 2025, un partenariat public-privé évalué à près de 800 milliards FCFA. Objectif, faire du port de Douala-Bonabéri un pôle logistique moderne et compétitif. Ce projet majeur vient concrétiser un mémorandum d’entente signé en mai 2024 et marque une étape décisive dans la relance des infrastructures maritimes du pays.

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Le port de Douala, principal poumon économique du Cameroun, s’apprête à vivre une transformation structurelle. L’accord signé entre le directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o, et le PDG du groupe Mira S.A, Ibrahim Mortada, scelle une collaboration à long terme sur 30 ans. À travers ce partenariat, Mira S.A s’engage à concevoir, financer et exploiter de nouvelles infrastructures destinées à fluidifier le trafic maritime et renforcer la compétitivité du port. Le projet prévoit la construction d’un quai polyvalent de 1 500 mètres, d’un quai de plaisance de 300 mètres et d’une voie de contournement de 3 kilomètres. Une Zone d’Activités Portuaires de 41 hectares sera également aménagée, intégrant des espaces industriels, logistiques et de plaisance. L’initiative comprend aussi l’instauration de l’activité Ship to Ship, pratique essentielle pour l’accostage et le transfert direct de cargaisons entre navires.

Cette extension intervient à un moment où le PAD cherche à surmonter plusieurs défis, notamment la congestion du terminal existant, la lenteur des opérations de manutention et le vieillissement des équipements. Le projet signé avec Mira S.A constitue une réponse ambitieuse à ces contraintes structurelles et s’inscrit dans la vision gouvernementale d’un port plus performant et mieux intégré aux corridors économiques régionaux. L’enveloppe financière globale du projet s’élève à 773,784 milliards FCFA, répartie entre 560,647 milliards FCFA d’investissements fermes et 213,137 milliards FCFA additionnels. Les fonds principaux, représentant plus de 72 % de l’enveloppe, seront consacrés à la construction des quais et à l’acquisition d’équipements modernes de manutention, soit près de 462 milliards FCFA.

 À cela s’ajoutent 98 milliards FCFA pour la mise en place de la Zone d’Activités Portuaires.Les investissements complémentaires, eux, permettront d’élargir la crique, de prolonger la ligne ferroviaire existante et de construire une gare. Le dragage permanent de la zone, évalué à 113 milliards FCFA, garantira un tirant d’eau de sept mètres, condition essentielle à l’accueil des navires de grand tonnage. Une marina de 300 mètres sera par ailleurs aménagée pour les activités de plaisance et touristiques, renforçant l’attractivité du site. Mira S.A prévoit en outre la construction de trois quais distincts de 500 mètres chacun. Le premier sera réservé au ciment, le second au butane et le troisième dédié à un terminal polyvalent. Ce découpage fonctionnel permettra de spécialiser les opérations portuaires et de réduire les coûts logistiques. Un choix stratégique qui répond aux besoins croissants des opérateurs industriels et aux ambitions du Cameroun de devenir un centre de transit incontournable en Afrique centrale.

Un pari sur la compétitivité régionale

L’investissement de Mira S.A tombe à point nommé pour un port dont le trafic global a reculé de 6,9 % au premier trimestre 2025, selon les chiffres du ministère des Finances. L’usure des infrastructures, la saturation du terminal à conteneurs et la lenteur des réformes avaient fragilisé la position du PAD face à la concurrence régionale. Dans un environnement où Lomé, Abidjan et Pointe-Noire multiplient les extensions, Douala ne pouvait rester en marge. Ce partenariat public-privé ouvre la voie à une relance durable. L’expérience et la solidité financière de Mira S.A rassurent les acteurs économiques sur la capacité du projet à être mené à terme. Le modèle retenu, fondé sur une concession de trente ans, permettra de mobiliser les ressources privées tout en maintenant un contrôle stratégique de l’État sur les infrastructures portuaires.

Selon les projections, le taux de rentabilité interne du projet est estimé à 13,6 %, un indicateur encourageant pour les investisseurs. Cette dynamique va également stimuler la compétitivité logistique du Cameroun. Les exportations de produits agro-industriels, miniers et pétroliers bénéficieront d’un cadre plus fluide, tandis que le transit vers les pays enclavés du Tchad et de la République centrafricaine sera facilité. Douala entend ainsi retrouver son rôle de plateforme de transit régional, tout en attirant de nouveaux flux commerciaux grâce à ses infrastructures modernisées.

Les retombées économiques attendues

Le projet d’extension du port de Douala-Bonabéri devrait générer environ 2 000 emplois directs et indirects. Une aubaine pour les jeunes et les populations riveraines, mais aussi un levier pour les entreprises locales impliquées dans la chaîne d’approvisionnement. L’effet d’entraînement sur les secteurs du transport, du BTP et des services sera significatif. Les retombées fiscales pour l’État seront également importantes, de même que les perspectives d’industrialisation qu’offre la future Zone d’Activités Portuaires. Cet espace de 41 hectares favorisera l’implantation d’unités de transformation et de logistique, contribuant à la création de valeur ajoutée locale.

Le projet s’inscrit ainsi dans les objectifs de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), qui mise sur la modernisation des infrastructures et la diversification économique. L’engagement de Mira S.A, symbole d’une confiance renouvelée des investisseurs étrangers dans l’économie camerounaise, repositionne Douala dans le cercle des ports stratégiques africains. Si la mise en œuvre respecte les standards techniques et les délais annoncés, le port de Douala-Bonabéri pourrait se transformer en une véritable porte d’entrée compétitive pour la sous-région.

Ce partenariat, au-delà des chiffres, témoigne d’une volonté politique et économique claire. Celle de bâtir un port capable de soutenir la croissance du pays et de servir de levier à son intégration régionale. Si les ambitions se traduisent en résultats, la capitale économique du Cameroun pourrait bien redevenir le carrefour maritime incontournable qu’elle fut jadis.

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