Le miel est apprécié partout comme aliment sucré et au goût agréable. En temps de pénurie alimentaire, c’est une source précieuse de glucides qui contient des oligo-éléments et apporte une diversité nutritionnelle dans les régimes alimentaires trop pauvres. Le miel occupe souvent une place importante dans la préparation des plats traditionnels. Dans beaucoup de régions du monde, le miel est utilisé comme remède et constitue un produit dont la valeur marchande est loin d’être des moindres.
Disposant de nombreux avantages propices à la production du miel tels que le climat ou encore l’existence d’une diversité d’origine végétale, l’Afrique devrait tirer profit de cet avantage pour produire davantage de miel. Cela n’est malheureusement pas le cas. Le continent noire, à en croire la FAO ne détient que 25% de l’effectif mondial des ruches et assure à peine 12% de la production mondiale de miel et 24% de cire.
Avec 50 000 tonnes par an, d’après « Le Monde », soit 1/4 du miel africain, de variétés blanche, rouge ou jaune, le potentiel de l’Ethiopie, (premier producteur africain de miel) reste néanmoins sous-exploité (estimation à 10% de la capacité potentielle). L’apiculture dans ce pays reste une activité secondaire et les ruches servent surtout à polliniser les plantations agricoles (café, céréales, légumes). Toujours à en croire « Le Monde », depuis 2008, les marchés européens sont pourtant ouverts à l’exportation de miel depuis l’Ethiopie. « Mais le pays n’exporte que 800 tonnes de miel par an. Les périodes de sécheresse ralentissent le rendement, allant jusqu’à 450 birrs (18 EUR) le kilo à l’export en période de pénurie ».
Au Cameroun par exemple, l’apiculture est l’une des filières de l’agriculture dont l’évolution se fait en dents de scie. C’est environ 3,3 millions de litres et 3 341 tonnes de miel produits par an dans le pays, selon le ministère camerounais en charge de l’Elevage des Pêches et des Industries animales.
En dépit de la volonté affichée par les pouvoirs publics qui ont consacré une partie du Projet de développement de l’élevage (Prodel) à l’apiculture, la filière qui compte environ 20 000 producteurs avec une productivité de près de 10 000 litres par an enregistre plutôt des baisses. Si l’on s’en tient aux données de la délégation régionale des Pêches, de l’Elevage et des Industries animales pour l’Adamaoua, la partie septentrionale du pays a enregistré une baisse de la production du miel de 70%. On est passé de 3 000 litres seulement en 2017 contre 10 000 litres, un an plus tôt.
Il en est de même pour le Maroc. L’apiculture dans ce pays n’arrive pas à exprimer tout son potentiel. en 2022, la production de miel dans ce pays a atteint 6 534 tonnes, soit 10 % moins qu’un an plus tôt, rapporte le quotidien local Medias24. Selon les autorités, cette baisse du volume est principalement liée au syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles en raison de la sécheresse qui a réduit les ressources mellifères dans le pays.
Parmi les zones les plus touchées par cette situation, figure la région de l’Oriental où la productivité par ruche a chuté de moitié dans certaines fermes apicoles. Pourtant ici également, le gouvernement a mis en place une batterie de mesures entre autres, le « Plan Maroc Vert ». Une stratégie qui a participé à porter le nombre de ruches modernes de 110 000 en 2009 à 640 000 en 2019. Soit un accroissement de plus de 700% et 105% de l’objectif du contrat programme apicole fixé à 610 000 ruches modernes en 2020. Toutefois, ces efforts sont insignifiants au regard de la demande locale ou encore régionale estimée à près de 1,3 milliards de potentiels consommateurs.
L’Angola produit actuellement 90 tonnes de miel par an. Une analyse réalisée par la CNUCED dans le cadre d’un projet financé par l’Union européenne, a cependant montré que, les quelque 100 000 apiculteurs dans ce pays d’Afrique australe, pour la plupart de petits entrepreneurs, pourraient facilement doubler leur production pour atteindre 200 tonnes au minimum. Idem pour ce qui est du Nigéria dont la production ne répond qu’à 10% environ de sa consommation nationale, selon les données de l’entreprise locale Bark National Honey.
La Guinée, quant à elle, jouit également d’un potentiel mellifère riche et varié, avec une production de 3171 tonnes de miel en 2015. La filière est l’une des activités génératrices de revenus les plus importantes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le litre de miel est vendu à 1,77 dollars américains en Guinée, d’où un potentiel de revenus locaux de plus de quatre millions de dollars américains. Les revenus potentiels à l’export sont estimés à plus de 16,8 millions de dollars. Toutefois ce marché porteur est limité par une offre nationale insuffisante.
De façon générale, il est donc clair que le potentiel apicole de l’Afrique est sous-exploité. Pourtant le continent dispose de nombreux avantages en termes de climat et de végétation. Afin d’améliorer sa faible participation à la production mondiale de miel estimée, à en croire « AgriData » cabinet conseil, leader de la digitalisation agricole, à 1,8 million de tonnes et dominée par la Chine également le premier exportateur avec 129 261 tonnes, devant l’Argentine (70 322 tonnes) et l’Ukraine (67905 tonnes), les Etats du continent se doivent d’investir dans la modernisation de l’apiculture locale.
Ceci en mettant sur pied entre autres : des techniques modernes de production de miel et de cire; des politiques d’accompagnement des apiculteurs, inciter des investisseurs locaux et étrangers à explorer les avantages qu’offre la filière ; travailler au respect des normes internationales de productions…