D’après l’analyse du marché de la beauté en Afrique par Mordor Intelligence ,la taille du marché cosmétique en Afrique devrait passer de 3,55 milliards USD en 2023 à 4,95 milliards USD d’ici 2028, à un TCAC de 6,86% au cours de la période de prévision (2023-2028).
Dans les pays subsahariens francophones, le Cameroun et la Côte d’Ivoire sont considérés comme les principales portes d’entrée pour le marché des produits cosmétiques en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.
Ces deux locomotives économiques de l’espace francophone présentent un potentiel énorme et affichent +8 % de croissance en moyenne sur les 5 dernières années pour la filière cosmétiques, évalué à 580 M EUR en 2018. A eux deux, le Cameroun et la Côte d’Ivoire pèsent 50 millions d’habitants et innervent un marché de plus de 432 millions de consommateurs.
Le Cameroun et la Côte d’Ivoire font figure de nouvel eldorado pour les marques de parfumerie/cosmétique, mais restent confrontés à la concurrence du commerce informel considéré comme une fatalité pour l’économie de ces pays, estimé à 40 % de la valeur globale du marché au Cameroun. En Côte d’Ivoire, le poids du commerce parallèle est tout aussi important et impacte lourdement le marché global évalué de 270 M EUR en 2018, avec une croissance de 5 % sur l’année. 73 % de l’offre demeure importée, bien qu’il existe une industrie locale assez développée.
La fascination pour paraître plus jeune augmente parmi la population africaine et les marchés en développement fournissent une énorme plateforme pour la croissance du marché. Au-delà de l’Afrique francophone, le marché de la beauté en Afrique évolue vite, tiré par la croissance démographique d’un continent de 1,4 milliard de consommateurs potentiels – qui seront environ 2,4 milliards d’habitants d’ici 2050 – avec une classe moyenne croissante.
Consommation des produits cosmétiques en Afrique
Estimé à plus de 228 milliards d’euros à l’échelle mondiale, le marché des cosmétiques est en plein essor, affichant en 2022 une croissance de 6 % par rapport à l’année 2020. Une croissance qui ne délaisse pas le continent africain, où l’industrie des cosmétiques devrait atteindre 653 millions de dollars d’ici 2024, selon des données de Mordor Intelligence.
En effet ; les femmes noires n’achètent plus de produits qui leur vont à peu près bien. Elles sont devenues exigeantes sur ce qu’elles veulent et souhaitent avoir le choix dans l’achat de produits qui sont adaptés aux spécificités de leur peau. Selon la BBC, 50% des femmes noires ne trouvent pas la bonne teinte de fond de teint.
Le marché cosmétique sud-africain est le plus puissant du continent (valeur évaluée à 3 milliards d’euros en 2020). L’Afrique du Sud compte environ 60 millions d’habitants. En moyenne, le budget beauté annuel, et par personne, équivaut à une centaine d’euros.
Par ailleurs, avec 335 millions de consommateurs et une classe moyenne grandissante, l’Afrique francophone subsaharienne a un marché de produits cosmétiques déjà bien structuré, avec des consommatrices africaines à la recherche de services et produits de beauté de qualité, des marques africaines qui foisonnent, des marques internationales de plus en plus présentes, des instituts de beauté aux standards internationaux, des influenceuses avec des communautés engagées.
Quelques industries implantées en Afrique
Au cours des dernières décennies, les consommateurs africains utilisaient les cosmétiques importés, sans tenir compte de leurs textures et leurs constituants. Plusieurs enquêtes, notamment celles d’Euromonitor, révèlent que les africains deviennent de plus en plus exigeants, quant aux produits qu’ils utilisent.
De plus en plus, les gens préfèrent les produits aux ingrédients naturels comme les herbes locales, des ingrédients adaptés à la peau noire, des remèdes aux imperfections comme les taches sur la peau, des traitements antivieillissement. Voilà qu’ont bien compris un bon nombre d’entrepreneurs africains qui ont investi dans cette artère du marché cosmétique en Afrique et qui s’en sortent pas mal.
La lionne de l’industrie cosmétique, Tara Fela-Durotoye
C’est la directrice générale et directrice de création de House of Tara International, la plus grande société de maquillage nigériane. Invitée à maquiller la femme d’un dignitaire pour son mariage, elle investit $100 pour les produits. C’est ainsi que commença House of Tara.
Au fur et à mesure, elle réalisa le manque sur le marché des produits destinés à la peau noire. Apres plusieurs recherches, elle commença à fabriquer ses propres produits. L’organisation est vite passée d’une petite entreprise de maquillage, à une entreprise aux 17 franchises avec plus de 4.000 représentants de vente indépendants.
Tara House opère sur trois principaux secteurs d’activité: Studio de Make-up, école de maquillage et ligne de produits Tara, comprenant des produits de beauté et des kits de maquillage professionnel. Tara est la créatrice de trois célèbres lignes de produits : Tara Orekelewa Beauty, Inspired Perfume et H.I.P Beauty.
Zeze Oriaikhi, leader de l’industrie cosmétique en Afrique du sud
Lorsque Zeze rentra de l’Angleterre en 2009, les produits cosmétiques qu’elle avait l’habitude d’utiliser en Occident ne tenaient plus sur elle, et lui causaient des allergies. Elle réalisa que les produits occidentaux n’étaient pas adaptés au climat de l’Afrique. C’est alors qu’elle décida de commencer la production de sa propre ligne de produits. C’est ainsi que commença Malée Cosmetics.
Pour commencer, je me suis mise dans la peau du consommateur pour identifier le genre de produits qui marcheraient. Je commençais alors à en apprendre davantage sur les ingrédients,
dit-elle lors d’une interview accordée à CNN. Elle réalisa l’absence d’ingrédients naturels dans la plupart des produits de ses enquêtes. Elle venait de découvrir une niche. Ensuite, elle entra en contact avec des chimistes, avec qui, elle constitua une équipe de recherches et de développement qui ensuite découvrit les vertus, sur la peau, de plusieurs plantes et herbes abondantes en Afrique du Sud, notamment : l’avocat ; la noix de coco ; l’amande ; le blé ; le beurre de karité ; l’aloe vera ; la menthe ; la pamplemousse et le thé extrait d’arbres.
Ces ingrédients ont donné naissance à des produits naturels de qualité, y compris des savons ; des hydratants ; des parfums ; shampooings et revitalisants produits par Malee et commercialisés en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.
Suzie Wakobi, leader de l’industrie cosmétique Kenyane
Suzie beauty a été créée par Suzie Wakobi en 2011, après son retour des Etats-Unis et une rupture en produits dans sa trousse de beauté.
Suzie décida alors de se lancer dans l’industrie de fabrication des produits cosmétiques, particulièrement les make-up ou fonds de teint. Apres quelques mois d’apprentissage sur le net, les vidéos, et en rentrant en contact avec des producteurs déjà établis, elle organisa une levée de fonds et collecta $187 mille.
Dans un premier temps, Suzie choisit d’importer les matières premières de l’Occident et de l’Orient, le temps de mieux comprendre les herbes locales. Les premiers produits de cette jeune entreprise furent sur le marché en mai 2012, et en décembre de la même année, elle avait déjà un revenu de $142 mille.
En 2014, la ligne Suzie regorge une quinzaine de produits qui sont vendus dans une trentaine de boutiques au Kenya et Suzie Beauty est à sa troisième franchise. Dans une interview accordée à Kuza Biashara Kenya, Suzie affirme être en bonne position d’affaires et que Suzie Beauty continue son bon bout de chemin. Suzie venait d’ouvrir le «Suzie Beauty School of Makeup Artistry», une école de maquillage. Elle vend ses make-up à $10, le produit.
Victor Rasugu
Animés par l’envie d’échapper à rejoindre le nombre toujours croissant de jeunes instruits mais sans emploi au Kenya, Victor et deux de ses amis, alors étudiants, décidèrent de se lancer dans l’entrepreneuriat. Apres avoir examiné plusieurs idées d’affaires, ils décidèrent d’investir leur capital de $1900 dans l’industrie des produits cosmétiques. Ils avaient réalisé que la plupart des dames achetaient des lotions à base de la glycérine et mélangeaient les deux.
En 2010, Victor et compagnie font une offre d’achat de la société à la hauteur de $340 mille, une offre qui fut rejetée, car la vraie valeur de la société était à l’époque estimée à $830 mille. Aujourd’hui, la société génère entre $35 et $40 mille de profits par an, et la société vend ses produits sur toute l’étendue du territoire kenyan. Vidéo.
Christian Ngan, le king de l’industrie des produits cosmétiques en Afrique centrale
En début d’une carrière professionnelle prometteuse dans le monde de finance en Europe, Christian Ngan décide contre toute attente de rentrer au Cameroun pour monter une entreprise dans les cosmétiques. Avec un capital de $3000, Christian fonde Madlyn Cazalis. Il produit lotions, laits de beauté, crèmes, savons, gommages et sérums pour peaux noires et métissées, tous, à base des plantes africaines.
Il ajoute à cet aspect naturel de ses ingrédients, une valeur traitante à ses produits : lotions antitaches aux crèmes traitant les imperfections de la peau, Madlyn Cazalis a de quoi séduire les Camerounais. En moins de 24 mois, cette gamme de produits envahit l’industrie des produits cosmétiques dans cette région d’Afrique. De nos jours, les produits Madly sont disponibles au Cameroun et au Gabon, avec l’objectif de conquérir toute l’Afrique centrale. Vidéo.
Marché concurrentiel
L’industrie des produits cosmétiques est l’une des rares qui garantit un bon retour d’investissement, et qui offre de nombreuses opportunités en Afrique. Le marché des cosmétiques peut sembler occupé, il est au fond très ouvert pour des entrepreneurs objectifs.
Des géants comme le leader mondial du cosmétique, L’Oréal, ou encore les pros de l’hygiène Unilever et Procter & Gamble, arrosent largement l’Afrique subsaharienne. Sans compter les grandes entreprises locales comme Biopharma au Cameroun ou Sivop en Côte d’Ivoire – l’un des pays que vise Kamel Moula -, qui sont parvenues à devancer les marques internationales.