Dieudonné Elanga Elanga ne se décourage pas en dépit de l’indifférence de quelques visiteurs qu’il interpelle sans relâche, au passage devant le stand qu’il anime sur le site de la Foire internationale des affaires et du commerce de Douala (FIAC).
Il ne baisse pas les bras, car il croit dur comme fer que ses compatriotes finiront par comprendre le bien-fondé de la consommation de produits locaux, sortis des plantations camerounaises et fabriqués par des mains expertes de Camerounais. L’opérateur est animé d’un optimisme.
Le promoteur de la marque Arthur Bio Agrotech Sarl fait partie des cinq acteurs de la transformation du cacao et du café made in Cameroon, que le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) a conviés à la deuxième édition de la FIAC, qui se déroule depuis le 1er novembre dans la cuvette du stade Omnisports de Douala, au quartier Bépanda.
Les acteurs de la filière occupent les stands 34, 35 et 36 souscrits par le CICC. Ils ont tous pour dénominateur commun d’appartenir au collège des transformateurs du CICC, notamment l’Union des transformateurs du cacao et café du Cameroun (UT3C).
C’est ce pool des transformateurs qui a été sollicité par le CICC pour exposer et vendre les marques de cacao et de café camerounais à la FIAC 2023. Mais, compte tenu de l’espace limité, seuls cinq opérateurs, tous membres de cette Union, exposent leur savoir-faire dans la cuvette de Bépanda.
La petite unité industrielle de Dieudonné Elanga Elanga a vu le jour il y a dix ans et elle est basée à Douala-Bassa, où elle transforme la matière première (cacao, café et produits dérivés) récoltée depuis la localité d’Akonolinga.
Liqueurs, vins et boissons alcoolisées à base de cacao
J’ai mes propres plantations dans le [département du] Nyong-et-Mfoumou. La superficie de la production est de 3 hectares et elle est en pleine extension,
s’empresse-t-il de déclarer. A la question de savoir s’il produit en quantité suffisante pour satisfaire le marché, le promoteur dit veiller à ce qu’il n’y ait jamais de rupture.
Il s’adapte donc au marché de la demande. Cet opérateur est promoteur des marques « Elanga », qui comprennent les liqueurs, les boissons alcoolisées mais aussi des vins à base de cacao et de café. Et beaucoup d’autres dérivés.
Les autres marques camerounaises en promotion sur le site de la FIAC 2023 sont la « Terre noire » et le « Cacolep », promues respectivement par les sociétés Torrecam basée à Bonabéri, et Les Plantations de Lepmamb basée à Yaoundé et ayant ses champs à Bondjock dans le Centre Cameroun.
Cette dernière a été créée il y a tout juste un an et demi. « Nous avons un peu plus d’une trentaine d’hectares de cacao, dont nous transformons les fèves », nous confie Samuel Eone Eone, représentant de la marque Cacolep sur le site de la FIAC. « Nous sommes encore à la phase d’essai mais, déjà, nous en tirons profit. Nous avons une satisfaction en termes de rentabilité », poursuit-il.
« Camerouniser et africaniser » la consommation du cacao et du café
Les plantations de café de la société Torrecam sont basées à Bafoussam, à l’Ouest Cameroun, tout comme les usines de Cristal Coffee, qui est un produit de la société Tobitor.
Nos plantations sont gérées par des GICs (Groupements d’initiative privée) que nous avons formés nous-mêmes. On a un minimum pour garantir les stocks,
affirme Idriss Mboumbou, promoteur de la marque « Terre Noire ». Celle-ci est conditionnée sous plusieurs emballages, y compris sous la forme de capsules de café.
La promotion du cacao et du café « Made in Cameroon », comme celle de nombreux autres produits fabriqués sur le continent (y compris le café Vital également en promotion à cette foire), bute encore sur les complexes.
Il faut créer un marché de consommation locale, camerouniser et africaniser nos produits,
suggère Dieudonné Elanga Elanga, le promoteur d‘Arthur Bio Agrotech Sarl. Il évoque notamment la nécessité de déconstruire les préjugés liés à une pseudo supériorité des produits issus des importations.
C’est ce à quoi s’emploie le Conseil interprofessionnel du cacao et du café.
Nous assurons la promotion de la production et la transformation du cacao, du café et produits dérivés, ainsi que la consommation des produits locaux,
déclare à Invest-Time, un responsable du CICC, qui n’a pas souhaité être cité. Mais les actions de cette association de droit privé et à but non lucratif, demeurent insuffisantes. L’accompagnement des pouvoirs publics est une impérieuse nécessité.