C’est un matériel médical incontournable pour faire face à certaines affections, notamment respiratoires. Mais, la disponibilité de l’oxygène médical est toujours un sujet de préoccupation dans les hôpitaux, surtout sur le continent. Selon ONU INFO, pendant que la Covid-19 faisait des ravages, plusieurs pays en développement avaient fait face à un manque d’oxygène pour répondre aux nécessités urgentes de malades. L’organisation UNITAID avait même estimé à 1,6 milliard de dollars, les besoins globaux de financement par an pour les pays les plus pauvres.
Cet organisme international basé à Genève estimait que plus d’un demi-million de personnes avaient besoin de 1,2 million de bouteilles d’oxygène par jour dans les pays en développement. Un groupe de travail avait même déterminé un besoin de financement immédiat de 90 millions de dollars pour relever les principaux défis en matière d’accès à l’oxygène dans une vingtaine de pays, dont le Malawi, le Nigeria et l’Afghanistan.
Bien que l’oxygène soit vital pour le traitement efficace des patients souffrant d’affections respiratoire, comme la Covid-19, l’accès dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire est limité en raison du coût, des infrastructures et des obstacles logistiques.
Les établissements de santé n’ont souvent pas accès à l’oxygène dont ils ont besoin et disposent souvent d’une infrastructure limitée pour fournir de l’oxygène au chevet des patients. Cette situation est aggravée par les retards logistiques, qui font que l’oxygène arrive trop tard pour sauver des vies. Et pour l’UNITAID, il s’agit donc
d’une urgence mondiale qui nécessite une réponse mondiale.
Selon une nouvelle analyse de l’UNICEF, de la Clinton Health Access Initiative (CHAI), de Save the Children et du Murdoch Children’s Research Institute, on estime qu’en raison de la pneumonie grave, chaque année, 4,2 millions d’enfants de moins de 5 ans, dans 124 pays à revenu faible et intermédiaire, affichent des niveaux dangereusement faibles d’oxygène.
Ces organisations ajoutent que les perturbations des services de santé dues à la pandémie de COVID-19 ont menacé de compliquer davantage la lutte contre l’infection qui tue le plus d’enfants dans le monde et coûte déjà chaque année la vie à plus de 800 000 enfants de moins de 5 ans.
Les pays pauvres étaient déjà confrontés à des déficits criants dans la distribution et l’approvisionnement de l’oxygène, avant même le déclenchement de la pandémie de COVID-19.
Néanmoins, l’explosion des besoins provoquée par la pandémie a mis ces manques en lumière. À la suite du déclenchement de la pandémie, une aggravation des pénuries et des hausses des prix de l’oxygène ont été signalées dans des pays qui affichent les nombres les plus élevés de décès provoqués par la pneumonie chez l’enfant, comme l’Inde, le Bangladesh et le Nigéria.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les pays les plus pauvres pourraient actuellement ne disposer que de 5 % à 20 % de l’oxygène médical dont ils ont besoin, dans l’ensemble. La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de produire de l’oxygène localement en Afrique à un coût abordable.
Investir dans des solutions locales en Afrique
Dans une tribune, Dr Moumouni Kinda, Directeur général d’Alima et Philippe Duneton, Directeur exécutif d’Unitaid décrivent un manque d’accès à l’oxygène médical en Afrique, faute d’investissements des fabricants étrangers d’équipements dans ce domaine. Moumouni Kinda et Philippe Duneton en appellent à la création d’une filière africaine de l’oxygène en circuit court, afin de garantir son accès sur tout le continent. Selon eux, e manque d’accès à l’oxygène tue.
Les soignants l’observent chaque jour en Afrique. La pneumonie et les autres pathologies qui entraînent des détresses respiratoires sont une des principales causes de la mort des jeunes enfants du continent. Plus de 700 000 enfants de moins de 5 ans en sont victimes chaque année, dont plus de 153 000 nouveau-nés, qui courent un risque particulièrement élevé d’infection (Unicef 2022).
Malheureusement, regrettent ces médecins, l’augmentation de la demande mondiale, ces deux dernières années, encourage les principales entreprises spécialisées dans les équipements d’oxygène à privilégier les commandes les plus rentables, favorisant les nouvelles installations.
Cette aspiration lucrative entraîne une négligence des besoins de pièces détachées nécessaires aux réparations réalisées par de plus petits acteurs, comme les travailleurs humanitaires ou les hôpitaux. Cela met en péril la pérennité des sources d’oxygène existantes.
Selon l’OMS, l’oxygène est un médicament essentiel et ne peut être laissé au jeu féroce des lois du marché. Son approvisionnement doit être régulé et planifié pour satisfaire la demande de manière équitable. Face à ces constats, l’enjeu n’est pas tant de mettre l’Afrique sous respirateur artificiel, mais bel et bien de lui donner un nouveau souffle en construisant une filière de l’oxygène en circuit court et équitable, croient savoir ces médecins.
Après deux années de pandémie, les ONG ont pu identifier des dysfonctionnements structurels. Pour atteindre tous les patients, où qu’ils soient, et garantir la disponibilité de l’oxygène médical, sa qualité, son juste prix, la formation des ressources humaines, ainsi que la sécurité des usages, il est essentiel de privilégier une approche systémique.
En Afrique, la systématisation du recours à l’énergie solaire pour garantir la continuité de la production d’oxygène dans les milieux ruraux laisse entrevoir beaucoup d’espoir, et donc de résilience. Au Mali par exemple, Alima (The Alliance for International Medical Action), a installé des panneaux solaires pour assurer l’approvisionnement en électricité du centre de santé de référence de Dioïla.
Cette installation permet de maintenir le bon fonctionnement du concentrateur d’oxygène en temps réel au bénéfice des enfants hospitalisés. À terme, les pays aux revenus les plus faibles doivent pouvoir atteindre l’autonomie énergétique des infrastructures et produire eux-mêmes leur oxygène médical.
Le personnel de santé doit aussi être sensibilisé et formé pour utiliser de manière efficiente cet élément coûteux qu’est l’oxygène, et maîtriser la maintenance technique des installations. Depuis 2019, des progrès ont été faits.
Des centaines de soignants ont été formés à l’oxygénothérapie (utilisation des répartiteurs, prévention des infections associées aux soins, sécurité des bouteilles d’oxygène) et à l’utilisation de l’oxymètre de pouls (outil de diagnostic) chez les enfants de moins de 5 ans lors des consultations médicales de routine. Mais faute d’investissements, la mise à l’échelle d’une telle stratégie au niveau continental demeure lointaine et incertaine.
ALIMA et ses partenaires au chevet de l’Afrique
Le projet « Breath for All », rendu possible grâce au soutien financier d’Unitaid, est un nouveau projet développé par ALIMA pour améliorer l’accès à l’oxygène au Mali, en Guinée, au Soudan et au Burkina Faso.
ALIMA et ses partenaires, Électriciens sans Frontières (ESF) et Build Health International (BHI), travaillent en étroite collaboration avec les ministères de la santé afin de proposer des solutions innovantes d’accès à l’oxygène, durables, rentables et adaptées aux contextes locaux.
L’objectif d’ALIMA est clair : sensibiliser et mobiliser les ministères de la Santé du Mali, de Guinée, du Soudan et du Burkina Faso afin d’ajouter parmi les priorités de leurs agendas respectifs le renforcement et la pérennisation de l’accès à l’oxygène.
Avant la pandémie de COVID-19, l’accès à l’oxygène médical était déjà limité en Afrique. Pour la plupart des pays, la fourniture d’oxygène médical est complexe et comporte de nombreux défis car le maintien de sources d’oxygène durables et résistantes est une démarche lourde et coûteuse qui nécessite des aménagements hospitaliers.
Mais aussi, une source d’énergie constante et fiable, une maintenance et des réparations pérennes, ainsi qu’un transport et une logistique continus. Enfin, une main d’œuvre qualifiée et une forte implication de la part des gouvernements sont nécessaires. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, les infections respiratoires aiguës sont une des premières causes de mortalité, notamment au sein des populations vulnérables comme chez les enfants de moins de 5 ans.
Pour éviter ces drames, le projet d’ALIMA a pour ambition d’apporter des solutions adaptées tout au long du parcours du patient. Au niveau des grands hôpitaux, des centrales de production d’oxygène en panne sont réhabilitées grâce à l’expertise de BHI, ainsi les patients peuvent être pris en charge sur place, plus rapidement.
Dans les hôpitaux de zones rurales, l’accès à l’oxygène est rendu pérenne et autonome grâce à la mise en place d’énergie solaire avec le soutien technique d’ESF et la formation des techniciens pour la maintenance. Ce système permet de rendre l’oxygène disponible, même dans les zones reculées. Enfin, les sources d’oxygène sont décentralisées sous forme de stations mobiles au niveau des centres de santé des zones reculées, pour que chaque patient ayant une détresse respiratoire puisse être transporté vers l’hôpital sous oxygène.
De l’oxygène à prix abordable au Kenya
C’est le pari réussi de l’entreprise Hewatele au Kenya. Pour combler le manque d’oxygène dans les hôpitaux kenyans, l’entrepreneur Bernard Olayo a conçu un système de stations de production de ce gaz, dans des bonbonnes.
Avec ce modèle reproductible et peu coûteux, il espère répandre sa solution dans plusieurs pays africains. Hewatele, mot swahili pour « air abondant », est une entreprise kenyane qui entend approvisionner les hôpitaux africains en oxygène pour sauver les personnes atteintes de Covid-19 et autres maladies respiratoires.
Sa stratégie consiste à construire de petites unités d’oxygène à proximité des hôpitaux, à la différence des gros producteurs qui privilégient généralement les grandes installations centralisées. Avec des bouteilles adéquates, une usine bien entretenue et un ou deux camions de distribution, l’entreprise peut fournir de l’oxygène à tous les établissements de santé dans un rayon de 100 kilomètres.
C’est en 2014 que Bernard Olayo, entrepreneur et médecin, a fondé son entreprise après avoir constaté le manque d’oxygène dans les hôpitaux. L’activité de Hewatele a véritablement décollé avec la pandémie de Covid-19.
En peu de temps, sa capacité de production a triplé. Le nombre de travailleurs dans les usines et de chauffeurs a été doublé, et l’entreprise a loué des camions supplémentaires pour la distribution. Des collecteurs d’oxygène ont également été construits pour faciliter la circulation des bouteilles.
Plutôt que de construire des usines dans les hôpitaux, Hewatele construit des réservoirs et des compresseurs pour remplir les bouteilles et les distribuer localement. Avec cette méthode, l’entreprise peut réduire le prix de l’oxygène de moitié tout en réalisant des bénéfices.
Ce modèle permet aussi de casser les prix de ses concurrents sur un marché où l’oxygène est rare et coûte cher. Il peut être reproduit dans les pays en développement en raison de son prix accessible, d’autant plus que les infrastructures sanitaires sont peu fiables et le financement alloué à la santé et à la recherche scientifique insuffisant.
A ce jour, Hewatele détient environ 10 % du marché kenyan et dessert quelque 250 hôpitaux. Bernard Olayo affirme avoir déjà levé 4 millions de dollars, et chercher au moins 13,5 millions de dollars pour financer son expansion.
Avec ce financement, le fondateur espère construire une grande usine d’oxygène liquide et commencer à exporter le gaz vers les pays voisins. Son ambition, atteindre 40 % du marché kenyan et produire 2 000 tonnes de bouteilles d’oxygène en 2023.
Un marché qui a un bel avenir
Selon une analyse de Modor Intelligence, sur la taille et la part du marché des bouteilles de gaz d’oxygène médical – tendances et prévisions de croissance (2023 – 2028), une augmentation de la population gériatrique devrait stimuler le marché des bouteilles d’oxygène médical portables au cours de la période de prévision.
Les patients gériatriques alités sont susceptibles d’utiliser des réserves d’oxygène d’urgence pour avoir une respiration stable. Par exemple, selon le rapport WPP 2022, la part de la population mondiale âgée de 65 ans ou plus devrait passer de 10 % en 2022 à 16 % en 2050.
En 2022, on s’attend à ce qu’il y ait 771 millions de personnes âgées de 65 ans ou plus dans le monde. La population âgée devrait atteindre 994 millions d’ici 2030 et 1,6 milliard d’ici 2050.
Étant donné que les bouteilles d’oxygène médical portables sont faciles à manipuler et à déplacer, la population gériatrique a tendance à adopter des bouteilles portables, stimulant ainsi la croissance du marché. En outre, la présence de concurrents, les lancements de produits et la collaboration dans le domaine des bouteilles d’oxygène portables sont susceptibles de stimuler la croissance du marché.
Ces facteurs peuvent augmenter la disponibilité du produit sur le marché ainsi qu’une plus grande concurrence, ce qui devrait avoir un impact positif sur le marché. Par exemple, en septembre 2022, la start-up O2 Himalaya, basée à Gangtok, devait lancer une bouteille d’oxygène portable offrant au moins 350 bouffées, servant de premiers soins et apportant un soulagement immédiat aux patients souffrant de problèmes respiratoires lors d’une randonnée dans les montagnes.
Le produit est susceptible de se vendre avec le Département du tourisme de l’État, obligeant les parties impliquées dans des voyages en haute altitude à avoir de l’oxygène dans leurs véhicules. De plus, l’oxygénothérapie à long terme (LTOT) est parfois prescrite aux patients atteints d’un cancer du poumon avancé qui sont des candidats potentiels à la chimiothérapie.
Dans de tels cas, il y a de fortes chances d’adopter des bouteilles d’oxygène médical portables pour les patients atteints de cancer du poumon, stimulant ainsi la croissance du marché au cours de la période de prévision.
En outre, les progrès technologiques dans le domaine des bouteilles d’oxygène gazeux sont l’un des principaux facteurs moteurs de la croissance du marché. En juillet 2021, IIT Ropar a développé un dispositif de rationnement de l’oxygène appelé AMLEX qui fournit un volume d’oxygène requis au patient pendant l’inhalation et les voyages lorsque le patient expire du CO2.
Ce processus permet d’économiser de l’oxygène qui, autrement, est inutilement gaspillé. L’appareil peut fonctionner sur une alimentation portable (batterie) et une alimentation ligne (220V-50Hz).
En outre, en février 2021, INOX-Air Products Inc., a investi un montant de 2 000 crores INR (243 millions USD) pour augmenter de 50% la capacité d’oxygène médical de la société, avec huit nouvelles unités de séparation des gaz de l’air en Inde au cours des 36 prochains mois. Il donne un coup de pouce essentiel à l’infrastructure médicale en Inde.
Le marché des bouteilles de gaz d’oxygène médical est modérément concurrentiel, avec plusieurs acteurs dans le monde entier. Des entreprises comme Invacare Corporation, Medical Depot, Me.Ber. SRL, B.N.O.S. Meditech Ltd, OrientMEd International, Royax, O2 CONCEPTS, Precision Medical Inc., Catalina Cylinders et Luxfer Gas Cylinders, entre autres, détiennent une part de marché substantielle sur le marché étudié. Les Leaders dans ce marché des bouteilles de gaz d’oxygène médical sont Invacare Corporation ; Medical Depot ; B.N.O.S. Meditech Ltd. ; Catalina Cylinders et Desco Medical India.