Toyota va effectuer un investissement initial de 4,9 millions de dollars (800 millions de shillings) dans l’usine Kenya Vehicle Manufacturers Limited, à Thika. L’accord y relatif a été signé par le gouvernement kenyan et le constructeur automobile Toyota. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une politique nationale visant à promouvoir la fabrication locale de véhicules et à réduire les importations.
Des mesures initiées alors que les véhicules d’occasion inondent le pays. Il faut noter que le Japon est le principal fournisseur du Kenya en véhicules d’occasion, selon l’Agence Ecofin. Près de 80% du parc automobile national kényan est composé des modèles japonais.
Environ 7 000 à 10 000 unités sont débarquées par mois dans le pays en provenance du Japon. Des constructeurs automobiles issus des Émirats arabes unis, du Royaume-Uni, de la Thaïlande et de l’Afrique du Sud approvisionnent également le pays en voitures de seconde main. À travers cet accord, le gouvernement a à cœur de promouvoir la consommation locale.
L’objectif est de s’assurer que les véhicules fabriqués localement sont abordables et ainsi décourager l’achat de voitures d’occasion. Nous devons avoir un équilibre entre le nombre de véhicules importés et ceux des véhicules nouvellement fabriqués,
a déclaré William Ruto, président du Kenya. Un processus engagé par le gouvernement depuis 2021. Le pays avait alors mis en place des mesures restrictives sur l’importation des véhicules d’occasion.
À la conquête de la Zlecaf
Depuis l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le Kenya a entrepris de doubler sa production manufacturière. Le secteur automobile ne s’est pas faite attendre. Les constructeurs automobiles locaux ont revu leur production à la hausse. C’est le cas de Mobius Motors, une entreprise de production de véhicules née au Kenya en 2010. En 2014, Mobius Motors a mis 50 véhicules adaptés aux besoins des Africains sur le marché, selon Carjager. Dès cette année 2024, le constructeur kényan espère écouler 1000 véhicule par an. Une quantité qui permettra au Kenya de s’attaquer à la Zlecaf.
Pour garantir la qualité des produits mis sur le marché, les dirigeants de cette unité de production misent sur une matière première locale. Ces derniers entreprennent de faire émerger des fournisseurs locaux à deux conditions : proposer des volumes de production importants, et surtout demander des pièces introuvables ailleurs, selon RFI. Ainsi, l’adaptation des châssis ou des amortisseurs aux routes kényanes et africaines permet à Mobius d’innover et donc d’augmenter ses chances de survie au sein d’une industrie africaine encore très fragile.
Les opportunités offertes par la Zlecaf ont aussi séduit les constructeurs étrangers. En 2022, Mitsubishi a annoncé reprendre ses activités de fabrication en Afrique 11 ans après la fermeture de son usine en Afrique du Sud. Avec l’ouverture d’une unité de production au Kenya le géant japonais de l’automobile veut s’entendre sur le marché africain en tirant profit de la suppression des droits de douane, prévue par l’accord relatif à la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine. Il faut noter que le constructeur japonais a vendu 21 000 véhicules en Afrique en 2021, soit environ 2 % de ses ventes à l’échelle mondiale.
L’Afrique, nouvel Eldorado des constructeurs ?
Selon le rapport Mordor Intelligence intitulé « Analyse de la taille et de la part du marché automobile en Afrique : tendances et prévisions de croissance (2023 – 2028) », la taille du marché automobile africain devrait passer de 1,33 million d’unités en 2023 à 1,78 million d’unités d’ici 2028, à un Taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,04% au cours de la période de prévision 2023-2028.
Le document justifie cette croissance par les mesures d’incitation mises en place par les gouvernements afin de créer des perspectives positives pour le marché. Sur le continent, les pays comme le Nigeria et le Kenya mettent en place des mesures favorables au climat des affaires. Au Kenya, la politique automobile nationale vise à augmenter les exportations de produits automobiles vers la région de l’Afrique de l’Est. Lesquelles exportations sont passées de 5% en 2018 à 15% en 2022. Des résultats satisfaisants obtenus grâce aux taxes imposées sur les véhicules importés.
Dans le même sillage, le Nigeria a imposé des droits d’importation de 70% et des taxes sur les voitures importées. Cette mesure a entraîné une augmentation du volume de véhicules assemblés et fabriqués localement dans le pays. Ce dynamisme dans l’industrie automobile africaine intervient dans un contexte où la demande est de plus en plus forte. En 2021, les automobilistes africains ont acheté environ 833 020 voitures, l’Afrique du Sud étant la première destination des voitures particulières, selon Mordor Intelligence.