La consommation de viande de poulet en Afrique a doublé au cours des deux dernières décennies et devrait continuer à augmenter dans les années à venir. Selon des données de la FAO de 2020, la production avicole en Afrique subsaharienne a augmenté de près de 50% au cours des dix dernières années passant de 4,7 millions de tonnes en 2009 à 7,0 millions de tonnes en 2018. Le marché avicole en Afrique subsaharienne est estimé à environ 20 milliards de dollars US par an, selon un rapport de la Banque africaine de développement.
En effet, les coûts de production de la volaille sont relativement moins élevés en Afrique, ce qui constitue un avantage pour les entrepreneurs. Les matières premières nécessaires à l’alimentation des poulets, telles que le maïs, le soja, sont disponibles en quantité. Cet avantage permet de générer des marges bénéficiaires assez intéressantes, même avec des prix de ventes relativement bas.
Une forte demande à satisfaire
En 2021, l’industrie avicole d’Afrique de l’Ouest a fourni seulement 26% de la demande régionale en viande de poulet. Dans les pays d’Afrique de l’Ouest, les filières avicoles locales peinent à satisfaire la demande vigoureuse de viande de poulet en raison notamment des importations à bas prix provenant de pays occidentaux qui subventionnent les éleveurs, des coûts de production élevés et de l’absence de transformation de la production locale, selon un rapport publié en juin dernier par Ecofin Pro.
Les principaux producteurs en Afrique de l’Ouest sont le Nigeria, le Burkina Faso, le Sénégal, le Ghana et la Côte d’Ivoire. La production de la région a cependant évolué à un rythme moindre par rapport à la vigueur de la consommation tirée par le boom démographique et l’urbanisation galopante. Ce déficit de l’offre a entraîné une forte hausse des importations depuis l’Union européenne, les États-Unis et l’Amérique du Sud (Brésil principalement), propulsant la région au rang de premier marché d’importation de viande de poulet sur le continent africain.
D’après les données de l’annuaire statistique de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAOStat), le volume des importations a plus que doublé entre 2011 et 2021 passant d’environ 333 500 tonnes à 670 000 tonnes. Dans le même temps, la valeur des achats s’est établie à plus de 747 millions de dollars en 2021, soit 35% de la valeur totale des importations africaines. Cette tendance haussière a été portée principalement par le Ghana, le Bénin, la Guinée et le Libéria. Ensemble, ces quatre pays ont compté pour près de 79% du stock régional importé en 2021 et pour 84% des dépenses globales.
Du système traditionnel à un système amélioré
Le secteur de l’aviculture en Afrique pourrait être transformé grâce à une stratégie d’intensification durable, en réalisant des investissements et des changements politiques permettant aux petites exploitations familiales de passer du système traditionnel à un système amélioré orienté vers le marché, rentable et durable. Ces investissements, ces changements politiques et ces mesures politiques permettront également de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) relatifs au développement de l’élevage, et particulièrement l’éradication de la pauvreté par la réalisation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
La problématique de la transformation des produits avicoles a récemment été au cœur des débats, au cours de la 5 édition du Salon avicole international de Yaoundé au Cameroun. En effet, avec un chiffre d’affaires de 1,9 milliard de dollar US (1170 milliards de FCFA), la filière avicole camerounaise vise une expansion. Ce projet vise à développer des chaînes d’abattage et à commercialiser des produits transformés tels que la mayonnaise à base d’œufs et la viande de poulet en portions individuelles (cuisses, ailles, pattes), entre autres.
En Égypte par exemple, Cairo 3A for Poultry est un acteur majeur de l’industrie avicole, avec une part de 25 % du marché du poulet congelé. L’entreprise intensifie depuis quelques années ses investissements sur le segment de la transformation. Cette entreprise dispose d’une usine de transformation de volaille dans la zone industrielle de la ville du 10 Ramadan dans le gouvernorat de Sharkia. D’un coût total de 600 millions de livres (19,4 millions $), cette unité est équipée pour produire annuellement 9 000 tonnes de produits de volaille, dont des nuggets, des filets et des poulets entiers. Ce potentiel est prévu pour être doublé à 18 000 tonnes dans les prochaines années.
La meilleure arme de l’Afrique
Ce secteur, prometteur, attire de nombreuses sociétés spécialisées. Mais aussi le Fonds d’investissement African Agriculture Fund (AAF), fort de 243 millions de dollars (177 millions d’euros). Il a notamment investi dans la firme zambienne Goldenlay (à hauteur de 24 millions de dollars), l’une des principales sociétés avicoles au sud du Sahara, ainsi que dans l’entreprise camerounaise West End Farms. Le Maroc compte plusieurs producteurs de premier plan, parmi lesquels Zalagh, qui a reçu le soutien de la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale), ou encore Koutoubia, numéro un de l’élevage de dindes.