Le DGSN a précisé aux responsables de la police affectée aux différentes portes d’entrées et de sorties du pays, les nouvelles mesures relatives à la libre circulation des personnes dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale).
Il est à noter que, ces directives s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de l’acte additionnel N°05/19-CEMAC-070u-CCE du 1er avril 2019, qui consacre la politique commune d’émigration et d’immigration entre les États membres de la CEMAC.
Dans ce document il est dit clairement que tous les ressortissants des pays membres de la CEMAC désirant se rendre dans un autre pays de l’espace communautaire sont désormais exemptés de visa, sous réserve de présenter un passeport biométrique ou une carte nationale d’identité valide.
Ce geste du DGSN marque une avancée significative dans l’intégration régionale et devrait faciliter les déplacements des citoyens au sein de la CEMAC, renforçant ainsi les liens économiques, culturels et sociaux entre les États membres. En plus, l’entrée en vigueur effective de ces dispositions symbolise une nouvelle ère de coopération au sein de la sous-région, favorisant une meilleure mobilité des personnes et des biens. Le respect de ces mesures pourrait aussi contribuer à l’essor du commerce inter-régional et au renforcement de la solidarité entre les États membres de la CEMAC.
Réticence de certains Etats
Notons que depuis plusieurs années, la question de la libre circulation des personnes est une des pierres d’achoppement entre les États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Cette mésentente est liée à une multitude de raisons, dont certaines participent de constructions imaginaires développées en particulier au Gabon et en Guinée équatoriale.
Trois grands mythes sous-tendent le refus manifeste de ces deux États d’appliquer le principe communautaire de la libre circulation des personnes ; il s’agit des mythes de l’invasion démographique, de la spoliation économique et de la perversion sociale associée à la délinquance d’origine étrangère, peut-on lire dans une publication de journals.openedition.org. Fortement ancrées dans les consciences nationales, ces représentations s’expriment à travers des politiques migratoires et des pratiques frontalières particulièrement discriminatoires à l’égard des ressortissants de la sous-région.
D’après le Baromètre économique de la CEMAC 2023 publié par le Groupe de la Banque mondiale, le Cameroun est la plus grande économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, représentant plus de 40% du PIB de la région et plus de 60% des réserves de change régionales. L’économie camerounaise est également plus diversifiée que celle des autres pays de la CEMAC, avec un secteur pétrolier et gazier qui ne représentait que 4% du PIB du pays et 15% de ses recettes fiscales en 2022.
Les perspectives économiques du Cameroun sont modérément favorables sur le moyen terme mais restent fragiles. La croissance du PIB réel du Cameroun devrait atteindre 4,3% en moyenne sur la période 2024-2026, sous-tendue par une activité soutenue dans les secteurs secondaire et tertiaire, selon le même document. Par ailleurs, on note une stagnation économique et une baisse des revenus par habitant en République centrafricaine, ainsi qu’au Tchad.
Programme de réformes économiques et financières de la CEMAC
Dans la communauté, les pays dépendants des ressources naturelles, dotés d’institutions fortes et d’une ouverture commerciale et bénéficiant d’investissements élevés en capital productif, s’en sortent encore mieux. Les réformes actuellement mises en œuvre dans le cadre du deuxième Programme de réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC II) représentent une avancée louable, mais il faut encore en faire plus.
Le PREF-CEMAC II est axé sur cinq piliers, à savoir : la politique budgétaire ; la politique monétaire et le système financier ; les réformes structurelles ; l’intégration régionale et la coopération internationale. Les réformes structurelles visent à développer le secteur privé, améliorer le climat d’investissement et à mettre en œuvre des stratégies de diversification économique.
Les réformes visant à stimuler le développement du capital humain comprennent l’augmentation des dépenses publiques dans l’éducation, la santé et la protection sociale, l’amélioration des conditions de vie des plus vulnérables et l’amélioration des résultats dans ces secteurs, par exemple en mettant en place un système éducatif équitable et résilient.
La continuité du programme de réformes régionales, avec une mise en œuvre rapide et efficace des politiques prévues dans le PREF-CEMAC II, contribuerait à permettre aux pays de la CEMAC de mieux tirer avantage des futures périodes de boom des matières premières, et reste essentielle pour favoriser un modèle de croissance plus fort, durable, inclusif et diversifié en Afrique centrale.