Le raccordement du transformateur spécialement acquis et dédié à la ville de Douala, capitale économique du Cameroun, plus précisément à la zone industrielle Logbaba-MAGZI est en voie d’interruption, selon des sources de Invest-Time dignes de foi. Ce transformateur est désormais orienté, selon nos sources, vers d’autres usages ailleurs dans le pays.
Cette mesure, en voie d’être formalisée, préoccupe au plus haut point les industries du cluster métallurgique de Douala-Magzi, qui depuis l’incendie du poste transformateur grands comptes de Logbaba survenu le 20 septembre 2022, vivent sous la contrainte d’un rationnement de l’énergie électrique, qui met ces dernières en situation de sous capacité de production, avec impacts sur les emplois, les recettes publiques, la viabilité des entreprises et la compétitivité de l’économie camerounaise.
Et pour remédier à ce rationnement drastique préjudiciable aux industries du cluster métallurgique, il avait été décidé d’acquérir et d’installer un transformateur de 50 KVA dédié à cette zone de production industrielle. Mais il aura fallu plus d’un an d’attente, pour que ce transformateur soit acquis par la Sonatrel et que les travaux de raccordement soit entamés.
Déficit d’énergie depuis deux ans
Or, le choix en voie d’être opéré, d’interrompre ce raccordement du transformateur spécialement acquis, a vite fait déchanter les industries du cluster métallurgique de Douala-Magzi qui percevaient pourtant déja-là une lueur de soulagement. Surtout dans un contexte où cette filière stratégique souffre du déficit structurel d’energie depuis au moins deux ans.
Le défi ici qui s’impose au gouvernement est d’opérer des arbitrages sans mettre en péril l’outil industriel. Surtout que selon les sources de Invest-Time, il existe des transformateurs sous utilisés, de même capacité, notamment à Mbankomo et à l’aéroport de Nsimalen, dans la périphérie de la capitale Yaoundé. Pourquoi n’y fait-on pas recours ?
L’urgence est de permettre aux industries installées dans le cluster métallurgique de Douala MAGZI, d’être approvisionnées en énergie électrique, ce d’autant plus que les projections en consommation d’électricité de la filière sont croissantes.
Quid des réserves des transformateurs ?
Bien plus, la pertinence des arbitrages allant dans le sens de toujours sacrifier l’approvisionnement en énergie électrique des industries fait des gorges chaudes dans la filière et au-delà. L’on interroge notamment le manque de prévision dans la maintenance et la gestion des transformateurs.
Dans ces conditions, la performance industrielle et la compétitivité des industries voulues par la vision de la SND30 (la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030) deviennent quasiment inatteignables.
Alors qu’est imminente la compétition de la Zone de libre échange continentale (Zlecaf), la conséquence de ce cafouillage est une perte progressive de la confiance des investisseurs dans un secteur stratégique où l’énergie reste l’un des intrants essentiels de la production.

Et pourtant, le 14 août 2024 sur son compte X, le Premier ministre du gouvernement du Cameroun, Joseph Dion Ngute se satisfait des 149 millions de dollars US (88 milliards de FCFA) d’investissements privés pour la mise sur pied d’un cluster de sidérurgie-métallurgie au Cameroun, afin d’autonomiser l’économie, faciliter les ravitaillements en produits d’acier et aussi contribuer à la limitation des importations grâce au made in Cameroon, avec de nombreux effets bénéfiques attendus de ce grand projet industriel dont la création d’emplois, l’amélioration de notre balance commerciale et la contribution significative aux pistes de la croissance économique souhaitée, selon les propos du Premier ministre sur son compte X.
Des propos qui s’articulent bien à l’ambition du Cameroun qui a à cœur de devenir un hub métallurgique en Afrique centrale. Le pays entend mettre sur le marché des produits qui autrefois n’étaient acquis que part l’importation. Des produits qui seront désormais exportés du Cameroun vers d’autres pays d’Afrique centrale, voire de l’Afrique en général.
Le plan directeur d’industrialisation du Cameroun affiche l’ambition de rendre le pays autonome au plan de la fourniture locale en produits de sidérurgie-métallurgie.
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