La tomate est l’un des légumes les plus cultivés en Afrique. Selon les données de la FAO, la production de tomates en Afrique en 2020 était d’environ 14,5 millions de tonnes, soit environ 4,5% de la production mondiale totale de tomates. La production de tomates en Afrique a augmenté ces dernières années, passant de 12,9 millions de tonnes en 2009 à 14,3 millions de tonnes en 2019, soit une augmentation d’environ 11% en dix ans. Les principaux pays producteurs de tomates en Afrique sont l’Egypte, le Nigéria, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc et l’Afrique du Sud. Dans le continent, le marché de la transformation des tomates est en croissance. Les produits transformés tels que le concentré de tomate, et la sauce tomate sont largement consommés en Afrique et exportés vers d’autres pays du monde.
Demande et offre multiformes
Les producteurs de tomates peuvent générer des revenus à partir de différentes sources, telles que : la vente de tomates fraîches sur les marchés locaux et régionaux (les prix peuvent varier en fonction de l’offre et de la demande, mais il existe toujours une demande importante de tomates fraîches) ; La transformation des tomates en produits (tels que les conserves, sauces, jus, poudres, tomates séchées, etc.) peut offrir des options supplémentaires qui peuvent permettre aux entrepreneurs de générer davantage de revenus ; La vente de graines de tomates peut constituer une autre source de revenus pour les agriculteurs locaux et régionaux. Les semences peuvent être vendues à des prix compétitifs.
Surtout, l’exportation de tomates fraîches ou transformées vers les pays voisins ou sur le marché international peut offrir des opportunités de revenus supplémentaires aux entrepreneurs. Les prix peuvent en effet être plus élevés sur les marchés régionaux et internationaux où la demande de produits biologiques est forte, selon des experts. La vente de sous-produits tels que la pulpe, les pépins, les résidus de transformation, etc., pour l’alimentation animale ou la production d’engrais peut également être une source de revenus supplémentaire pour les entrepreneurs. Selon les données de la FAO, en 2019, les exportations de concentrés de tomates de l’Afrique vers le reste du monde se sont élevées à environ 113 millions de dollars américains, contre 92 millions de dollars américains en 2018, soit une augmentation de 22,8 % sur cette période.
1 300 USD pour une production sur un hectare
L’offre de services de conseil aux agriculteurs locaux, à travers des formations sur les pratiques de production de tomates, la sélection des variétés, la gestion des cultures… peut aussi contribuer à générer des revenus supplémentaires. Selon des experts, la vente de technologies agricoles pour la production de tomates telles que les serres, les systèmes d’irrigation, les outils de gestion des cultures, aux agriculteurs etc… peut constituer une source de revenus pour les entreprises exerçant dans ce domaine d’activité. Les technologies agricoles sont constamment sollicitées par les agriculteurs locaux désireux d’augmenter leur rentabilité. Selon une étude menée par la FAO en 2021, le coût de production d’un hectare de tomates en Afrique subsaharienne était d’environ 1 300 USD. Cela comprenait les coûts des semences, des engrais, des pesticides, de la main-d’œuvre et de la location des terres.
L’or rouge de Kano
Appelée communément « la brousse de Dieu » dans un proverbe Haoussa, la ville de Kano, la deuxième ville du Nigéria mise depuis plusieurs années sur l’agriculture notamment sur la tomate, avec l’avantage de sa population de 13 millions d’habitants et ses terres riches en agriculture.
La tomate pourrait bien être l’or de Kano, car on a des facilités d’irrigation et on ne manque pas de terres. Ce qui importe, c’est d’assurer la rentabilité. Nous avons les meilleurs hommes d’affaires d’Afrique et la tomate est rentable. Ça va contribuer à notre avenir,
indiquait l’ancien gouverneur de l’Etat de Kano, Abdullahi Umar Ganduje.
A Kano, les agriculteurs attendent beaucoup des hommes d’affaires pour leur donner un coup de pouce en matière d’achats de graines et d’engrais et pour la rentabilité de leur production. Malgré des menaces terroristes qui ont régné sur la région, le gouverneur Ganduje croit en un avenir meilleur :
Boko Haram est derrière nous. Le terrorisme, c’est du passé. Je pense le futur Kano comme un petit Dubaï régional et un centre de référence de l’agro-industrie,
affirmait-il aux médias.
Karry Foods investit 35 millions USD en Egypte
L’Egypte possède des conditions optimales pour la culture de la tomate. Les investisseurs n’ont pas tardé à se positionner sur ce filon très prometteur. L’entreprise saoudienne Karry Foods Industries notamment, a débarqué dans le secteur de la tomate dans ce pays. La société veut exploiter le volet transformation agroalimentaire. Dans un récent communiqué, Karry Foods a annoncé un investissement de 35 millions USD dans une usine de fabrication de purée de tomate, tel que rapporté par le média La Nouvelle Tribune.
Selon des sources concordantes, le site est localisé dans la ville de Sadat City. Le projet va se déployer en deux phases. La première serait déjà en vigueur et elle permet à l’usine de disposer d’une ligne de fabrication équipée pour transformer 600 tonnes/jour de tomates. Il reste maintenant à finaliser la deuxième étape et cela est en bonne voie grâce au financement récent de Karry Foods.
Une deuxième phase de développement est prévue pour s’achever d’ici à la fin du quatrième trimestre de 2024 avec une deuxième ligne de fabrication d’une capacité de 1000 tonnes/jour pour la transformation des tomates. Cela portera la capacité totale de transformation des tomates à 1 600 tonnes par jour,
a indiqué Karry Foods dans son communiqué.
Transformer 90 000 tonnes de tomates d’ici fin 2024
L’entreprise saoudienne s’est fixée pour objectif de transformer 90 000 tonnes de tomates d’ici à la fin de l’année 2024. À court terme, l’ambition est de basculer vers une production annuelle de 400 000 tonnes. Pour assurer son approvisionnement en tomates, l’usine pourra compter sur ses propres exploitations agricoles. Rappelons que Karry Foods a acheté des exploitations agricoles dans les villes d’Al-Minya, Esna, El-Hamam et Sadat City, apprend-on de nos confrères de La Nouvelle Tribune. Notons que les usines de Karry Foods sont conçues pour répondre aux normes de l’UE et les lignes sont à la pointe de la technologie de CFT en Italie.
Aujourd’hui, la tomate reste le condiment le plus utilisé en cuisine sur le continent, et donc le plus consommé par les populations. Selon la FAO, la production de tomates en Afrique devrait augmenter de 20 % d’ici 2028, de quoi encourager les investisseurs à se lancer dans ce secteur.