Pourquoi avoir choisi JMJ participation comme partenaire pour ce projet ?
C’est une très belle question qui me donne l’opportunité de parler de Patrice Yantho, avec qui nous avons une proximité depuis 14 ans. Depuis 2010, c’était à l’époque où je suis arrivé à Douala comme Directeur général adjoint de la Banque et j’avais dans mon plan d’action, le financement des grosses entreprises. Et j’ai eu l’opportunité de rencontrer Patrice Yantho qui était gestionnaire à l’époque. Avec lui, nous avons porté ensemble de gros projets qui ont permis de donner un plus à la banque et au système économique du Cameroun dans l’ensemble dès lors qu’il s’agissait des entreprises à fort potentiel du pays.
A l’époque et avec lui, nous avons monté la première structuration de 83,6 millions USD (52 milliards Fcfa) pour une entreprise que je ne veux pas citer ici. C’était la première fois, c’est historique. Patrice Yantho un cadre très brillant et avec lui, on a fait beaucoup de choses, et je lui ai fait obtenir une promotion à la Direction des recherches et des investissements pour porter son expertise à l’ensemble de la banque au niveau national et international. Nous avons l’un pour l’autre une estime réciproque. On s’est rapproché pour continuer à faire ce que nous faisons depuis 14 ans. Nous avons conscience qu’il y a beaucoup d’attentes au niveau du pays, je sais déjà qu’à deux on va gagner ce pari.
Justement, comment ce projet s’inscrit-il dans vos objectifs économiques ?
Le groupe JMJ a dans son écosystème, un incubateur agréé par l’État du Cameroun, JFN a un accélérateur agrée par l’État du Cameroun. Vous voyez qu’à la base chacun dans son écosystème a une vision entrepreneuriale et je ne vais pas le répéter ici, vous savez ce que l’entreprenariat est appelé à faire pour l’ensemble de nos pays. Donc cette vision partagée là, nous allons la mettre en synergie pour pouvoir atteindre les objectifs plus rapidement. On dit : il ne faut pas aller tout seul, il faut aller ensemble. Et il faut aller ensemble avec des partenaires sûrs. Vision partagée, non seulement pour le Cameroun, mais pour l’Afrique entière.
Concrètement, selon vous, quel impact cet incubateur aura-t-il sur le marché des startups en Afrique ?
Ce marché connait beaucoup de difficultés, parce que le taux d’échec des startups est très élevé. Ensuite, il n’y a pas un accompagnement véritable comme nous souhaitons le mettre ici. Les startups ne sont pas hébergées au sein du « Techn-Park » il y a un hébergement pour les startups qui seront installées avec infrastructures (bureaux, internet, commodités). Ces startups auront une partie des résidences du campus et vont bénéficier de la présence effective des entreprises aussi bien camerounaises que multinationales, qui font partie de l’écosystème de JMJ.
Pour la première fois, il y aura une connexion entre les startups et les entreprises au sein d’un même espace. Elles vont donc bénéficier des conseils, de l’encadrement et des financements que JMJ pourra apporter. Et vous savez le problème de financement. Heureusement qu’il a apporté une solution au Cameroun, pas seulement pour les startups, même pour les grosses entreprises. Moi qui sort de la banque, je me rends bien compte que ce problème est encore plus crucial que je ne l’imaginais quand j’étais encore DG d’une banque. Désormais je suis client, je vois les difficultés.
Si Patrice Yantho a réussi à recevoir le prix du meilleur cabinet conseil, les startups et les grosses entreprises ne peuvent que s’en réjouir. Je vais insister, notre objectif est que les étudiants dans le « Techn-Park » n’auront pas besoin de chercher du travail. Les entreprises seront présentes et ceux des étudiants qui vont réussir leurs projets à la sortie seront recrutés. C’est ainsi que ça marche dans les meilleures universités et c’est également comme ça quand les partenaires sont leaders dans un écosystème. Nous ne sommes pas là pour faire une université qui va former des milliers de Camerounais pour les jeter à la rue, pour qu’ils commencent à se demander qu’est-ce qu’on fait ? Ce n’est pas notre ambition. Notre ambition est de former des compétences qui vont directement aller sur le marché de l’emploi en tant que salariés ou qui vont directement créer leurs propres entreprises grâce à l’encadrement commun que nous allons mettre en place.
Est-ce que vous voyez cet incubateur comme une opportunité pour élargir vos activités dans d’autres secteurs ?
Évidement. JFN est une université technologique, aujourd’hui ce n’est pas un secret, vous savez que nous participons déjà à la transformation de beaucoup d’entreprises au Cameroun que je ne vais pas citer ici, grâce aux technologies de rupture qui sont mises non seulement à la disposition des étudiants mais aussi, à la disposition des entreprises et des collectivités territoriales décentralisées. Pour exemple, nous avons un partenariat avec le Feicom (Ndlr Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale) aujourd’hui sur un projet de digitalisation. Nous sommes en train de parler avec la C.U.D (Ndlr Mairie de Douala) pour le jumeau numérique de la ville. Donc c’est un écosystème qui vous intègre à 360° non seulement la formation de l’étudiant mais l’intégration des technologies dans les entreprises privées, publiques et dans les administrations.
Je ne veux pas dévoiler ici les secrets, vous aurez bientôt le Wifi intelligent, comme ça se fait dans tous les pays. C’est une entreprise qui est accélérée ici par JFN. Elle a besoin de monter en compétence, c’est là où JMJ va apporter toute son expertise pour porter cette startup qui a déjà réussi à mettre sur le marché un produit innovant. Par ailleurs, je vais prendre le cas du Made In Cameroon, vous savez qu’il souffre aujourd’hui à cause de la contrefaçon. La solution technologique est déjà là et le 19 décembre, je vous invite à Yaoundé au Festival, vous verrez bien que désormais il n’y aura plus de produits de contrefaçon au Cameroun. C’est validé par le ministre du Commerce. C’est ça l’importance de la technologie, aussi bien dans l’éducation que dans l’écosystème d’un pays. Vous voyez bien la différence avec JFN, on ne se contente pas ici de délivrer des diplômes, on s’intéresse à la nation, au Pays. Comment on fait ? En formant des compétences c’est pourquoi faire ? Est-ce qu’il ne faut pas participer aussi à transformer les entreprises qui sont des réservoirs d’accueil des étudiants ? L’université doit travailler en synergie avec le monde des entreprises. Ici c’est différent, vous voyez bien, JMJ est un acteur majeur dans le financement, l’accompagnement, le conseil de toutes les entreprises en croissance et en innovation, je répète bien en innovation.
En quoi est-ce que les objectifs poursuivis à travers ce partenariat peuvent-ils impacter la SND 30 ?
L’un des piliers de cette stratégie c’est l’emploi. C’est un problème qui ne se pose pas seulement au Cameroun, il se pose dans toute l’Afrique. Savez-vous qu’aujourd’hui, la demande des compétences sur le marché du numérique est de 4 millions ! En 2050, ce sera de 650 millions. Et le potentiel de recrutement de cette compétence se trouve en Afrique. Cela veut dire que dans le cadre de notre partenariat, si nous formons seulement 1% de cette compétence, vous voyez ce que cela représente ? Et 650 millions d’emplois c’est 10 milliards de dollars US. JFN et JMJ, c’est avec l’intelligence que nous allons faire l’import-substitution. Nous allons faire l’import-substitution de la connaissance c’est-à-dire que nous allons exporter des connaissances. Cela veut dire quoi ? Les étudiants qui vont être formés au « Techn-Park » seront payés en devises et sur 10.000 dollars, si on prend seulement 500.000 dollars grâces aux compétences qui sont formées au Cameroun, vous voyez comment on fait l’import-substitution de la connaissance, pas celle de la matière première.
Propos recueillis par Gaelle Stéphanie Menga