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Afrique : un marché de 650 millions de compétences numériques à capter en 2050

Alors que la demande en compétences numériques ne cesse d’évoluer dans le monde, les investisseurs africains tentent de faire du continent, une pourvoyeuse de main d’œuvre dans ce domaine grâce notamment à des partenariats et des initiatives encourageantes.

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Le marché mondial est en quête de compétences numériques. La demande mondiale est de quatre millions. Ce chiffre sera porté à 650 millions, d’ici 2050. Le potentiel de recrutement dans ce secteur se trouve en Afrique, d’après Alphonse Nafack, président du Groupe JFN, qui regroupe un ensemble d’instituts de formation académique et professionnelle au Cameroun.

Les institutions internationales sont conscientes de cette réalité. En décembre 2023, la Banque mondiale a débloqué 266,5 millions de dollars US pour renforcer la connectivité en Afrique de l’Ouest. Le financement s’inscrit dans le cadre du Programme régional pour la transformation numérique de l’Afrique et l’intégration numérique en Afrique de l’Ouest (DTfA/WARDIP). Cet investissement vise à améliorer l’accès à internet et à promouvoir un marché numérique unique en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau et en Mauritanie.

A terme, cette initiative permettra de renforcer les capacités institutionnelles de gestion et de promotion des marchés numériques. Un objectif qui donnera lieu à une collaboration avec l’Union africaine, l’alliance Smart Africa et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ce programme se donne l’ambition de façonner le paysage numérique de la région et de promouvoir l’intégration régionale grâce à la collaboration et à des investissements stratégiques, selon la Banque mondiale. DTfA/WARDIP entend favoriser la croissance d’un écosystème numérique dynamique. Pour atteindre cet objectif, la nécessité de former des jeunes aux compétences numériques s’impose.

L’urgence de la formation

Le développement des compétences numériques sur le continent africain permettra à terme de lutter contre le chômage. Ces dernières années, l’urgence de la formation aux compétences numériques se fait ressentir. Les données de l’Organisation internationale du Travail (OIT) indiquent que le taux de chômage des jeunes au Nigeria s’élevait à 13,44 % et à 14,7 % au Ghana en 2022. Malgré la fracture numérique observée, les compétences numériques apparaissent comme une lueur d’espoir.

Pour ce faire, des initiatives axées sur la formation aux compétences numériques voient le jour pour combler ce fossé. Elles visent à donner aux pays africains, les moyens de tirer parti de l’économie numérique mondiale. Selon les données collectées auprès de la Banque mondiale, 35 % de la population adulte au Nigeria et 28 % au Ghana possèdent des compétences numériques de base. Toutefois, le développement du secteur sur le continent fait encore face aux problèmes d’infrastructures.

La solution qui vient de GetBundi au Nigéria

GetBundi, une start-up nigériane propose des solutions pour booster l’offre de formation dans le secteur numérique. Elle regroupe des matières STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) de qualité pour les élèves du secondaire et une éducation aux compétences numériques pour les jeunes de 18 à 35 ans. Cette solution est née de l’incapacité des étudiants africains à comprendre et à apprécier les matières STEM dès le plus jeune âge, en raison du manque d’investissement dans le domaine, selon l’Union africaine (UA). L’objectif de GetBundi avec cette démarche est de rendre accessible un apprentissage de qualité en STEM et en compétences numériques à travers l’Afrique.

D’ici 2026, la start-up veut proposer 15 cours de compétences numériques professionnelles dans sept langues locales parlées à travers l’Afrique. Elle ambitionne de perfectionner les compétences de 10 millions de travailleurs africains dans le cadre de l’initiative « The GetBundi Vision 2034 ». Laquelle vision s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’UA.

Cette initiative met en évidence la nécessité de doter les jeunes africains de compétences numériques pertinentes afin d’être compétitifs sur le marché du travail. Ce qui leur permettrait de contribuer aux progrès technologiques et à la croissance économique du continent.

L’offre de formation de JMJ et JFN au Cameroun

Les compétences numériques sont cruciales dans un marché du travail en pleine évolution. 77 % des employeurs estimaient que ces dernières étaient cruciales pour le succès de leur entreprise en 2022, selon une étude menée par PwC. Aussi, 50% des entreprises prévoyaient d’augmenter leurs investissements dans la formation numérique de leurs employés, cette année-là. Cela témoigne de la nécessité croissante de développer des compétences pour s’adapter à l’ère numérique, où des compétences telles que l’analyse de données, la cybersécurité et le marketing digital sont incontournables.

JMJ et JFN surfent sur cette vague. L’incubateur accélérateur mis en place par les deux structures propose une offre de formation dans le domaine des technologies du numérique. Les deux organisations entendent combler le déficit de formation dont souffre le continent. Malgré ces efforts, l’Afrique fait face à un manque de compétences numériques par rapport au reste du monde. Selon l’UA, les pays africains ont obtenu un score de 1.8 au Digital Skills Gap Index en 2022. Une performance en dessous de la moyenne mondiale qui est de six, selon l’institution africaine.

Les données de la Banque mondiale publiées dans un rapport en 2023 indiquent que seulement 50% des pays africains intègrent des compétences informatiques (numériques) dans les programmes scolaires. Dans les autres pays du monde, ce taux est de 85%. Des chiffres qui soulignent l’urgence de la formation en Afrique. Un défi que JFN et JMJ Participation se disent prêts à relever. « (…) Dans le cadre de notre partenariat, si nous formons seulement 1%, vous voyez ce que ça représente. 650 millions d’emplois, c’est 10 milliards de dollars. JMJ et JFN vont faire l’import-substitution avec l’intelligence. Nous allons faire l’import-substitution de la connaissance. Les étudiants qui seront formés au Tech Park travaillent déjà sur des projets en Occident, et ils seront payés en devises », explique Alphonse Nafack.

Avec cette vision, JMJ et JFN s’accordent avec les experts pour dire que seule l’éducation ferait des Africains des acteurs compétitifs sur le marché mondial du travail dans le domaine du numérique. Selon la Société Financière Internationale (SFI), d’ici 2030, l’Afrique subsaharienne enregistrera une pénurie d’emplois en matière de compétences numériques de l’ordre de 230 millions. La formation des générations futures dans le domaine du numérique s’impose donc comme une nécessité.

Une porte ouverte sur les opportunités du e-commerce

La demande en compétences numériques ouvre une brèche sur l’économie numérique en Afrique. Ce secteur d’activité offre la promesse d’un développement économique au continent. En 2020, les prévisions de la SFI et de Google indiquaient que l’économie numérique africaine pourrait atteindre 180 milliards USD en 2025, soit 5,2 % de son Produit intérieur brut (PIB). Sa contribution potentielle anticipée pourrait atteindre 712 milliards USD, soit 8,5 % du PIB, d’ici 2050. De telles performances dépendent du taux de pénétration d’internet dans le continent.

Le développement de ce secteur est tributaire de compétences numériques importantes. Un taux de pénétration équivalent à celui des pays du Nord pourrait créer 140 millions d’emplois et ajouter 2 200 milliards USD au PIB de l’Afrique, selon la SFI. Les acteurs africains du développement doivent travailler à faire du continent, un exportateur mondial de services numériques. L’urgence de la formation se fait donc ressentir d’autant plus qu’un tiers de la population et des travailleurs du monde seront africains d’ici 2075, d’après l’Institut International du Développement durable (IISD).

 

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