La superficie agricole dédiée aux plantations d’avocats au Kenya, a plus que doublé depuis 2013 (11 000 hectares), passant à plus de 25 000 hectares en 2021, selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). En 2022, le Kenya a produit environ 115 000 tonnes d’avocats, selon les données de la FAO. Cette production place le pays parmi les 10 premiers producteurs mondiaux d’avocats, et en tête en Afrique de l’Est. Le secteur emploie directement plus de 150 000 petits exploitants, ce qui en fait une source majeure de revenus pour les communautés rurales. Selon les dernières prévisions formulées par le Département américain de l’Agriculture (USDA) dans un rapport publié, le 13 février 2025, le Kenya devrait placer 135 000 tonnes d’avocats sur le marché international en 2025. En outre, les recettes d’exportation générées par la filière en 2025 sont attendues en croissance de 11% pour s’établir à 175 millions $ consolidant ainsi une 4ème année consécutive de hausse depuis 2022.
En effet, le Kenya bénéficie d’un climat propice à la culture de l’avocat, avec des régions comme Murang’a, Nyeri, et Meru, offrant des conditions idéales pour la croissance de cette culture. Cependant, ce n’est pas seulement la nature qui a fait du Kenya, l’un des principaux exportateurs d’avocats en Afrique. Le succès du pays repose sur une combinaison de facteurs humains, économiques et politiques.
Dès les années 2000, le gouvernement kényan a identifié l’avocat comme une culture à fort potentiel économique. Des politiques agricoles ont été mises en place pour encourager les petits exploitants à se tourner vers cette culture, avec un accès facilité à des plants de qualité et à des formations techniques. Selon un rapport de la FAO, cette approche a permis de structurer la filière et d’augmenter significativement les rendements.
Le marché des exportations d’avocats au Kenya est dominé par cinq exportateurs majeurs : Kakuzi, Vegpro, Sunripe, Exportateurs Horticoles du Kenya, et les Producteurs de l’Afrique de l’Est. Ces entreprises achètent principalement leurs avocats aux petits producteurs, bien que certaines d’entre elles en achètent à de gros exploitants ou possèdent leurs propres plantations.
Une filière bien organisée : la clé du succès
L’un des aspects les plus remarquables du modèle kényan est l’organisation de sa filière avocat. Contrairement à d’autres pays où la production est dominée par de grandes exploitations, le Kenya mise principalement sur les petits producteurs. Ces derniers sont regroupés en coopératives, ce qui leur permet de mutualiser leurs ressources, de négocier de meilleurs prix et d’accéder plus facilement aux marchés internationaux.
Les coopératives jouent également un rôle crucial dans la qualité des produits. Elles veillent à ce que les avocats répondent aux normes internationales, notamment en termes de taille, de maturité et de traitement post-récolte. Cette rigueur a permis au Kenya d’obtenir des certifications reconnues, comme GlobalGAP, ouvrant les portes des marchés exigeants comme l’Union européenne et la Chine.
En 2022, les exportations d’avocats kényans ont généré plus de 120 millions de dollars de revenus, selon l’Autorité kényane de régulation des produits horticoles (HCDA). Cette performance est le résultat d’une augmentation constante des volumes exportés, passant de 40 000 tonnes en 2018 à plus de 70 000 tonnes en 2022.
Par ailleurs, le Kenya ne se contente pas de produire des avocats de qualité ; il a également mis en place une stratégie de commercialisation redoutable. Le pays a diversifié ses marchés à l’exportation, ne se limitant pas aux pays voisins, mais visant des destinations lointaines et lucratives. Selon les données de l’HCDA, les principaux marchés d’exportation depuis 2022 sont: L’Union européenne (45% des exportations), notamment les Pays-Bas, la France et l’Espagne. Les Émirats arabes unis (20% des exportations), un hub stratégique pour la réexportation vers l’Asie. La Chine (15% des exportations), où la demande d’avocats a explosé ces dernières années.
Selon les informations relayées par le quotidien local, Business Daily Africa, le Service d’inspection phytosanitaire (Kephis) du Kenya serait en pourparlers pour accroître ses expéditions d’avocats dans 4 pays dont la Jordanie, les USA, l’Inde et la Corée du Sud. L’initiative s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à écouler une offre abondante du fruit prévue au cours des mois à venir.
Notons également que, le Kenya a su positionner ses avocats comme un produit premium, mettant en avant leur qualité supérieure et leur origine éthique. Des campagnes de promotion ont été lancées dans les foires internationales, et des partenariats ont été établis avec des distributeurs étrangers pour faciliter l’accès aux marchés.
Innovation et durabilité : les piliers de l’avenir
Le modèle kényan ne se repose pas sur ses lauriers. Face à la concurrence croissante d’autres pays producteurs comme le Pérou ou le Mexique, le Kenya investit dans l’innovation pour maintenir sa compétitivité. Des techniques agricoles modernes, comme l’irrigation goutte-à-goutte et l’utilisation d’engrais biologiques, sont de plus en plus adoptées pour augmenter les rendements, tout en préservant l’environnement. La durabilité est également au cœur des préoccupations. Les producteurs kényans sont encouragés à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, comme la gestion intégrée des ravageurs et la conservation des sols. Ces efforts sont soutenus par des organisations internationales et des ONG, qui voient dans l’avocat kényan, un exemple de développement agricole durable.
En 2023, le Kenya a lancé un programme visant à planter 5 millions de nouveaux plants d’avocatiers, d’ici cette fin d’année 2025, avec un accent particulier sur les variétés à haut rendement comme le Hass et le Fuerte. Ce projet, financé à hauteur de 20 millions de dollars par des partenaires internationaux, devrait augmenter la production nationale de 30% d’ici 2026.
Globalement, la performance de l’industrie africaine de l’avocat intervient dans un contexte où le commerce mondial du fruit a progressé de 20% pour franchir la barre des 3 millions de tonnes échangées en 2023. La même année, le continent africain a expédié 319 027 tonnes d’avocats sur le marché international, soit 14 % de plus que l’année précédente. C’est ce qu’indique la FAO dans son dernier rapport annuel qui présente les résultats préliminaires de l’examen du marché des fruits tropicaux.