Ad image

Gnambi Mouminou (président du syndicat des bouchers du Cameroun) : « il y a l’urgence pour nous de sortir de la boucherie traditionnelle »

Dans cet entretien accordé à Invest-Time, Gnambi Mouminou, président du syndicat des bouchers du Cameroun fait un état des lieux du secteur de la boucherie et dévoile les défis et challenges au Cameroun.

7 Min Lecture

Vous venez d’être décoré à titre exceptionnel par le Chef de l’État, que vous inspire cette reconnaissance ?

Cette distinction m’inspire sous un double signe. La reconnaissance du travail bien fait et le patriotisme. La reconnaissance, parce que lorsqu’on abat un travail et que ce travail est reconnu au plus haut niveau, c’est une fierté. Nous disons que c’est un exemple afin que ceux qui tardent à s’inscrire dans la dynamique du travail puissent véritablement s’y engager eux aussi.  C’est également un sentiment de patriotisme, parce que lorsqu’on accompli une mission, il faut avoir le sens patriotique, il faut se dire qu’on est en train de servir, il faut se demander ce qu’on a fait pour le pays, ce qu’on a fait pour les autres, ce qu’on a fait du travail pour lequel on s’est engagé.

Vous savez, la boucherie est une catégorie de métier négligée aujourd’hui. Je pense que les jeunes doivent pouvoir s’y engager en se disant que c’est un métier comme tout autre, et que s’ils le font bien, ils vont porter de bons fruits.

Comment se porte le secteur de la boucherie au Cameroun à ce jour ?

Déjà, précisons que la boucherie entre dans une chaîne de valeur qui a plusieurs segments. Il y a le segment élevage, le segment du commerce à bétail et la boucherie qui est le bout de la chaîne. C’est vrai qu’ils ont une interrelation directe, car l’un ne peut pas aller sans l’autre. Mais il faut dire que dans le fond, nous avons connu à une certaine période une dynamique traditionnelle. Avec les nouveaux standards, la légalisation des organisations, la venue du professionnalisme, nous nous inscrivons dorénavant dans la nouvelle dynamique qui est basée sur le savoir-faire.

Nous avons par exemple mis sur pied une coopérative essentiellement pour parler de l’économie. Aussi, il est questions aujourd’hui que nous puissions bénéficier des possibilités qui permettent de professionnaliser les secteurs cités plus haut. Nous appelons donc les Etats à valoriser tous ces métiers qui sont importants pour l’économie des pays. Les grands pays se sont développés à partir des petites économies, ce qu’on appelle le secteur informel.

Enfin, nous ne dirions pas que le secteur se porte mal. Les gens prennent conscience, chacun de son côté pour pouvoir apporter une contribution substantielle pour que l’on puisse satisfaire la demande qui va grandissante. Car, la viande est un produit très consommé. Il faut donc davantage élever des bêtes, il faut beaucoup commercialiser.

Comment pensez-vous la professionnalisation de ce secteur au Cameroun ?

Vous devez savoir que le secteur est en marche vers sa professionnalisation. Comme je l’ai bien mentionné plus haut, nous avons des coopératives et des associations qui sont encouragées. Cependant, il faut leur donner les moyens de leur politique pour qu’en se formant, on ait un tableau technique bien monté, et qu’on ait les moyens de se déployer et d’exercer fondamentalement. Tous ces éléments doivent faire l’objet d’une prise de conscience de la part de chacun en ce qui le concerne, et vont permettre que les choses puissent avancer.

Nous invitons surtout les privés, parce qu’ils représentent une grande partie du monde des affaires. Imaginons qu’un boucher, ait un bon projet, et qu’une entreprise lui construit une boucherie avec un contrat bien déterminé. Il va rembourser cela progressivement. A la fin, il va gagner car il aura une boucherie qui respecte les nouveaux standards. Il pourra y employer des Camerounais, contribuant à son niveau à la réduction du chômage, et contribuant à ce que les gens mangent ce qui est bien.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans le secteur de la boucherie ?

Le secteur connaît des difficultés d’ordre infrastructurel et des capitaux. Car voyez-vous, lorsqu’un opérateur va prendre le produit à crédit, il y aura une certaine majoration par rapport à celui qui l’a acheté. Il y a aussi l’urgence pour nous de sortir de la boucherie traditionnelle.

A ce jour, un boucher va acheter une bête vivante, va l’abattre et viendra en aval détaillé aux clients en kilo. Chose qui est dépassée. Car aujourd’hui, il faut faire les ponts bascules. Nous devons amener les Etats à réfléchir sur les possibilités d’implémenter cela. Ainsi, on va avoir le prix de brut, le prix de la carcasse, et le prix du détail. Tout cela, c’est du travail qui doit être fait, surtout avec l’accompagnement des médias que vous êtes.

Quelles sont les perspectives du Syndicat des bouchers du Cameroun ?

Les challenges sont nombreux. Nous pouvons relever la professionnalisation du secteur, la facilitation de l’accession des bouchers aux capitaux. Il faut également veiller à ce que les bouchers exercent dans des conditions qui leur permettent d’être épanouis et de servir véritablement leur pays. Cela veut dire qu’il faut former les bouchers, on doit amener le cadre du travail, il faut créer des boucheries modernes ici et là. On doit surtout créer des nouveaux abattoirs pour pouvoir résoudre des problèmes d’hygiène et de santé publique. Car voyez-vous, il y a des bêtes qui sont abattues n’importe comment dans des milieux non indiqués, tout simplement parce qu’il manque des infrastructures agréées.  Et pourquoi pas créer une banque des bouchers…Voilà les principaux challenges qui nous incombent aujourd’hui.

Pour en savoir plus...

Suivez-nous sur nos chaînes   chaîne Telegram Invest-Timechaîne WhatsApp Invest-Time

Partagez cet article
Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *