ceo tour

Afrique : comment tirer profit des potentialités qu’offre l’IA

L’intelligence artificielle (IA) pourrait injecter jusqu’à 1 500 milliards de dollars dans le PIB africain d’ici 2030, selon Google Afrique. Un chiffre qui illustre le rôle stratégique de cette technologie dans le développement du continent. Bien que cette partie du monde soit souvent perçue comme un acteur secondaire dans la course technologique mondiale, il dispose d'un potentiel immense pour exploiter l'IA, afin de résoudre des défis socio-économiques majeurs et de stimuler une croissance inclusive.

10 Min Lecture

Dans un monde de plus en plus numérique, l’IA devient un facteur clé de croissance. 65% des entreprises d’Afrique subsaharienne ayant intégré l’IA ont enregistré une amélioration de leurs performances financières, selon PwC. Parmi elles, 33 % ont vu leur chiffre d’affaires augmenter, tandis que 32 % ont amélioré leur rentabilité. Les startups africaines spécialisées dans l’IA attirent aussi de plus en plus de capitaux. 500 millions de dollars ont été levés en 2023, soit 80% de plus qu’en 2022, selon Partech Africa. Cette montée en puissance s’explique par l’essor de pôles technologiques dans des pays comme le Nigeria ; l’Afrique du Sud ; le Kenya et l’Égypte, qui concentrent à eux seuls plus de 70% des investissements en IA sur le continent. 

Un rôle clé à jouer dans l’agriculture

L’agriculture est un pilier de l’économie africaine, représentant environ 23% du PIB du continent et employant près de 60% de la population active, selon un rapport de la Banque mondiale. Cependant, les rendements agricoles restent faibles en raison de facteurs tels que le changement climatique, le manque d’accès aux technologies modernes et la faible productivité. L’IA peut jouer un rôle clé dans la transformation de ce secteur.

Par exemple, des plateformes comme FarmDrive au Kenya utilisent l’IA pour analyser les données agricoles et fournir des recommandations personnalisées aux petits exploitants. Ces outils permettent d’optimiser l’utilisation des ressources, de prédire les rendements et de réduire les pertes post-récoltes. Selon une étude de la FAO, l’adoption de technologies basées sur l’IA pourrait augmenter les rendements agricoles de 20 à 30% en Afrique subsaharienne d’ici 2030.

En outre, des drones équipés de capteurs et d’algorithmes d’IA sont utilisés pour surveiller les cultures, détecter les maladies des plantes et optimiser l’irrigation. Par exemple, la start-up Aerobotics en Afrique du Sud utilise des drones pour fournir des données précises aux agriculteurs, leur permettant de prendre des décisions éclairées en temps réel. Des startups comme Hello Tractor au Nigeria ou WeFarm au Kenya utilisent l’IA pour optimiser les récoltes et réduire les pertes post-récoltes, attirant ainsi l’intérêt des investisseurs.

Santé : combler le déficit de médecins avec l’IA

Le secteur de la santé en Afrique est confronté à des défis majeurs, notamment un manque criant de personnel médical et des infrastructures insuffisantes. L’IA offre des solutions prometteuses pour pallier ces lacunes. Par exemple, des applications comme Babyl au Rwanda utilisent des chatbots alimentés par l’IA pour fournir des consultations médicales à distance, réduisant ainsi la pression sur les hôpitaux.

En outre, l’IA est utilisée pour diagnostiquer des maladies comme le paludisme, la tuberculose et même certains cancers. Une étude publiée dans Nature Medicine a montré qu’un algorithme d’IA pouvait détecter la tuberculose sur des radiographies pulmonaires avec une précision de 95%, surpassant même certains radiologues humains. Avec plus de 2,5 millions de cas de tuberculose enregistrés en Afrique chaque année, selon l’OMS, de telles technologies pourraient sauver des milliers de vies.

L’IA est également utilisée pour prédire les épidémies et améliorer la gestion des crises sanitaires. Par exemple, pendant la pandémie de COVID-19, des modèles prédictifs basés sur l’IA ont été utilisés pour anticiper la propagation du virus et allouer les ressources de manière efficace. Par ailleurs, Zipline, une entreprise spécialisée dans les drones médicaux, utilise l’IA pour livrer des médicaments et des poches de sang en urgence dans les zones rurales. Des projets similaires attirent des financements, notamment de la part de grands fonds de capital-risque américains et européens. 

L’IA peut contribuer à révolutionner l’éducation en Afrique

Notons également que l’Afrique est le continent le plus jeune du monde, avec une population de moins de 25 ans représentant plus de 60 % de sa démographie. Cependant, les systèmes éducatifs peinent à répondre aux besoins de cette population croissante. L’IA peut contribuer à révolutionner l’éducation, en offrant des solutions d’apprentissage personnalisées et accessibles.

Des plateformes comme M-Shule au Kenya utilisent l’IA pour adapter le contenu éducatif aux besoins individuels des élèves, en fonction de leur niveau et de leur rythme d’apprentissage. Selon un rapport de l’UNESCO, l’intégration de l’IA dans l’éducation pourrait augmenter les taux de scolarisation de 15% en Afrique subsaharienne, d’ici 2030.

En outre, l’IA peut aider à combler le déficit de compétences en proposant des formations en ligne adaptées aux besoins du marché du travail. Par exemple, des initiatives comme Andela forment des développeurs africains grâce à des programmes basés sur l’IA, contribuant ainsi à créer une main-d’œuvre qualifiée pour l’économie numérique.

D’autres secteurs à capitaliser

L’Afrique compte plus de 350 millions d’adultes non bancarisés, selon la Banque mondiale. L’IA peut jouer un rôle crucial dans l’inclusion financière, en permettant l’accès à des services bancaires, via des plateformes numériques. Par exemple, des entreprises comme Branch et Tala utilisent des algorithmes d’IA pour évaluer la solvabilité des clients et leur offrir des microcrédits, même en l’absence d’historique de crédit traditionnel. L’IA est aussi utilisée pour détecter les fraudes et gérer les risques dans le secteur financier. Selon une étude de PwC, les banques africaines pourraient réduire leurs pertes dues à la fraude de 30% grâce à l’adoption de technologies basées sur l’IA.

L’accès à l’énergie reste un défi majeur en Afrique, où plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’IA peut contribuer à optimiser la production et la distribution d’énergie, notamment dans le cadre des énergies renouvelables. Par exemple, des entreprises comme M-KOPA utilisent l’IA pour gérer des systèmes solaires domestiques, permettant à des milliers de foyers d’accéder à une énergie propre et abordable. En outre, l’IA peut aider à prédire la demande énergétique et à optimiser les réseaux de distribution, réduisant ainsi les pertes et améliorant l’efficacité. Selon un rapport de McKinsey, l’adoption de l’IA dans le secteur énergétique pourrait réduire les coûts de production de 10 à 20% en Afrique, d’ici 2030.

Le secteur des transports et de la logistique n’est pas en reste. Face à des défis majeurs, notamment des infrastructures déficientes et des coûts élevés, l’IIA peut contribuer à optimiser les chaînes d’approvisionnement et à réduire les coûts de transport. Par exemple, des entreprises comme Lori Systems utilisent des algorithmes d’IA pour optimiser les routes de transport et réduire les temps de livraison. Selon une étude de Deloitte, l’adoption de l’IA dans le secteur logistique pourrait réduire les coûts de 15 à 20 % en Afrique, d’ici 2030.

Des freins à lever pour accélérer l’adoption de l’IA en Afrique

Le principal obstacle à l’essor de l’IA en Afrique reste le déficit en infrastructures numériques. En 2024, seulement 42 % des Africains avaient accès à Internet, selon la GSMA. De plus, le continent ne possède que 1,3 % des centres de données mondiaux, un frein majeur pour le développement d’applications basées sur l’IA. Sans des investissements massifs dans le cloud et la connectivité, l’IA ne pourra pas se déployer à grande échelle. L’Afrique accuse également un retard en matière de formation.

Moins de 10 000 spécialistes en IA sont formés chaque année sur le continent, alors que les besoins explosent. Selon l’UNESCO, 26 pays africains déclarent ne pas avoir les compétences nécessaires pour réguler et exploiter pleinement l’IA. Des initiatives émergent toutefois, comme l’African Institute for Mathematical Sciences (AIMS) ou les programmes de formation en IA lancés par Google et Microsoft en Afrique. 

L’essor de l’IA pose aussi des questions éthiques et réglementaires. À ce jour, seulement 7 pays africains disposent d’un cadre légal sur l’intelligence artificielle. L’absence de législation claire peut freiner les investissements, notamment dans des secteurs sensibles comme la santé et la finance. Des initiatives commencent à voir le jour, comme la Stratégie nationale d’IA du Rwanda, qui pourrait servir de modèle pour d’autres nations africaines.

Pour en savoir plus...

Suivez-nous sur nos chaînes   chaîne Telegram Invest-Timechaîne WhatsApp Invest-Time

Partagez cet article
Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *