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Blaise Alain Batongue : « La zone CEMAC est l’une des moins performantes au monde en matière d’intégration »

Lors d’un entretien accordé à Invest-Time en marge de la Finance Week tenue à Yaoundé le 17 juin dernier, Blaise Alain Batongue, Directeur des affaires institutionnelles et réglementaires d’Orange Cameroun, est revenu sur les effets de la nouvelle réglementation des changes dans la zone CEMAC. Il évoque la séparation fonctionnelle entre Orange Cameroun et Orange Money, le cadre de dialogue avec les régulateurs, mais aussi les freins structurels à l’innovation dans la sous-région.

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Blaise Alain Batongue

Quel est l’impact de la nouvelle réglementation des changes sur les opérations d’Orange Cameroun, notamment en ce qui concerne les paiements transfrontaliers et les services financiers ?

L’impact est réel, même s’il reste indirect. Orange Cameroun est amené à interagir avec de nombreux partenaires internationaux, notamment pour l’acquisition d’équipements ou de services, ce qui nécessite des transactions en devises. La réglementation de change intervient donc à ce niveau. Le fait qu’Orange Cameroun soit une filiale d’un grand groupe international nous permet, heureusement, de disposer de relais et d’options supplémentaires lorsque certaines rigidités apparaissent.

Par ailleurs, il est important de souligner que la nouvelle réglementation impose désormais une séparation claire entre les activités télécoms et les services financiers. Ainsi, Orange Cameroun et Orange Money Cameroun opèrent aujourd’hui de façon distincte, avec des fonctions bien délimitées. C’est une évolution structurelle majeure que nous avons pleinement intégrée dans notre stratégie.

Comment s’organisent vos relations avec les autorités de régulation dans ce nouveau contexte ? Existe-t-il un espace de dialogue structuré pour défendre les intérêts du secteur privé numérique ?

Chez Orange Cameroun, nous travaillons étroitement avec l’Agence de régulation des télécommunications (ART) et le ministère des Postes et Télécommunications. Pour Orange Money Cameroun, les interlocuteurs sont principalement la BEAC, la COBAC, le ministère des Finances, ainsi que d’autres structures financières.

Il arrive souvent que les deux entités collaborent sur des thématiques transversales. Nous tenons à rappeler que notre position n’est pas de contester la réglementation, mais de construire une relation saine avec les autorités, en participant aux rencontres structurelles et en faisant remonter les préoccupations du terrain.

Même si le cadre formel de concertation reste à renforcer, il existe une collaboration informelle avec d’autres acteurs du secteur comme MTN ou Camtel. Nous traitons ensemble des sujets d’intérêt commun, notamment sur les questions de télécommunications et d’inclusion financière, que nous portons collectivement auprès des autorités.

Selon vous, la zone CEMAC offre-t-elle aujourd’hui un environnement propice à l’innovation, en particulier dans les domaines du numérique et de la fintech ?

Je vais peut-être décevoir. De manière générale, je ne trahis pas un secret : la zone CEMAC, en termes d’intégration et d’attractivité, est l’une des moins performantes au monde. De ce point de vue, il y a encore beaucoup à faire. Mais, comme on dit, là où il y a de la volonté, on trouve les moyens. Ce qui est important, c’est que le dialogue n’a pas été coupé et on a bien noté qu’entre les différents pays de la zone CEMAC, on est en train de trouver des solutions pour mutualiser les expériences.

Par exemple, le concept du roaming gratuit, déjà en place en Afrique de l’Ouest, commence à être discuté en Afrique centrale. Ce système utilisé chez nos voisins permet à un abonné Orange Côte d’Ivoire de continuer à utiliser son téléphone à Dakar sans surcoût. Ce modèle est en cours de réflexion pour être adapté dans notre sous-région, afin de faciliter la vie de nos clients sans impact financier lors de leurs déplacements.

On ne l’a pas beaucoup dit, je tiens à souligner que l’inclusion financière a connu une avancée spectaculaire grâce à Orange Money et aux autres services similaires. Le taux de bancarisation, qui tournait autour de moins 12 %, dépasse aujourd’hui les 33 %. Cela signifie que même dans les zones rurales, les populations ont désormais accès à des services financiers simples et sûrs. Une mère de famille au village peut recevoir de l’argent instantanément, sans passer par les canaux traditionnels. C’est une véritable transformation sociale et l’une de nos plus grandes fiertés.

 

 

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