DANS CE DOSSIER CEMAC
- Faustin-Archange Touadera, le nouveau président de la Cemac, par rotation des postes
- Franc CFA, la révision progressive de la coopération avec la France
- Poids économique, la zone Cemac peine à transformer ses matières premières
- Opportunités d’investissement, l’Afrique centrale en chantier
- La difficile marche de la Cemac vers l’intégration
- Éric Romuald Lipop : « Il serait important de mettre en place un certain nombre de critères de convergence dans la Cemac »
Certains observateurs n’ont pas tardé à le qualifier de « Sommet pour rien ». Tant les attentes sur certains grands sujets sont restées vaines. Parmi ces « grands sujets », il y avait l’avenir du Franc CFA. Sur cette question, certains observateurs étaient allés plus vite que la musique. Convaincus que le sommet de Yaoundé allait être décisif sur la question du Franc CFA.
Avant le sommet de Yaoundé, ils avaient par exemple annoncé que les chefs d’État allaient choisir entre la continuité du rattachement à l’euro ou à un panier de devises (euro, dollars, yuan), tout comme la clôture du compte d’opérations dans les comptes de la Banque de France, avec pour conséquence, le rapatriement des réserves de change à Yaoundé et le retrait progressif des représentants français au sein des organes décisionnels et de contrôle de la Béac. Aussi, spéculait-on, le président de la Commission de la Cemac et le gouverneur de la Béac devaient décider de changer le nom du Franc CFA en MAC (Monnaie d’Afrique Centrale), Fura ou Toumai (espoir de vie en langue gorane).
Mais, il n’en a rien été. Les chefs d’État de la Cemac ont plutôt fait le choix d’une révision progressive du cadre de coopération monétaire avec la France. Mais sur le fond du dossier, ils ont demandé de poursuivre au niveau ministériel la réflexion entamée par les organes de la Cemac. En effet, après avoir suivi la restitution de la « réflexion approfondie » confiée au gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Béac), Abbas Mahamat Tolli, et au président de la Commission de la Cemac, Daniel Ona Ondo, en novembre 2019, les chefs d’État ont prescrit « d’élargir la réflexion aux ministres en charge des Finances et de l’Economie » et de leur « remettre les conclusions conjointes à brève échéance, en planifiant, suivant un échéancier précis, les mesures à prendre à court, moyen et long termes », a-t-on appris du communiqué final sanctionnant ce sommet.
Mais, les avis restent constants que les réformes qui pourraient se mettre en œuvre, à court ou moyen termes, sont celles similaires aux mesures prises au sein de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Uemoa), qui utilisent également le Franc CFA (F CFA). Il s’agit du changement de dénomination de la monnaie, de la clôture du compte d’opérations dans les livres de la Banque de France, afin de permettre à la Cemac de disposer de la totalité de ses réserves de change contre 50% actuellement et du retrait des représentants français au sein des organes de décision et de contrôle de la Béac.
Jugées plus délicates, les mesures comme le rattachement du Franc CFA à un panier de monnaies, si elles sont retenues à la fin de la réflexion, devraient se mettre en œuvre à long terme. C’est donc l’un des grands chantiers qui attendent le nouveau président en exercice de la Cemac, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadera.