Selon « mordorintelligence », une organisation associée à plus de 4000 entreprises dans plus de 20 secteurs dont le but est de fournir des données précises et des informations exploitables dans plus de 6000 projets, le marché des fruits et des légumes devrait enregistrer un taux de croissance annuelle composé (Tcac) de 6,24% au cours de la période de prévision 2020-2025. A en croire une récente étude de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Cedeao, le marché des jus en Afrique est en pleine croissance en particulier au sud du Sahara avec un taux annuel de 7%.
Dans plusieurs pays du continent, les jus à base de fruits et légumes du terroir ont le vent en poupe. Supplantant parfois les traditionnelles boissons gazeuses. Ce, dans un environnement où les Africains sont de plus en plus conscients des bienfaits de la consommation des jus de fruits et de légumes. Excellents rafraichissants, ils sont source d’énergie, combattent l’anémie, la constipation, détoxifient l’organisme, etc.
A titre d’exemple, souligne Boureima Naba, dans un mémoire intitulé : Quelles stratégies d’implantation à l’export des entreprises agro-alimentaires africaines. Cas de Dafani santé :
La consommation annuelle de jus de fruits au Nigéria a augmenté d’approximativement 10% de 2002 à 2010. En effet, le nombre de consommateurs de jus de fruits et légumes dans ce plus gros marché ouest africain a cru de 15 millions en 2002 (avec une consommation de 200 millions de litres) à 55 millions en 2007 (320 millions de litres). Dans ce pays, le marché des concentrés de jus de fruits, des jus et cocktail de fruits a grimpé de 1,5 millions de kilogrammes en 2002 jusqu’à 30 millions de kilogrammes (évalués à plus de 85 millions de dollars) en 2007.
Le bio dessine donc progressivement de nouvelles tendances de consommation en Afrique, notamment en milieu urbain entrainant la naissance sur le continent de petites et moyennes unités de transformation des fruits locaux en boissons naturelles. Lesquelles boissons conditionnées dans des bouteilles, des cartons et des plastiques pasteurisés se retrouvent dans les grandes surfaces, les marchés et autres espaces dédiés : jus de goyave, de tamarin, de gingembre, de corossol, d’ananas, de la passion, d’oseille, de banane ou de citron. On les appelle Ivorio en Côte d’Ivoire, Delicio au Burkina Faso, Bravo au Bénin, Tropico en Tunisie, Valencia au Maroc. Il y a également le jus de calice d’hibiscus, dénommé Bissap au Sénégal, Karkadé en Egypte, Dah, etc.
Toutefois, ces différentes productions locales ne comblent pas un marché africain de plus en plus demandeur. Les jus de fruits africains peinent encore à dépasser le cadre de leurs marchés locaux. Car mis à part l’Afrique du Sud, passer à une production industrielle reste une gageure. Conditionnement, packaging, formations… Autant d’investissements lourds que peu de PME-PMI africaines prennent le risque de faire.
D’où la tendance aux importations. Au Cameroun par exemple, à en croire les services du ministère des Finances, au premier trimestre 2020, le pays a dépensé 400 millions de F CFA pour une quantité de 386 tonnes de jus de fruits. Au Sénégal, « Tride.com » indique qu’en 2021, la valeur des importations des jus de fruit était de 2,25 millions de dollars. Et le volume des importations était de 2,45 millions de tonnes métriques. Globalement, d’après la Cedeao, l’Afrique importe pour près de 400 millions de dollars de jus de fruits transformés et de fruits en conserve.
Pourtant, bénéficiant de nombreux avantages (terres arables, climat et pluviométrie), de nombreux pays africains producteurs de fruits, comme le souligne le site en ligne lafriquedesidées.com,
produisent en s’appuyant sur les économies d’échelle et exportent une part importante de leurs productions. Ils n’ont pas jusqu’à date été en mesure d’exploiter les possibilités de transformation de ces fruits. Alors que le véritable challenge se trouve dans la transformation. Non pas à petite échelle comme c’est le cas dans presque tous les pays du continent.
L’exemple qui vient d’Egypte
Dans ce domaine, en dehors de l’Afrique du Sud qui sort du lot, L’Egypte peut servir d’exemple. Dans ce pays, les pouvoirs publics, indique un rapport de la FAO, daté de 2022, déploient des efforts considérables pour soutenir les exportations en ouvrant de nouveaux marchés, en équipant les laboratoires des derniers équipements et en développant le système de quarantaine agricole pour répondre aux normes internationales de qualité.
D’après ledit rapport, la production de fruits et légumes en Égypte représentait 30,0 millions de tonnes métriques en 2019. Dans les fruits, les oranges ont enregistré la production la plus élevée de 3 millions de tonnes métriques. De même, parmi les légumes, la tomate a enregistré la production la plus élevée de 6,7 millions de tonnes métriques, suivie des oignons de 3 millions de tonnes métriques, en 2019. Une production régulière et des exportations croissantes de fruits et légumes stimulent la croissance du marché.
Pour développer leur marché, les entreprises productrices de jus de fruit doivent améliorer leurs procédés de transformation et la qualité des produits finis en adoptant des bonnes pratiques de production et d’hygiène, pour que les consommateurs soient rassurés sur l’innocuité des produits. Les Etats doivent favoriser les investisseurs locaux ou encore faire appel aux étrangers. Dans ce domaine, ce qui a été fait par l’Egypte peut toujours servir d’exemple. Le pays, indique mordorintelligence, a incité les multinationales, Almarai et Pepsi-co à investir localement pas moins 345 millions de dollars américains entre 2014 et 2019 uniquement sur le segment jus de fruits.