Selon une étude récente de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine entraînera une augmentation de 28 % de la demande de fret intra-africain d’ici 2030.
La reprise économique devrait conduire à la livraison de 1 230 nouveaux avions à fuselage large et monocouloir et de 230 avions à turbopropulseurs d’ici 2040. Cette croissance projetée nécessitera 250 avions supplémentaires, qui devront être financés.
Or, l’environnement opérationnel des compagnies aériennes africaines est caractérisé par un accès limité au crédit, seules quelques compagnies aériennes africaines sont rentables. En conséquence, ainsi que l’observe un communiqué de presse de la BAD publié sur son site Internet le 30 juin dernier, le transport aérien reste inabordable pour l’Africain moyen.
Les coûts d’exploitation élevés, associés au faible trafic de passagers, entraînent des hausses de tarifs, les transporteurs tentant d’accroître leur rentabilité. Ces dernières années, on a pu observer que les tarifs des vols intra-africains étaient 2 à 3 fois plus élevés que dans d’autres régions du monde.
On comprend pourquoi les avionneurs Airbus et Avions de transport régional (ATR), entreprise franco-italienne spécialisée dans l’aéronautique ont été parties prenantes à des ateliers organisés par la Banque africaine de développement (BAD) afin d’explorer les moyens de renforcer l’accès aux financements pour les compagnies aériennes africaines.
En effet, la BAD s’emploie à développer et à adapter les instruments de financement aux besoins du continent en matière d’aviation et compte beaucoup sur les sessions des ateliers tenus les 14 et 15 juin 2023, pour soutenir les efforts déployés et mis en œuvre. Ces échanges ont porté sur les instruments de financement de la Banque, notamment les produits de garantie, l’approche en matière d’évaluation du risque de crédit et sur les perspectives du marché africain de l’aviation, souligne le communiqué de la BAD.
Dans le monde, les contrats de location-exploitation représentent plus de 45 % des flottes opérationnelles, suffisant pour que la BAD étudie la faisabilité de la mise en place d’une plateforme de crédit-bail aéronautique au bénéfice des compagnies aériennes africaines.
Pendant les ateliers, les représentants de la Banque et des avionneurs Airbus et Avions de transport régional ont également discuté des sources de financement, notamment les organismes de crédit à l’exportation, les banques multilatérales de développement, le financement assuré en cas de non-paiement et le soutien souverain.
L’un des principaux enseignements des ateliers est que la Banque doit évaluer plus avant les interventions potentielles sur les marchés de l’aviation en attendant l’achèvement de l’étude de faisabilité pour une plateforme de crédit-bail d’ici la fin de l’année 2023.
Si le transport aérien sur le continent a été durement touché par la pandémie de Covid-19, le ciel est malgré tout progressivement en train de se dégager et davantage propice à l’investissement, des observateurs avertis s’accordent à le dire, les économies devraient rebondir et renouer avec la croissance après la pandémie. Avant la pandémie, l’aviation africaine représentait environ 3 % du marché mondial, bien que le continent compte 17 % de la population mondiale.
Malgré les efforts déployés par les gouvernements, les institutions publiques et les acteurs privés, une grande partie du trafic aérien transite par quelques aéroports, en particulier ceux du Caire, de Johannesburg, de Casablanca et d’Addis-Abeba.
De nombreuses autres routes ne sont donc pas ou peu desservies,
note le communiqué de presse de la BAD. Autant d’opportunités à saisir pour améliorer la flotte et aussi l’offre de transport aérien sur le continent.