Parallèlement au sommet de Paris pour un nouveau pacte financier qui a regroupé une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement – dont 25 africains – à l’effet de consolider et approfondir les discussions autour des grands défis de la planète en matière de préservation du climat, décideurs politiques, investisseurs, cadres des secteurs public et privé, chercheurs et innovateurs issus de divers horizons se sont réunis du 21 au 23 juin dernier à Nairobi, à l’occasion de la 25e édition du Forum africain de l’énergie, pour réfléchir sur les voies et moyens d’adopter davantage de sources d’énergie propres afin de sécuriser un avenir résilient au climat pour le continent.
Après Bruxelles (Belgique) en 2022, le choix de la capitale du Kenya pour accueillir ce rendez-vous multilatéral africain est loin d’avoir été le fait du hasard. C’est que ce pays d’Afrique de l’Est qui compte environ 43 millions d’habitants, bien que n’étant pas encore champion en matière d’utilisation des énergies propres sur le continent (des pays comme l’Éthiopie, la Zambie ou encore la Tanzanie sont pour l’heure plus avancés en la matière), poursuit la mise en œuvre d’une stratégie axée sur le double objectif ambitieux de produire 100% de son électricité de sources renouvelables et d’atteindre l’accès universel à l’énergie à tous ses citoyens à l’horizon 2030, conformément à l’objectif de développement durable 7 de l’Organisation des nations unies (Onu).
Jusque-là, les énergies non fossiles constituent en effet 73% des capacités installées du Kenya, évaluées à 2819 MW. 90% de l’électricité fournie aux ménages provient également de ces sources.
Dans le détail, le pays produit environ 830 MW issus de l’hydroélectricité, 828 MW issus de l’énergie géothermique – c’est le 6e pays au monde dans le classement des plus grands producteurs d’énergie à partir de la géothermie -, et 331 MW provenant de sources éoliennes et de biomasse.
La part de l’énergie thermique dans le mix énergétique du pays représente moins de 750 MW désormais. Le pays s’est engagé à produire plus d’énergie géothermique. Il est d’ailleurs encouragé dans cette voie par l’Allemagne qui, privée du gaz russe, entre autres conséquences du conflit géopolitique en Ukraine, cherche de nouveaux partenaires précisément dans le domaine des énergies renouvelables.
Plus concrètement, en raison de ses politiques jugées suffisamment vertueuses pour l’environnement, l’Allemagne se positionne comme un potentiel futur importateur d’hydrogène vert du Kenya.
Le président kényan, William Ruto, et son homologue allemand Olaf Scholz ont évoqué cette éventualité à Nairobi, lors de la tournée de ce dernier en Afrique, début mai dernier.
La Kenya Electricity Generating Company (KenGen), l’entreprise de patrimoine qui produit actuellement 63% de l’électricité consommée dans ce pays avec 1904 MW de capacité à elle seule, met en œuvre un plan visant à produire 3 GW d’électricité supplémentaire de sources hydraulique et géothermique, sur les 10 prochaines années.
Mise en place de synergies
Le vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Thomas Östros, qui était en visite dans le pays en février 2023, a engagé son institution à soutenir les investissements géothermiques visionnaires de KenGen, comme elle l’avait déjà fait lors de la phase II du projet d’extension de la centrale géothermique d’Olkaria, située à 122 kilomètre au nord-ouest de Nairobi.
A noter que grâce à l’extension de cet ouvrage, la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) va débloquer 1,1 million de dollars US au profit de KenGen, en compensation aux évitements d’émission de CO2 dus à cette extension. Ces émissions vont en effet être réduites de 78 640 tonnes métriques de CO2. Le président du Kenya, William Ruto, qui a ouvert la 25e édition du Forum africain de l’énergie, a soutenu, pour ce qui est du continent, que
sécuriser un avenir plus écologique, plus prospère et plus résilient pour l’Afrique nécessite l’exploitation optimale des vastes sources d’énergies renouvelables du continent telles que l’énergie hydroélectrique, géothermique, solaire et éolienne.
Dans cette logique, il suggère la mise en place de synergies, car, estime-t-il,
en investissant dans des projets énergétiques transfrontaliers, les pays africains combleront le fossé d’accès qui a étouffé l’industrialisation, l’allègement de la pauvreté et la cohésion sociale.