Selon le résultat de l’emprunt obligataire 2023 de l’État du Cameroun, dont les souscriptions ont été clôturées le 30 juin 2023, le Trésor public a finalement récolté 176,7 milliards de FCFA des investisseurs, sur les 150 milliards de F CFA recherchés à travers cet appel public à l’épargne.
Une moisson, dont le Cameroun a été autorisé à encaisser. Dans un communiqué signé, le 4 juillet 2023, Louis Paul Motaze, ministre des Finances précise qu’
Afin de donner satisfaction à tous les investisseurs qui font confiance à sa signature, l’État du Cameroun a sollicité et obtenu l’autorisation de la Cosumaf, pour l’allocation de l’intégralité des souscriptions ».
Il faut dire que cela était fort prévisible. Car, à l’ouverture des souscriptions, le 13 juin 2023, le consortium d’arrangeurs recruté par l’État du Cameroun pour cette opération : Financia Capital, Afriland Bourse & Investissement, Attijari Securities Central Africa, Société Générale Capital Securities Central Africa et Upline Securities Central Africa, avait déjà garanti à l’emprunteur une prise ferme d’un montant de 104 milliards de FCFA, 70% de l’enveloppe recherchée. Il ne restait plus qu’au Trésor public d’aller chercher 46 milliards de FCFA sur le marché, enveloppe qui a finalement été largement dépassée.
Mais, ce succès n’élude pas le fait que le 7e emprunt obligataire du Cameroun sur le marché financier sous régional, a été effectué dans des conditions du marché devenues très difficiles depuis plusieurs mois. En effet, pour limiter l’inflation galopante dans la zone Cemac, depuis la fin du Covid-19 et le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en février 2022, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a adopté une politique monétaire restrictive.
Concrètement, à travers des ponctions de liquidité dans le système bancaire et les augmentations successives des taux directeurs, la BEAC tente d’assécher les banques pour restreindre l’accès aux financements auprès des banques, qui ne prêtent désormais qu’aux agents économiques acceptant de payer des taux d’intérêt élevés.
Dans le cadre de cet emprunt obligataire 2023, le Cameroun a décidé d’expérimenter, pour la première fois en Afrique centrale, un emprunt à taux multiples, tout en relevant légèrement ses taux d’intérêt habituels pour aguicher les investisseurs.
Ce type d’opération a la particularité de donner aux investisseurs la possibilité de souscrire pour des maturités longues à des taux d’intérêt plus élevés, ou pour des maturités plus courtes à des taux d’intérêt plus bas.
Cette flexibilité offerte aux souscripteurs a certainement contribué au succès que vient d’enregistrer le Cameroun sur le marché financier unifié de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Cemac).