L’accès à l’électricité, problématique majeure sur le continent africain, connaît une progression à plusieurs vitesses au plan global.
Au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le problème se pose avec plus d’acuité avec des pays à la limite non alignés, qui n’ont aucune chance d’atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) n° 7 relatif à l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030, si l’on s’en tient aux données contenues dans l’édition 2023 de « The Energy Progress Report », le rapport de suivi consacré aux avancées de cet objectif n° 7.
Gabon
Le Gabon qui fait office de bon élève en la matière parmi les 6 pays que compte cet espace économique, avec près de 92% de taux d’électrification en 2022, n’est malheureusement pas plus avancé en termes d’accès des populations rurales à l’électricité. Le taux à ce niveau ne dépasse guère les 27,76 % à la période sous-revue.
Le pays est néanmoins sur une bonne lancée, lui qui a récemment élaboré un cadre juridique favorable aux investissements dans le secteur des énergies, notamment des énergies renouvelables pour lesquelles une batterie de mesures incitatives a été prise.
En la matière, le Gabon peut se targuer aujourd’hui d’avoir une longueur d’avance sur ses cinq voisins de la Cemac, et même plus largement à l’échelle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) qui est composé de 11 pays. Du reste, ce pays est classé 5e sur le continent africain en matière de taux d’accès à l’électricité, après l’Egypte, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.
Cameroun
Le Cameroun, lui, enregistre un taux d’électrification rurale de 26,7% en 2022, même s’il a une plus grande capacité installée autour de 1550 MW. Ce taux a un peu évolué depuis un an, grâce à un certain nombre de projets menés non seulement par les collectivités territoriales décentralisées, mais aussi par l’Agence d’électrification rurale (AER), dans le cadre du Projet d’électrification rurale et d’accès à l’énergie dans les zones sous-desservies au Cameroun (Perace), financé par la Banque mondiale.
25 000 nouveaux ménages ont été connectés au réseau électrique grâce à ce programme, seulement au cours du premier trimestre 2023.
Guinée équatoriale
La Guinée équatoriale arrive au troisième rang des pays les mieux électrifiés de la Cemac, avec un taux global de près de 67%. Les données sur le taux d’électrification rurale dans cet Etat ne sont pas disponibles, sans doute en raison de l’urbanisation sauvage menée par les autorités dans ce pays qui mesure à peine 28 051 km2 de superficie.
Congo
Le Congo qui se classe en quatrième position enregistre un taux d’électrification estimé à 47 % en zone urbaine, pour seulement 5 à 6% dans l’arrière-pays. Le pays de Denis Sassou Nguesso, qui a lancé il n’y a pas longtemps les études pour la construction du barrage de Sounda (1000 MW de capacités), à 120 km de Pointe-Noire, est cependant logé à meilleure enseigne.
République centrafricaine
La République Centrafricaine (15 % au plan national) est nettement mieux alimentée que le Tchad. Le taux d’électrification rurale dans ce pays qui vit une situation d’instabilité depuis 2013 tourne autour de 2%.
Tchad
Ce pays sahélien de plus d’un million de km2 est encore un désert en matière énergétique, avec un taux d’électrification rurale de 1%. Contre 11% à l’échelle nationale. Il dispose cependant d’atouts considérables, notamment un excellent ensoleillement et des ressources en combustibles fossiles importantes.
Dans tous ces pays et à des niveaux différents, certes, il y a péril sur l’ODD no 7, et les efforts actuels des gouvernements particulièrement dans l’arrière-pays ne sont pas suffisants pour inverser la tendance au point d’atteindre l’accès à des services énergétiques fiables, durables, modernes et à un coût abordable pour tous les 50 millions d’habitants de la zone Cemac dans 7 ans.
Sauf peut-être au Gabon et au Cameroun, où plusieurs grands projets sont en cours, notamment dans le domaine de l’hydroélectricité. Mais, dans ce deuxième pays qui est la puissance naturelle de la sous-région, la législation consacre encore une trop grande mainmise de l’Etat dans les segments de la production, du transport et de la distribution de l’électricité. Ce cadre juridique inadapté, ne favorise pas le développement des initiatives privées.