Depuis bientôt 10 ans, le Gabon est sorti de la dépendance aux importations des transformateurs électriques, grâce à l’arrivée en 2014 de La Gabonaise d’énergies (L.G.E), une société privée à capitaux 100% gabonais mise en place avec l’accompagnement du français J.S.T Transformateurs.
L’unité industrielle basée à Okolassi, une commune située à une trentaine de kilomètres de la capitale Libreville, produit annuellement 1 000 machines de 50 KVA pour les monophasés jusqu’à 3 000 KVA de puissance pour les triphasés. Et permet au pays d’économiser désormais jusqu’à 6,5 millions de dollars US (4 milliards Fcfa) en devises et réduire ainsi son déficit commercial.
En effet, c’est le montant pour lequel le Gabon importait chaque année des transformateurs destinés au fonctionnement de son réseau électrique. A travers ces transformateurs « made in Gabon » L.G.E est devenue non seulement le principal fournisseur des entreprises pétrolières installées à Port-Gentil, la capitale économique, mais aussi celui la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), en charge de la production et de la distribution de l’électricité et de l’eau dans le pays. Cette entreprise a été renationalisée en 2022 dans le cadre de la politique du gouvernement visant à reprendre la souveraineté des secteurs de l’eau et de l’électricité.
Au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le Gabon est aujourd’hui le seul pays à disposer de cette technologie, après l’échec de l’entreprise Cameroun-Transformateur S.A à s’implanter chez son voisin camerounais.
Son promoteur, Michel Nguessong, qui a été une véritable coqueluche du gouvernement camerounais dans la première moitié de la décennie 2010, avait annoncé pour fin 2013 l’entrée en service de cette unité de fabrication des transformateurs électriques et de galvanisation des métaux. Coût de l’investissement : 11, 3 millions de dollars US (7 milliards Fcfa), pour une capacité de 3000 unités à terme, chaque année.
Mais, 10 ans plus tard, le projet qui devait s’implanter dans la deuxième ville industrielle du Cameroun, Edea, dans la région du Littoral, est tombé aux oubliettes. L’arrivée de cet opérateur devait réduire considérablement le coût de ces machines dans le pays, de 2 à 3 millions Fcfa pour les transformateurs monophasés importés à 1,7 à 2 millions Fcfa pour des machines de même capacité fabriquées sur place.
Tout comme ses autres voisins que sont la Guinée Équatoriale, le Congo, la République centrafricaine et le Tchad, le Cameroun qui est la « puissance naturelle » de la zone Cemac avec l’économie la mieux diversifiée, continue donc d’importer ce matériel et même les services.
La Gabonaise d’énergies qui dispose d’un immense potentiel peut-elle aller à la conquête des parts de marché dans la sous-région ? C’est en effet l’ambition de départ de son promoteur, Parfait Duffy Bibang. Depuis l’année dernière, il a délocalisé un pan de son entreprise spécialisé dans la fabrication des poteaux électriques dans la localité d’Oyem (nord du Gabon), c’est-à-dire, près de la zone des trois frontières Cameroun-Guinée Équatoriale-Gabon.
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui se met en place progressivement constitue une aubaine pour ce fleuron de l’industrie électrique, qui attend beaucoup de l’Etat du Gabon pour mieux se structurer afin d’être à la hauteur des enjeux économiques de la Zlecaf.