Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, Xi Jinping, le président chinois, Luiz Inacio Lula da Silva, le président brésilien et Narendra Modi, le Premier ministre indien sont les Guest Stars du 15e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des BRICS (principales économies émergentes du monde – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui s’ouvre à Johannesburg ce mardi 22 août pour prendre fin le jeudi 24 août 2023.
Le président russe Vladimir Poutine sera représenté par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en raison d’un mandat d’arrêt délivré contre lui par la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre présumés en Ukraine. Il participera virtuellement au sommet. Hormis les dirigeants des cinq membres des Brics, au total, 69 pays ont été invités au sommet, dont tous les États africains. Des invités d’Amérique latine, d’Asie et des Caraïbes aussi.
Les discussions devraient porter sur le projet de créer une monnaie pour contrer l’hégémonie du dollar. Le groupe devrait également discuter de la manière de stimuler la collecte de fonds et les prêts en monnaie locale au sein de la New Development Bank (NDB), la banque des Brics créée en 2015.
L’agence d’informations Reuters annonce aussi un probable élargissement du bloc lors du sommet. Selon le site Internet latribune.fr, les discussions vont porter sur « les Brics et l’Afrique », n’excluant pas un élargissement du groupe à certains pays de ce continent. « Le thème reflète notre conviction quant aux bénéfices qu’un partenariat de l’Afrique avec les Brics peut apporter à long terme », a déclaré lors d’un point presse Naledi Pandor, la ministre des Relations internationales et de la Coopération d’Afrique du Sud.
Étendre l’influence
Dans un « monde de plus en plus complexe et fracturé car de plus en plus polarisé en camps concurrents », a renchérit Cyril Ramaphosa lors d’un message à la nation retransmis en direct à la télévision sud-africaine en prélude à l’ouverture du sommet, les Brics réfléchissent à accueillir de nouveaux membres pour étendre leur influence. « L’Afrique du Sud soutient l’élargissement de la composition des Brics » à des pays « qui partagent le désir commun d’avoir un ordre mondial plus équilibré », a-t-il souligné.
Plus de 40 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre le groupe, selon des responsables d’Afrique du Sud, cités par Reuters. Parmi eux, 23 ont formellement demandé à être admis. Les candidats potentiels – l’Algérie, le Nigeria, l’Ethiopie, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Argentine, l’Indonésie, l’Iran, le Bangladesh ou l’Arabie saoudite – ont en commun un mécontentement à l’égard de l’ordre mondial considéré comme en défaveur des pays en développement.
Tous formulent le vœu d’atteindre un équilibre économique et politique mondial multipolaire, notamment au regard des Etats-Unis et de l’Union européenne. Les Brics se considèrent comme un contrepoids à la domination économique occidentale.
42% de la population mondiale
La liste des griefs contre l’ordre mondial est longue : les pratiques commerciales abusives, les sanctions aux conséquences incalculables infligées à des régimes, la non prise en compte des besoins de développement des nations les plus pauvres, la mainmise de l’Occident riche sur les organisations internationales, telles que les Nations Unies, le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale.
“La nécessité objective d’un groupement comme les Brics n’a jamais été aussi grande”, a déclaré Rob Davies, l’ancien ministre sud-africain du Commerce. “Les organismes multilatéraux ne sont pas des endroits où nous pouvons obtenir un résultat équitable et inclusif.”
Les BRICS dans leur configuration actuelle abritent quelque 42% de la population mondiale et un quart (23%) du Produit intérieur mondial, désormais supérieur à celui des pays du G7 (l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, ainsi que l’Union européenne). L’ambition du bloc est de devenir un acteur politique et économique mondial.
Selon une publication en ligne du journal français Le Monde, les cinq pays émergents se réunissent à Johannesburg dans un contexte de non-alignement et de tensions internationales. L’Afrique est un nouvel enjeu diplomatique pour l’Occident, la Russie et la Chine qui se disputent l’influence dans un contexte de divisions attisées par le conflit en Ukraine.
Nous ne nous laisserons pas entraîner dans une compétition entre puissances mondiales,
a déclaré le chef d’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa. « Notre pays s’est engagé dans une politique de non-alignement ». « Nous avons résisté aux pressions visant à nous aligner sur l’une ou l’autre des puissances mondiales ou sur des blocs influents de nations », a-t-il ajouté. Cyril Ramaphosa fait allusion au fait que son pays refuse de condamner Moscou depuis l’invasion russe en Ukraine, affirmant favoriser la voie du dialogue.