Les autorités maliennes ont annulé, il y a quelques jours, l’autorisation d’Air France d’effectuer des liaisons entre Bamako et Paris et vice-versa, « pour manquement notoire aux termes de son autorisation d’exploitation ». Une mesure de rétorsion après que la compagnie aérienne française qui est l’acteur principal du trafic aérien entre l’Afrique et l’Europe de l’Ouest, a décidé de geler ses vols vers et en provenance du Mali et du Burkina-Faso jusqu’au 31 août d’abord, puis jusqu’au 10 septembre, et vers et en provenance du Niger « jusqu’à nouvel avis », à la suite du coup d’Etat militaire intervenu dans ce pays le 26 juillet.
La compagnie française a même annoncé vendredi 15 septembre avoir prolongé d’une semaine, jusqu’au 24 septembre inclus, la suspension de ses vols en partance et à destination du Mali et du Burkina Faso ; les vols à destination du Niger restant arrêtés « jusqu’à nouvel ordre ».
Jusque-là, la compagnie effectuait 7 vols à destination de Bamako par semaine, 5 vers Ouagadougou et 4 vers Niamey. Alors que l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali faisait savoir par courrier daté du 11 août à Air France que cette annulation de son autorisation d’exploitation court jusqu’au mois d’octobre prochain, lors d’une intervention télévisée, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a déclaré pour sa part que l’opérateur français ne reviendra pas sur le ciel malien. Non sans ajouter que « d’autres compagnies dans le monde ont besoin de cette place ».
En effet, Air France gère en exclusivité la desserte Paris-Bamako, sur laquelle elle réaliserait un chiffre d’affaires journalier de 500 millions Fcfa, d’après Abdoulaye Diop. La libération de ce créneau, en attendant qu’elle se confirme, apparaît comme une extraordinaire opportunité de croissance pour les compagnies aériennes africaines compétitives qui desservent l’Europe.
A commencer par Ethiopian Airlines, qui possède la plus grande flotte du continent avec plus de 130 appareils. Les tensions entre la France et trois autres pays du Sahel ayant connu un coup d’Etat au cours des deux dernières années et gouvernés par des régimes militaires, à savoir la Guinée dont l’espace aérien est également fermé à Air France, le Burkina Faso et la Guinée, ouvrent les perspectives d’un marché plus grand pour les compagnies aériennes du continent dans cet espace.
Si Royal Air Maroc qui dessert une centaine de destinations dans le monde et qui est la deuxième compagnie aérienne du continent selon la classement 2022 de de l’organisme de consultation britannique Skytrax, semble moins susceptible de lorgner ce marché South African Airways et Kenya Airways pourraient bien saisir l’opportunité en téléchargement.
D’autant que le 28 septembre 2021, ces deux opérateurs ont signé un protocole de coopération dans l’optique de la création d’un groupe aérien panafricain en 2023 dont l’objectif est de conquérir plus de parts de marché en Afrique de l’Ouest. Officiellement, la joint-venture ne devrait être finalement être lancée qu’en 2024. Elles recherchent un troisième partenaire dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore le Sénégal.