Le Cameroun, depuis 2013, s’est donc lancé à l’assaut des investissements privés, tant nationaux, que privés. Le pays s’est ainsi doté d’un cadre légal incitatif, avec une loi portant promotion de l’investissement privé en République du Cameroun.
Cette loi est mise en œuvre par l’Agence de Promotion des Investissements (API). Et, depuis 2014, date de mise en œuvre effective de cette loi, l’API a signé 328 conventions avec les entreprises privées, pour un montant d’investissement de près de 9,7 milliards de dollars US soit 6.000 milliards de FCFA et 125 000 emplois projetés.
Des cas d’investissements effectivement en œuvre
En octobre 2019 par exemple, le directeur général de l’API, Marthe Angéline Minja, a entrepris une visite à Douala, pour évaluer la mise en œuvre effective des investissements dans certaines entreprises ayant signé des conventions avec l’API. Et, cette visite de terrain a permis de se rendre à l’évidence que le tissu industriel camerounais est promis à un bel avenir.
Que de jour en jour, de nombreuses industries sortent de terre. C’est la résultante de la mise en œuvre des facilités fiscalo-douanières accordées par le gouvernement au travers des conventions d’investissement signées par certaines entreprises avec l’Agence de Promotion des Investissements (API). Parmi les entreprises dont les conventions étaient effectivement mises en œuvre en 2019, il y avait par exemple, la société chinoise Phoenix Aluminium Cameroon (Phalucam), installée à Dibamba, dans la banlieue de l’entrée Est de la ville de Douala.
Cette entreprise qui a signé une convention avec l’API en 2016 dans le cadre de la loi de 2013 sur les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun, avait déjà investi 19,5 millions de dollars US soit 12 milliards de FCFA pour la production de l’aluminium.
Cette entreprise qui en 2019 était encore à la première phase de son installation sur les trois prévues, produisait déjà environ 10 000 profilés d’aluminium sur une production envisagée de 30 000 tonnes. Avec cette production, elle satisfaisait déjà la demande locale, estimée à cette année, à 8 000 tonnes.
L’entreprise qui est pionnière en Afrique centrale dans la production de l’aluminium prospectait même déjà dans d’autres pays de la sous-région. Mais, de l’avis du directeur technique de Phalucam, l’entreprise faisait encore face aux importations frauduleuses d’aluminium. Une difficulté qui, dans son accompagnement, l’API devait porter à l’endroit des autres institutions compétentes, comme l’avait précisé Marthe Angéline Minja
Tout à côté de Phalucam, est installée la société chinoise Gadda Lauquin, une usine de fabrication de chaussures qui était encore en phase d’installation. Cette entreprise qui a signé sa convention d’investissement avec l’API en 2019, comptait produire dans sa première phase 20 000 paires de chaussures, 50 000 au cours de la seconde phase et 100 000 à la 3ème.
A Africa Food Manufacturing (AFM), une autre entreprise ayant une convention avec l’API, les exonérations fiscalo-douanières inhérentes à cette convention signée avec l’API, produisait depuis 2016, environ 7,7 tonnes de produits de marque Broli. Cette agro-industrie, avec un investissement d’environ 14,6 millions de dollars US soit 09 milliards de FCFA, employait déjà 300 jeunes camerounais, selon les précisions de son directeur technique, Cyrille Tchantio.
Dans le secteur de l’hôtellerie, le Kristal Palace, un hôtel 05 étoiles au quartier Akwa faisait déjà fière allure. Cet investissement d’environ 8,15 millions de dollars US soit 05 milliards de FCFA était encore dans la phase des finitions. Cet hôtel est à ce jour, est l’une des destinations privilégiées dans la capitale économique du Cameroun.
A l’entrée Ouest de Douala, précisément à Bekoko dans l’arrondissement de Dibombari, la société Olamcam, était déjà en production en 2016. Cette entreprise agroalimentaire avec un investissement de 4,8 millions de dollars US soit 03 milliards de FCFA produisait déjà 500 tonnes de farine par jour, pour environ 300 emplois créés.
Elle prévoyait même une extension avec un investissement d’environ 3,2 millions de dollars US soit 02 milliards de FCFA. Dans cette entreprise qui importe le blé comme matière première, le DG de l’API avait fait une doléance sur l’incorporation des produits locaux dans la fabrication de la farine, pour limiter les importations qui grèvent les finances publiques.
Et, le DG d’Olamcam avait indiqué que des recherches étaient menées dans ce sens. Les Brasseries Samuel Foyou (Brassaf), une société située au quartier Bonabéri, qui a signé sa convention avec l’API en 2015, pour un investissement de 122,3 millions de dollars US soit 75 milliards de FCFA, n’attendait plus que le début de fonctionnement, toutes les machines étaient déjà été installées.
Mais, toutes les entreprises ayant signé des conventions avec l’API n’ont pas eu un sort aussi heureux. Certaines éprouvent des difficultés à effectivement mettre en œuvre leurs investissements. C’est le cas par exemple, de la société chinoise qui devait installer au Cameroun, une usine de montage des véhicules made in Cameroon. Ces véhicules, jusqu’à ce jour, restent toujours attendus. Par contre, d’autres entreprises sont encore dans la phase de leur installation.
Les bénéfices tirés de la loi de 2013
Cette loi permet à une entreprise de bénéficier pendant 15 ans de l’accompagnement de l’API qui octroie aux investisseurs, tant nationaux qu’étrangers entre autres services des incitations douanières, fiscales, financières et administratives.
Le bénéfice de ces incitations réduit le coût des investissements d’environ 40 %. Ce dispositif, précise-t-on, a le mérite de ne faire aucune discrimination entre investisseurs nationaux et étrangers en matière d’octroi des incitations.
Ainsi, les investisseurs bénéficient de quatre types d’incitations : fiscales ; douanières ; administratives et financières.
S’agissant des incitations fiscales, les investisseurs bénéficient des réductions allant de 25 à 75% selon le cas, de l’impôt sur les sociétés, de l’exonération des taxes relatives aux transactions foncières, ainsi que de l’exonération de la TVA sur les crédits bancaires. Au niveau des incitations douanières, les entreprises bénéficient de l’exonération des taxes et droits de douane et de la TVA à l’importation.
Au niveau des incitations administratives, il convient de préciser qu’un dispositif de simplification et de facilitation des procédures administratives a été institué pour permettre aux investisseurs d’obtenir toutes les autorisations administratives nécessaires à la réalisation de leurs projets.
À titre illustratif, il y a la délivrance des visas, des actes fonciers, des permis de travail et des titres de séjour.
S’agissant des incitations financières, il a été mis en place une règlementation financière incitative à l’investissement privé visant à faciliter les transactions et les opérations financières des investisseurs. Toutes ces incitations permettent aux investisseurs de réaliser d’importantes économies d’impôts qui vont au-delà de 25% des charges qu’ils auraient dû payer dans le cadre du droit commun.
Aussi, le Cameroun, vante-t-on, dispose de nombreux atouts pour attirer des investissements productifs, l’on cite entre autres : sa position géostratégique lui permettant d’avoir accès à un marché de plus de 300 millions de consommateurs potentiels dans les sous-régions Afrique centrale et Afrique de l’Ouest ; ses ressources naturelles abondantes et diversifiées, notamment un sous-sol minier quasi inexploité, qualifié par certains comme un scandale géologique ; ses réseaux routier, ferroviaire, aérien et maritime au service du transport des marchandises ; la disponibilité d’une main d’œuvre jeune, dynamique et qualifiée ; un cadre règlementaire et institutionnel favorable au développement des affaires.