Du 23 au 26 novembre 2023, se tiennent au parc des expositions d’Istanbul en Turquie, la prochaine édition de la Halal Expo et du 9e Sommet mondial Halal. Deux grands rendez-vous économiques où l’industrie halal sera mise en vitrine.
En effet, halal est un mot arabe qui signifie permis. Le marché du Moyen-Orient et de l’Afrique pour les aliments et les boissons halal, faut-il le rappeler, est segmenté par type de produit qui comprend les aliments halal, les boissons halal et les suppléments halal.
La section des aliments halal est divisée en viande, viande transformée et autres produits. Sur la base du canal de distribution, le marché est segmenté en hypermarchés/supermarchés, magasins spécialisés, dépanneurs, magasins de détail en ligne et autres canaux de distribution.
En Afrique, le marché du business halal est un secteur très porteur avec une manne financière estimée à environ 150 milliards de dollars. Ce marché comprend les produits alimentaires halals (viandes et produits dérivés, produits de la pêche, boissons non alcoolisées) et ceux non alimentaires (tourisme, mode, artisanat, produits cosmétiques et pharmaceutiques, édition, produits ménagers, jouets d’enfants, médias). Dans le business halal, l’agrobusiness et l’économie du tourisme ont été identifiés comme des secteurs très prolifiques.
Le business halal selon certaines spécialistes, est une aubaine pour les pays de l’Afrique qui cherchent à accélérer leur croissance économique en vue de réduire fortement la pauvreté. C’est un enjeu économique considérable. Cependant, aucun pays africain n’a de label à l’exception du Maroc qui depuis 2012 reconnait la certification malaisienne. Le marché du business halal alimentaire mondial est chiffré à 670 milliards de dollars américain.
Tandis que celui non alimentaire est estimé à 2.300 milliards de dollars US. Il porte sur des objets et services dont la production et le management se réclament également des recommandations de l’islam. La demande accrue de produits certifiés halal au cours des dernières années est attribuée à la population croissante de musulmans et à l’augmentation du revenu disponible pour utiliser ces produits et services, et les mêmes facteurs devraient encore augmenter la croissance du marché au cours des prochaines années, précise-t-on.
Enfin, il y a une plus grande sensibilisation parmi les musulmans sur la nécessité de ne consommer que de la nourriture halal. Les produits halal sont de plus en plus reconnus car, ils répondent aux exigences de la charia et aux aspects hygiène, d’assainissement et de sécurité. L’Islam est maintenant la religion qui connaît la croissance la plus rapide au monde.
Ainsi, la croissance de la population musulmane et le développement économique dans les pays à forte population musulmane font des aliments et des boissons halal, un segment rentable dans lequel investir pour répondre à la demande.
L’Afrique compte gagner des parts du marché halal
Selon l’Agence Afrique, le continent cherche à se positionner sur le business des produits Halal. Ainsi, les Africains ne veulent plus être de simples consommateurs de produits Halal importés mais désirent gagner des parts de marché. Réunis à Dakar, les 06 et 07 août 2023, qu’il faut renforcer le cadre réglementaire pour exploiter les opportunités du marché halal en Afrique.
Les participants étaient convaincus que l’expansion de ce marché passera par la suppression de certaines contraintes. L’objectif principal de ce forum, organisé par le Salon international du business musulman et l’Association sénégalaise de normalisation, était de sensibiliser les acteurs sur la nécessiter de renforcer le cadre réglementaire. Dans un contexte de fluctuations des échanges commerciaux, le marché halal est devenu le nouveau paradigme du commerce mondial, a dit la ministre sénégalaise du commerce et des PME, Assome Aminata Diatta.
Malgré une population musulmane importante dans la région d’Afrique subsaharienne, la finance islamique ne représentait que 2,5 % du secteur des services financiers en 2015,
a rappelé Mme Diatta, appelant les acteurs à s’approprier les recommandations de ce salon, pour promouvoir le développement et l’expansion du business halal en Afrique. Pendant deux jours, les acteurs du secteur, à travers des séries de panels, s’étaient penchés sur la réglementation, les défis, les enjeux et les opportunités du marché halal où les produits alimentaires pèsent au moins 150 milliards de dollars sur le continent.
Le professeur, Khadiyatoulah Fall, président du comité de pilotage du Salon international sur le business musulman, a soutenu que l’ère halal est dépassée et que le monde va vers le post-Halal, où le produit halal n’est plus totalement sous la contrainte de la religion.
Il devient un espace d’exploration et d’innovation, ce qui représente sa seconde phase. Et dans ce nouvel élan, les pays musulmans notamment ceux africains commencent à chercher leur place
dans cette filière, avait-t-il estimé.
Un marché aux mille et une opportunités
Le marché du halal concerne un quart de la population mondiale. Dédié à l’origine aux produits agroalimentaires, et spécialement aux produits carnés, ce marché se diversifie et s’étend à d’autres secteurs à fort potentiel à l’export. Dans sa dernière note de veille de mars dernier sur le marché halal, le Conseil national du commerce extérieur (CNCE) du Maroc, un véritable centre national d’intelligence économique et de veille, estime que « les produits halal s’imposent aujourd’hui comme de nouveaux relais de croissance ». Les industriels tous azimuts, musulmans ou non, multiplient les initiatives pour se positionner sur ce créneau. Le Maroc entend creuser les opportunités qu’offrent ce marché et gagnerait à s’y investir davantage.
L’économie mondiale du halal comprend l’ensemble des entreprises dont les activités se conforment aux principes de la charia, selon le Cnce. Ce dernier note qu’aujourd’hui, les produits et services halal sont de plus en plus attrayants pour les consommateurs musulmans et aussi non-musulmans car, ils sont considérés comme des produits d’une qualité supérieure.
Selon le rapport 2014 « State of the Global Islamic Economy », publié par l’agence de presse financière Thomson Reuteurs, l’économie mondiale du halal a été évaluée à environ 3 613 milliards de dollars US en 2013 et ce chiffre devait doubler en 2018. L’économie de ce marché touche plusieurs secteurs : l’alimentation, la finance islamique, l’habillement, le voyage et le tourisme, et les Médias et loisirs.
Agroalimentaire halal
Pour le Cnce, l’industrie mondiale des produits halal, à elle seule, par exemple, est très vaste et prometteuse, mais difficilement accessible vu l’utilisation de normes disparates. Plusieurs pays ont instauré un cadre normatif et réglementaire des produits halal et mandatent des associations ou des organisations gouvernementales pour leur certification.
Pour d’autres tels que la Malaisie, l’Indonésie et la Russie, la concurrence s’intensifie et se diversifie. L’autorité de certification se confond généralement avec l’autorité sanitaire. A l’échelle mondiale, il existe deux organismes certificateurs reconnus pratiquement par tous les pays producteurs de halal : «International halal integrity alliance» (Ihi Alliance) et l’Organisation de la conférence islamique (Oci). En Europe, l’organisme certificateur principalement reconnu du continent est « European association of halal certifiers ».
Par ailleurs, des pays de l’Association des nations du sud-est asiatique (Asean) à savoir : Singapour, Malaisie, Indonésie, Brunei et Thaïlande, ont déjà adopté une réglementation commune. Le Maroc, à travers l’institut marocain de normalisation (Imanor), a mis en place des normes qui régulent non seulement l’abattage et la production de viandes mais également les ingrédients ajoutés dans les produits laitiers, les boissons gazeuses, les céréales ou le miel.
L’Imanor est chargé de gérer le système de labellisation halal conformément à la loi 12-06. Ce label est reconnu par les 57 pays membres de l’Oci, puisqu’il respecte le principe de l’unanimité des courants islamiques. Le certificat halal de l’Imanor est un premier pas vers la conquête des marchés halal en croissance même pour les pays non musulmans.
Cela nécessite un renforcement de l’offre nationale et un accompagnement des entreprises exportatrices marocaines à l’échelle mondiale. Il s’agit de travailler sur la consolidation de l’image de son label halal et de sa commercialisation.
Récemment, l’Imanor a eu sa première reconnaissance par l’autorité malaisienne chargée des affaires islamiques (Jakim). «Cette reconnaissance donne accès au Maroc au marché des pays de l’Asean. Par ailleurs, les Emirats Arabes Unis sont en négociation avec la Malaisie pour la reconnaissance réciproque des deux normes halal ; ce qui ouvre des perspectives supplémentaires pour les exportations marocaines sur le marché émirati», analyse le Cnce.
La course au halal
Selon ce centre marocain d’intelligence économique et de veille, les entreprises brésiliennes et australiennes ont été les premières à adapter leurs offres aux marchés musulmans en installant des chaînes de valeurs intégrées. La Corée du Sud a mis en place son agence spécialisée pour la certification des produits halal en vue de renforcer son accès aux marchés du Moyen-Orient.
Pour sa part, le Japon a également obtenu la reconnaissance de sa certification halal par les autorités malaisiennes lui conférant ainsi une ouverture sur plusieurs marchés musulmans. La Chine n’est pas en reste de cette dynamique. Le pays prévoit de faire de la région du Ningxia Hui une plateforme spécialisée du commerce halal, aussi bien pour le marché local qu’international.
Le gouvernement prévoit donc de mettre en place plusieurs élevages de bétail pour la production des viandes rouges. De plus, l’accord de libre-échange liant la Chine et l’Asean offre un potentiel de développement considérable aux produits chinois sur ces marchés stratégiques.
Le halal alimentaire en pleine expansion
Selon Modor Intelligence, dans Analyse de la taille et de la part du marché des aliments et boissons halal au Moyen-Orient et en Afrique – tendances et prévisions de croissance (2023 – 2028), avec plus de 1,7 milliard de consommateurs musulmans dans le monde, le marché du halal est en plein essor. Il constitue un cinquième du commerce alimentaire mondial et devrait croître annuellement de 14 % entre 2013 et 2030. L’Indonésie est le premier pays consommateur de produits halal.
En 2013, sa consommation s’est élevée à près de 190 milliards de dollars US. Le pays est suivi par la Turquie (168 milliards de dollars US), le Pakistan (108 milliards de dollars US) et l’Iran (97 milliards de dollars US). En 2013, ce segment de marché a représenté près de 1 300 milliards de dollars US de recettes et devait atteindre plus de 2 500 milliards de dollars US en 2019.
Comparé au reste du monde, le marché du halal est le plus grand marché de la planète, devançant celui de la Chine (776 milliards de dollars US), et celui des Etats-Unis (754 milliards de dollars US). A l’horizon 2030, la taille de ce marché devrait être multipliée par neuf et la population musulmane dans le monde devrait dépasser les 2 milliards de personnes, soit une progression de plus de 30 % par rapport à aujourd’hui.
Les produits laitiers et avicoles sont les produits phares du marché du halal. Ce sont des créneaux que le Maroc pourrait investir à l’export surtout que le marché national tend vers la maturité. Par ailleurs, d’autres produits affichent des taux de croissance intéressants et pourraient constituer une opportunité pour les exportateurs nationaux. Il s’agit notamment des conserves de poissons, de préparations de fruits et de légumes, de jus de fruits et de condiments et assaisonnements.
De plus, les opportunités commerciales sur le marché alimentaire du halal ne se limitent pas à la production d’aliments mais s’étendent également sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’agroalimentaire. Elles s’étendent aux intrants agricoles comme les engrais ou les semences, ainsi qu’aux prestations de services (installation, transformation, transport…) pour la mise en place d’une chaîne de valeur halal intégrée.
L’Arabie saoudite détient la plus grande part du marché
Au cours de la période de prévision, l’Arabie saoudite devrait être le pays à la croissance la plus rapide et détient la plus grande part de marché sur le marché des aliments et boissons halal de la région. Le pays est également le plus grand producteur d’aliments et de boissons de la région du Golfe.
Cependant, l’augmentation rapide de la population a dépassé l’offre alimentaire et forcé le pays à dépendre des importations, ce qui alimente la demande de produits alimentaires halal. Le gouvernement saoudien a mis en place de nouvelles politiques pour soutenir la production d’aliments halal plus nombreux.
Ces politiques devraient rendre le pays autosuffisant en matière de production d’aliments et de boissons et offrir de meilleures possibilités aux producteurs nationaux de varier en termes de bétail, tels que la production de volaille, de chameaux, de moutons et de produits laitiers.
Un marché très concurrentiel
Le marché des aliments et boissons halal au Moyen-Orient et en Afrique est fragmenté et très concurrentiel en raison de la présence de plusieurs acteurs régionaux et multinationaux qui se disputent des parts de marché. Les principaux acteurs du marché sont Al Islami Foods, Podravka Gulf FZE, Al Rawdah, JBS SA et BRF SA, entre autres.
En outre, les entreprises se concentrent sur l’optimisation de leurs processus de production et des innovations de produits, en harmonie avec les pratiques éthiques. En outre, les entreprises utilisent la technologie de pointe pour une multitude de raisons, y compris la détection d’ingrédients haram tels que la présure dans la fabrication du fromage.
De plus, avec les progrès technologiques, les entreprises ont maintenant la possibilité d’utiliser la présure fongique comme substitut dans les produits certifiés halal.