Le chef de l’Etat kényan, William Ruto officialise la décision de supprimer le visa d’entrée au Kenya pour les Africains :
Dès le 1er janvier 2024, aucun Africain n’aura besoin d’un visa pour entrer au Kenya. Il est temps que nous réalisions l’importance de commercer entre nous et de permettre aux biens, aux services, aux personnes et aux idées de circuler librement à travers le continent,
a lancé le président kényan.
Il s’adressait à ses homologues au récent sommet des Trois bassins forestiers tropicaux (Congo, Amazonie et Bornéo-Mékong-Asie du Sud-Est). Un sommet qui a réuni, samedi 28 octobre 2023 à Brazzaville au Congo, une dizaine de chefs d’État africains.
Parmi eux : Félix Tshisekedi (RDC), William Ruto (Kenya), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale), Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau), Nana Akufo-Addo (Ghana) ou encore Azali Assoumani (Comores).
Niveaux actuels du commerce intra-africain
Les présidents du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva et de la France, Emmanuel Macron, ainsi que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, ont participé par visioconférence.
Le Kenya n’exigera plus de visa pour les voyageurs de tous les pays africains d’ici le 31 décembre 2023. Dans son adresse à ses pairs, le président kenyan souhaite, par cette mesure, le développement des échanges entre Africains.
Il a ainsi souligné l’importance de remédier aux faibles niveaux actuels du commerce intra-africain et a présenté une proposition visant à réduire les droits de douane sur l’ensemble du continent afin d’accélérer la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine.
Actuellement, le commerce intra-africain est faible et ne représente que 14,4 % du total des exportations africaines, indique la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) dans son rapport 2021 sur le développement économique en Afrique.
Les Seychelles, la Gambie et le Bénin…
Le président William Ruto rejoint le cercle des pays africains pour qui,
il est temps d’agir plutôt que multiplier les conférences pour faire avancer la liberté de circulation sur le continent.
Seuls les Seychelles, la Gambie et le Bénin ouvrent actuellement leurs frontières à tous les ressortissants africains en exemption de visa à l’entrée.
Le 21 octobre déjà, la présidence kenyane a annoncé avoir supprimé l’obligation de visa pour les citoyens angolais. Au début du mois de février, le Kenya et l’Érythrée ont conclu un accord visant à supprimer définitivement l’obligation de visa pour leurs citoyens. En juillet, le Kenya avait étendu ce privilège aux ressortissants des Comores et du Sénégal, leur permettant d’entrer dans le pays sans visa.
Les premiers vestiges humains ont été découverts au Kenya
En août, l’Indonésie a rejoint la liste, devenant le troisième pays en l’espace d’un mois à bénéficier d’un accès sans visa au Kenya.
Lors de l’ouverture du sommet africain sur le climat qui s’est tenu, du 4 au 8 septembre, à Nairobi, le président Ruto affirmait qu’il envisageait de supprimer les visas pour les voyageurs étrangers qui souhaitaient se rendre dans son pays.
Son argument puisait dans le lointain passé du continent :
La science nous renseigne que les premiers vestiges humains sur terre ont été découverts au Kenya. Cela signifie que l’humanité a commencé ici. À partir de ce moment, les ressortissants d’Amérique, d’Europe (…) et de partout dans le monde viennent d’ici. Et il n’est pas juste d’exiger à quiconque un visa quand ils retournent à la maison.
Politique d’ouverture du pays
Pour William Ruto, la « politique d’ouverture du pays » permettra non seulement « d’augmenter le nombre de touristes de 2 à peut-être 20 millions », mais aussi de « dire aux gens, s’il vous plait, venez à la maison ».
En mai 2023, lors de la Conférence de dialogue du secteur privé africain sur le libre-échange, le président Ruto avait déclaré aux délégués africains que ce serait « peut-être la dernière fois » qu’ils paieraient des visas pour visiter son pays.
Nous devons éliminer tous les obstacles à la circulation des personnes sur notre continent,
avait-il déclaré, en rappelant son attachement à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Il faut dire le cabinet du président kényan travaille sur cette ouverture depuis deux ans. Son cabinet avait été instruit, apprend-on, en collaboration avec l’équipe ministérielle compétente, de travailler sur la possibilité d’exemption de visas pour quiconque veut se rendre au Kenya, ainsi que le veut l’une des directives de l’Union africaine qui prône la suppression des visas à l’intérieur du continent.